Synthèse du Grand débat national : exercice de communication ou compte-rendu fidèle ?

Grand Palais

3 mois de consultations, 1,5 millions de contributions grâce aux réunions, cahiers de doléances et questionnaires en ligne… le coût total du débat national s’élève à ce stade à 12 millions d’euros. Le Premier Ministre a dressé le 8 avril le bilan du Grand Débat National, au Grand Palais, devant un parterre de 500 personnes triées sur le volet (élus, représentants syndicaux, d’associations et dirigeants d’administrations). 

Quatre axes mis en lumière 

Après s’être félicité de ce « succès de tous les Français », Edouard Philippe a annoncé avoir retenu – outre un « immense besoin de justice et d’équité » – quatre grands axes même si « toute synthèse forcément {est} réductrice », avec  » ses paradoxes et contradictions ». Le Premier ministre a donc retenu :

  • Une exaspération fiscale 
  • Une exigence de fraternité, proximité, lien quotidien 
  • Une exigence démocratique 
  • L’urgence climatique. 

« Nous devons baisser et baisser plus vite les impôts » a-t-il déclaré face à la « tolérance fiscale zéro » et la volonté de répondants de voir les dépenses publiques réduites.

Le Premier ministre a mis l’accent sur la demande de « proximité », la nécessité d’un « travail de rééquilibrage entre métropoles », villes de petite et moyenne taille, de plus de transports en commun et de « services publics de contact ». Il a plébiscité une clarification du « mille-feuille territorial », une « culture de la simplicité », « moins de normes et plus de solutions » venant de l’administration et une « démocratie plus délibérative ». 

Une forte défiance envers élus et hauts fonctionnaires a jailli des différentes contributions, « grand défi de notre génération politique », traduit par des revendications comme la suppression de certains privilèges et réduction du nombre de parlementaires.

Il est revenu sur la baisse de la vitesse autorisée à 80 km/h. « J’ai voulu sauver des vies, on m’a accusé de vouloir remplir les caisses ». 

En matière environnementale, il a déclaré avoir bien compris l’hostilité des Français à l’égard de la taxe carbone. La plupart des Français se sont dits préoccupés par le changement climatique, prônent un nouveau modèle agricole et une fiscalité énergétique destinée aux gros pollueurs et non aux particuliers. Les conditions pour un retour de la taxe carbone ne seraient d’ailleurs pas réunies selon Emmanuelle Wargon, Secrétaire d’Etat à la Transition écologique. 

Des publics prioritaires : mères seules avec enfants, personnel d’EHPAD 

Les débats ont fait ressortir certaines angoisses : liées au régime de pensions alimentaires, au manque de personnel dans les EHPAD ou encore aux difficultés d’accès aux soins. Ainsi les mères seules avec enfant(s) privées de pensions alimentaires ainsi que les personnels d’EHPAD devraient être parmi les premiers à bénéficier de nouvelles mesures. 

Le thème de la santé était d’ailleurs prégnant : l’accès à un médecin, l’organisation et accès au tissus hospitalier devraient ainsi faire partie intégrante des préoccupations du gouvernement. 

Et maintenant ?

Le Premier ministre esquissera une feuille de route, un « agenda des solutions » pour les mois et années à venir, étape par étape, lors d’un discours à l’Assemblée nationale ce mardi puis au Sénat mercredi. Quant au Président Emmanuel Macron, l’Elysée a déclaré qu’il se garderait d’annoncer publiquement les décisions prises avant la deuxième quinzaine d’avril. Le chef du gouvernement a promis des décisions fortes : l’enjeu étant de passer des consensus aux compromis démocratiques, car « toute frilosité serait impardonnable » et « hésiter serait pire qu’une erreur, ce serait une faute ». 

Un exercice controversé : des critiques de l’opposition ont fusé 

« On a enfoncé des portes ouvertes » selon le porte-parole des LR Geoffroy Didier, exercice dont le but est de « conforter la politique du gouvernement » selon le député LFI Eric Coquerel, consultation en trompe-l’œil ou « grande opération de communication » selon Alexis Corbière, député LFI ? La forme du Grand Débat en elle même n’a eu de cesse de faire polémique. 

Entre faible représentation des jeunes dans les réunions, et des ruraux dans les contributions en ligne, entre questions fermées et réponses orientées : ce Grand Débat est-il le reflet de la diversité d’opinions des Français ? 

SOURCES : 

Le Monde (voir ici)

Libération (voir ici

Les Echos (voir ici)

Site officiel du Grand Débat National (synthèse des contributions)

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