Depuis 2013, le Soudan du Sud est ravagé par une violente guerre civile entre les deux rivaux le Président, Salva Kiir, et le chef rebelle, Riek Machar. Afin d’enrayer cette violence, plusieurs accords de paix ont été signés, dont le dernier a été conclu le 12 mai.
Nous avons pu nous entretenir avec un Sud-soudanais qui travaille dans l’une des organisations françaises présentes dans le pays.
Le contexte général
« La situation reste toujours très misérable. Le pays continue de subir les conséquences de la crise politique qui a mené à une crise économique. Le dollar américain vaut beaucoup plus sur le marché noir que son taux de change officiel. La monnaie locale, la livre sud-soudanaise, a beaucoup perdu de sa valeur. Les fonctionnaires et les salariés ne gagnent qu’entre 10 et 15 dollars par mois et certains mois ils peuvent ne pas être payés à cause du manque d’argent dans les caisse de l’Etat. Cette situation ne facilite pas les activités commerciales des entrepreneurs privés. Aujourd’hui, plusieurs régions restent toujours difficiles d’accès et parfois vidées de leur population. La crise a forcé des personnes à fuir leur village pour aller s’installer dans des camps de réfugiés en Ouganda, au Soudan ou dans d’autres pays voisins. D’ailleurs, les aides humanitaires ne peuvent agir correctement à cause de l’insécurité. Des villages n’ont pas accès aux services sanitaires, et très peu d’hôpitaux et d’écoles sont présents. Et les habitants se nourrissent difficilement. Quant à Djouba, la capitale, l’ambiance est très calme et les citoyens et étrangers peuvent facilement effectuer leurs affaires quotidiennes.
Notons que le coup d’Etat au Soudan, intervenu le 11 avril n’a pas perturbé le Soudan du Sud. Cependant, des petits groupes de jeunes à l’étranger commencent à faire des propagandes sur les réseaux sociaux en disant que si les Soudanais ont renversé le dictateur Omar el-Bechir, pourquoi pas nous. Ils ont organisé des manifestations deux fois mais sans succès. »
Un chemin vers la paix ?
« Depuis trois mois, les deux rivaux commencent à parler de paix. Ils disent à leurs hommes de cesser les coups de feu et plutôt de commencer à bâtir le pays. Cette attitude positive se retrouve chez les citoyens. En effet, aujourd’hui on ne parle que de paix partout dans le pays même si aucun changement dans ce sens ne se voit encore. Récemment, les autorités ont commencé à sensibiliser les citoyens sur l’accord de paix signé. C’est la même chose qu’on entend : « paix, paix, paix ». Les hommes dans les uniformes sont également priés de respecter l’accord. On ne parle plus de guerre, ni de blâmer l’un ou l’autre camp. Ainsi, les messages de réconciliation passent doucement dans toutes les régions du pays. On a limité l’utilisation des armes parmi les civils, et ceux qui en possèdent illégalement sont punis et les armes confisquées. On entend de moins en moins de coups de feu. Cela a beaucoup aidé à restaurer la tranquillité. Le pays devient petit à petit calme. Un petit nombre de réfugiées commence à rentrer au pays. Maintenant, les ONG arrivent à se rendre dans des régions qui étaient très difficiles d’accès afin de livrer les aides humanitaires. Les écoles reprennent difficilement parce qu’il n’y a pas de professeurs bien formés dans ces régions abandonnées. Cependant, on parle de paix mais avec le ventre vide ! On ne peut toujours pas se déplacer facilement dans le pays parce qu’on a peur, excepté en avion qui coûte encore très cher pour la plupart des Sud-soudanais.
La communauté française dans le pays dénonce les actes parfois violents qui ont été commis contre les pauvres citoyens par les politiciens lors de la crise politique entre les deux rivaux. De plus, le 14 juillet 2018, l’Ambassadeur de France avait publiquement demandé l’arrêt des viols des femmes et le respect des droits de l’Homme. Il a aussi fait un appel aux autorités afin de donner une chance à la paix. »