Priscillia Routier-Trillard, fondatrice de l’association The Sorority Foundation revient la première année d’existence de l’initiative Save You, contre les violences faites femmes françaises hors de France et sur l’application The Sorority créée il y a 3 ans.
Un an après la création de la plateforme Save You, quel bilan tirez-vous de cette année auprès des femmes françaises victimes de violences ?
Un grand nombre de familles et en grande majorité des femmes étaient en attente de cette aide. Nous recevons des témoignages et demandes d’aide au quotidien. En 1 an, plus de 170 familles françaises ont été accompagnées et soutenues à travers le monde. Il y a un vrai besoin (souvent des personnes en situations de violences depuis des années) mais faute de solution, restaient bloquées dans leurs situations et n’osaient plus demander de l’aide. Nous espérons une reconnaissance rapide de nos actions et de la nécessité de les soutenir pour pouvoir les poursuivre et continuer d’aider le plus grand nombre.
Constatez-vous des différences en fonction des pays de résidence des Françaises de l’étranger ?
Selon la culture des pays, il sera plus ou moins facile pour les personnes d’entamer les démarches officielles et trouver les soutiens adaptés. La distance avec la France pour facilement les poursuivre joue également. Les lois appliquées dans les pays de résidence, les lois religieuses qui s’y ajoutent quand il y en a. Chaque situation a sa complexité et nécessite un vrai travail de terrain, de réseau et de suivi pour soutenir au mieux les personnes.
Quels changements avez-vous dû mettre en place ? Quelles difficultés sont apparues ?
Nous avons entièrement restructuré l’équipe d’écoutantes afin de couvrir l’ensemble du monde. Chacune d’entre elles a une formation professionnelle liée à l’écoute active (psychologue, psychiatre, assistance sociales, etc.) a déjà vécu a minima une expérience d’expatriation et agit de façon bénévole. Nous avons complété l’équipe avec un psychologue dédié et assurons une première prise en charge gratuite pour les personnes aidées (aux frais de l’association) et un suivi sur le plus long terme à un tarif préférentiel proposé par le professionnel pour chaque personne venant au nom de notre association. Enfin, nous avons intégré au parcours de soutien et d’écoute une prise en charge juridique pour analyser les éléments transmis et identifier les meilleurs professionnels par pays qui seront aptes à répondre favorablement et de façon adaptée à l’aide demandée/au blocage identifié.
Des développements ont aussi été mis en place sur l’application The Sorority : quels sont-ils ?
Nous avons ouvert la communauté à partir de 12 ans depuis cet été (harcèlement, harcèlement scolaire, cyberharcèlement, violences intra-familiales) en respectant la loi sur la majorité numérique (récupération de l’autorisation d’une ou d’un représentant.e légal.e). Nous entamons le chantier d’intégration des associations grâce aux soutiens du Fonds de Solidarité Oui Care – Groupe O2 et de la Fondation Roi Baudouin. Ce chantier permettra d’identifier facilement et rapidement les associations dédiées à la prise en charge et l’aide aux personnes victimes de violences partout sur le territoire et dans le monde entier (pour les personnes victimes, pour les proches et entre associations).
Save You et The Sorority sont deux des initiatives de The Sorority Foundation : quels autres projets menez-vous ?
Ce sont nos 2 actions principales. Nous organisons également un festival annuel : ENSEMBLE qui permet de rassembler symboliquement les associations qui agissent à nos côtés durant une journée pour faire le lien entre elles, créer et imaginer ensemble de nouveaux projets et façon d’agir et aller à la rencontre du public (recherche de bénévole, échanger avec les bénéficiaires, etc.)
Quel est votre sentiment sur la cause des femmes victimes de violences en France : les choses avancent-elles ?
La parole se libère, ce qui explique en grande partie l’augmentation des chiffres. Les violences ont toujours été présentes mais les personnes n’osaient pas en parler. Elles ne trouvaient pas facilement les espaces sécurisés adaptés pour en faire part, pour demander de l’aide de façon libre et pour être soutenue de façons efficace et sans jugement. L’ajout, la communication et la redirection vers les associations dédiées à l’aide aux personnes victimes sur l’ensemble du territoire et du globe vont permettre d’intensifier ce lien entre les personnes victimes et les structures et ainsi d’accompagner de plus en plus de personnes en recherche de cette aide.