Le Rwanda, 30 ans après le génocide

Le Rwanda a commémoré ces jours-ci les trente ans du troisième et dernier génocide du XXème siècle, après celui des Arméniens et celui des Juifs. En cent jours, à partir de 7 avril 1994, près d’un million de personnes ont été assassinées, la plupart à la machette. La grande majorité des victimes étaient d’origine tutsie, groupe qui ne représente que 15% de la population. Néanmoins, pour nombre d’historiens, le caractère ethnique de ce « génocide de voisinage » doit être modéré car Tutsis et leurs bourreaux hutus partagent les mêmes langues, le même territoire et les mêmes religions, protestante et catholique.

Les racines de cette tragédie remonteraient plutôt à la période coloniale, lorsque les Belges, pour renforcer leur autorité, jouaient des rivalités de pouvoir qui opposaient les deux clans. Trente après, et c’est là l’autre particularité de ce génocide, Hutus et Tutsis, bourreaux et victimes donc, continuent à vivre ensemble, à cohabiter sur la même terre. « Nous avons décidé de rester ensemble, d’être responsables et de voir grand », telle est la formule que répète le président Paul ­Kagame, qui tient d’une main de fer ce petit pays de 13 millions d’habitants, grand comme la Bretagne, situé au cœur de l’Afrique.

Par quelle magie le Rwanda offre-t-il désormais au monde l’image d’une insolente réussite économique ? Il ne dispose pas de ressources particulières, mais affiche une croissance de 8 % l’an. Avant le génocide, tous les observateurs s’inquiétaient de son niveau de pauvreté, de ses enfants mal-nourris et des carences de sa gouvernance. Aujourd’hui, les mêmes s’émerveillent du miracle ! La capitale, Kigali, est soignée comme un jardin anglais, les routes sont tirées au cordeau et 95 % des Rwandais bénéficient d’une Sécurité sociale. Pour se développer, le Rwanda mise sur le tourisme ainsi que sur l’agroalimentaire et les nouvelles technologies. L’apparition du logo « Visit Rwanda » sur les maillots des équipes de football d’Arsenal et du PSG aurait déjà attiré un million de touristes. Doté d’une compagnie aérienne – RwandAir – au rayonnement mondial, le pays se veut un hub vers lequel convergent nombre d’investisseurs étrangers, notamment du Moyen Orient. La France compte sur place une cinquantaine d’entreprises : Vivendi, Groupe Duval, Accor, Engie… 

La réconciliation nationale, nécessaire à cette renaissance impressionnante, est-elle réelle et durable ? Voulue et instaurée avec autorité par Paul Kagame, elle est aussi l’œuvre de tous les Rwandais qui, sans oublier le passé, aspirent pour la plupart à vivre aujourd’hui en paix. Ils n’ont de leçons à recevoir de personne…

L’équipe de l’ASFE

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