Covid-19 : un fort impact négatif dans l’égalité femmes-hommes

La crise sanitaire a jeté une lumière crue sur nos sociétés. Dans les périodes difficiles, sous tension, les défauts et les qualités d’un corps social apparaissent de façon encore plus évidente. Nombre d’études ont ainsi révélé, aux yeux de ceux qui ont toujours refusé de voir la réalité, le niveau inquiétant des violences intra familiales, notamment conjugales sur les femmes.

Depuis plus d’un an, la pandémie n’a fait qu’aggraver ce fléau. Les confinements successifs ont mis à vif les nerfs de beaucoup… d’hommes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Tous les pays, des plus pauvres aux plus riches, sont touchés. 

Selon des données enregistrées par les Nations Unies, fin septembre dernier, les confinements instaurés pour juguler l’épidémie de Covid-19 ont fait augmenter les plaintes ou appels aux autorités pour des violences domestiques partout dans le monde. La progression a été de 30 % à Chypre, de 33 % à Singapour, de 25 % en Argentine. Et… de 30% en France !

L’année dernière, quelque 736 millions d’adolescentes et de femmes de 15 ans et plus ont été victimes de coups, le plus souvent par leur partenaire. C’est l’alerte lancée par l’Organisation mondiale de la Santé dans un rapport publié récemment, au lendemain de la Journée mondiale des droits des femmes.

« La violence contre les femmes est un mal endémique dans tous les pays et toutes les cultures, faisant du mal à des millions de femmes et à leur famille », rappelle Tedros Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS.

En France, chaque année, quelque 220 000 femmes subissent des violences conjugales et 93 000 sont victimes de viol ou tentative. Le huis clos du confinement, l’année dernière, a généré un record d’appels au secours passés au 3919, le numéro d’écoute officiel pour les femmes victimes de violences conjugales. Et, selon un sondage réalisé par l’Ifop pour la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF), dévoilé en mars, ces violences ont été déclenchées, pour la première fois pendant cette période, pour un tiers des victimes.

Par ailleurs, 5% des femmes en couple interrogées déclarent avoir subi des violences psychologiques à la même époque : insultes, injures ou dénigrement de la part du conjoint.

A ce fléau, mis en lumière par la pandémie, s’est ajouté le creusement des inégalités entre les deux sexes dans la vie quotidienne. Selon l’étude annuelle publiée, fin mars 2021, par le Forum économique mondial (Davos), la crise sanitaire a retardé de plus d’une génération le temps nécessaire pour parvenir à l’égalité hommes-femmes. Si ce rapport fait ressortir de fortes disparités d’un pays à l’autre, il faudra toutefois encore compter 135,6 années avant de parvenir à la parité à l’échelle mondiale. Soit 36 années de plus que ce qui était prévu.

« La pandémie a eu un impact fondamental sur l’égalité femmes-hommes, tant sur le lieu de travail qu’à la maison, faisant reculer des années de progrès », souligne Saadia Zahidi, membre du Comité Exécutif de ce Forum.

Les répercussions de la crise sanitaire ont été plus sévères pour les femmes. Celles-ci ont été plus nombreuses à perdre leur emploi, en partie en raison de leur sur représentation dans des secteurs liés à la consommation, qui ont été les plus directement affectés par les mesures de confinement. Selon les chiffres de l’Organisation internationale du travail (OIT), la perte d’emploi des femmes a atteint 5% en 2020, contre 3,9% chez les hommes.

En France, selon une étude de l’Ined (Institut national d’études démographiques), les femmes sont plus souvent confinées avec des enfants mineurs, encore à l’école. Ainsi, 48% d’entre elles, en télétravail, vivent avec un ou plusieurs enfants au moment du confinement, tandis que les hommes ne sont que 37%. C’est plutôt « logique », remarque cette enquête, car il y a plus de familles monoparentales en France avec une femme à leur tête.

Mais cet écart, qui en temps normal a déjà des effets sur les conditions de travail, « se met à en avoir un plus grand pendant le confinement ». « Pour les femmes qui ont dû arrêter de travailler, renoncer à un contrat ou encore se retirer d’un projet sur lequel elles travaillaient, il n’y aura pas de reprise automatique », ajoute l’Ined.

Tout est dit. Reste à faire. Et si c’était l’affaire de tous ?

L’équipe de l’ASFE

3 commentaires

  1. Merci nous confirmons cette êtude au Sênégal aussi les familles ont subi les efforts des confinements : la baisse des revenus, les VIOLENCES, les nombreuses décés sans oublier les conséquences des conditions climatiques, led disparition en mer ect…

  2. Deux questions à la rédaction :
    1
    En quoi cette situation profondément regrettable intéresse-t-elle spécifiquement les français de l’étranger ?
    Les expatriés sont-ils plus particulièrement odieux avec leur conjoint ? Ou bien les autorités françaises ont-elles, ou devraient-elles avoir une action spécifique sur ce sujet concernant les français de l’étranger ?
    2
    A l’heure ou le sujet de l’égalité hommes-femmes prend toute l’importance qu’il mérite, pourquoi passez-vous sous silence les maltraitances faites à des hommes par des femmes ?

    1. Bonjour,

      Cette situation concerne en réalité tout le monde, les violences conjugales ne se limitant pas à un territoire, une nationalité ou un sexe. Les Français de l’étranger sont d’ailleurs tout particulièrement concernés car très peu accompagnés sur cette question, il existe peu de consulats disposant de structures adaptées et ce problème avait fait l’objet d’une question au Gouvernement de votre sénatrice Evelyne Renaud Garabedian que vous pourrez trouver ci-joint.

      L’article portant sur l’impact négatif de la pandémie sur l’égalité hommes-femmes, les violences conjugales faites aux femmes en étant une manifestation criante, son objet ne se limite pas aux violences conjugales, auquel cas, les violences conjugales subies par des hommes auraient également été traitées.

      https://alliancesolidaire.org/2020/03/05/accueil-des-victimes-de-violences-conjugales-au-sein-des-consulats/
      https://alliancesolidaire.org/2021/03/11/prise-en-charge-des-victimes-de-violences-conjugales-ou-familiales-a-letranger/

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