Le 20 février 2025, la sénatrice Sophie Briante Guillemont a interrogé la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche sur l’utilisation des outils d’intelligence artificielle (IA) au sein du réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). L’ASFE revient sur la réponse apportée le 8 mai 2025 par le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, à qui la réponse a été transmise.
« Jules », un agent conversationnel ambitieux mais peu adopté
Déployé à l’automne 2023, « Jules » est un agent conversationnel d’aide aux devoirs destiné aux collégiens. Il propose une assistance personnalisée en français, mathématiques, histoire-géographie, SVT et physique-chimie. L’objectif : favoriser l’autonomie des élèves, renforcer leur compréhension des cours, et développer des compétences transversales.
Mais si l’outil semblait prometteur, les chiffres révèlent une adoption en demi-teinte. Après un pic de connexions lors de son lancement (455 en décembre 2023), l’usage de Jules a chuté pour se stabiliser à une trentaine de connexions mensuelles, sur un public potentiel de 115 000 collégiens.
Constatant que « l’outil n’a pas rencontré son public ou qu’il ne répond pas aux attentes des élèves de l’enseignement français à l’étranger », le ministère précise que ce phénomène illustre plus largement « la difficulté à implanter durablement, dans les usages scolaires, les outils numériques proposés en partenariat avec le CNED ».
Une IA souveraine pour les enseignants de l’AEFE ?
Le déploiement prochain d’un appel à projet visant à développer une « IA souveraine destinée aux enseignants, financée à hauteur de 20 millions d’euros et attendue pour la rentrée 2026-2027″ interroge quant à l’inclusion, ou non, des enseignants du réseau AEFE à l’utilisation de cet outil, et dans quel cadre.
Vers une stratégie globale ?
Dans sa réponse, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères indique que l’AEFE a engagé une stratégie globale autour de l’intelligence artificielle, articulée notamment autour du plan « e-nov », visant à identifier, mutualiser et valoriser les usages innovants déjà existants dans le réseau. Un label « établissement innovant », en lien avec le ministère de l’Éducation nationale, permettra de reconnaître les projets intégrant l’IA de manière structurée.
Afin de valoriser ces initiatives, l’AEFE prévoit un processus de labellisation des établissements innovants, en lien avec le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MENESR). Les établissements auront ainsi la possibilité de candidater à ce label et de faire reconnaître leurs projets collectifs transformants intégrant l’IA dans les usages pédagogiques ou administratifs.
Pour répondre aux besoins plus larges exprimés par les personnels du réseau, un parcours dédié, Monde IA, a été conçu pour l’année 2024-2025. Développé par des formateurs de l’AEFE avec le soutien du Réseau Canopé, ce parcours sera accessible dès la rentrée prochaine. Il s’appuiera notamment sur des outils issus de la Ressourcerie numérique, incluant une assistance IA et la génération d’activités interactives fondées sur les sciences cognitives.
Pour l’année scolaire 2025-2026, la thématique « Cultiver la créativité et la pensée critique à l’ère de l’IA » vise à encourager une réflexion approfondie de l’IA tout en renforçant l’attractivité du réseau français à l’étranger.
Enfin, dans la continuité des échanges avec la Direction du numérique éducatif du MENESR, le ministère indique que l’AEFE prévoit d’assurer l’intégration effective de la future IA souveraine à destination des enseignants et formateurs, à l’image des dispositifs déjà existants tels que Magistère ou la plateforme d’apprentissage ELEA. Cette démarche s’inscrit dans une volonté affirmée de garantir un développement maîtrisé, cohérent et durable des outils d’intelligence artificielle dans l’enseignement français à l’étranger.
