« Depuis mon arrivée en Australie, ma passion pour l’écriture s’est intensifiée »

Olivier Vojetta, entrepreneur et écrivain français, s’est installé à Sydney, où il vit avec sa famille depuis plus de 10 ans. Fondateur du « Philo Bistro », un événement mensuel à l’Alliance Française de Sydney mêlant culture, arts et philosophie, il crée un espace unique pour la rencontre et la réflexion. Son parcours, centré sur l’écriture et l’animation d’événements, témoigne de sa créativité, de sa détermination et de son amour pour l’écriture.

Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours jusqu’à présent ? Et de votre évènement “Philo Bistro”?

J’ai 47 ans, je suis originaire de la Lorraine, né à Nancy. Après avoir passé une vingtaine d’années en France, j’ai rapidement choisi l’expatriation pour effectuer un CSNE, coopération du service national à l’étranger en entreprise. C’était juste avant la fin du service militaire sous Chirac. Mon premier arrêt fut Londres, où j’ai travaillé pour une société pendant environ 16 à 18 mois. Par la suite, j’y suis resté pendant 13 ans, travaillant principalement dans le secteur bancaire et en conseil financier.

C’est à Londres dans une discothèque que j’ai rencontré mon épouse, une Australienne. Quatre ans plus tard, nous nous sommes mariés et avons décidé de tenter notre chance en Australie, à l’autre bout du monde où je suis devenu papa de deux petites filles, nées là bas. 

En Australie, j’ai travaillé en tant que stratégiste dans une grande entreprise pendant 10 ans. Il y a environ 6 mois, j’ai décidé de changer de carrière pour rejoindre une agence de publicité, où j’occupe désormais un poste de stratégiste, de conseiller auprès du PDG.

Actuellement, je suis impliqué dans un projet avec l’Alliance Française : la création d’un événement culturel et artistique appelé Philo Bistro. Organisé chaque mois, cet événement vise à réunir les personnes intéressées pour des discussions enrichissantes. Je suis chargé du recrutement des invités, parmi lesquels récemment nous avons accueilli des personnalités telles que Camille Laurens ou encore Philippe Besson. En tant qu’écrivain passionné, j’aime inviter des personnes influentes, mais aussi des hommes politiques comme mon frère, Stéphane Vojetta, député des Français à l’étranger pour l’Espagne, le Portugal et Monaco. Nous abordons une variété de sujets, tels que le passé, les clichés, le sens de la vie et le rôle de la philosophie, offrant ainsi une expérience riche en diversité et en réflexion.

En quoi consiste le format Philo Bistro, et comment choisissez- vous les sujets et intervenants lors de vos évènements? 

Le Philo Bistro a évolué dans sa façon d’aborder les sujets. Initialement, je choisissais un sujet spécifique et ensuite j’invitais quelqu’un en fonction du sujet pour en discuter. Cependant, maintenant, nous invitons d’abord une personne avec laquelle nous aimerions avoir une discussion intéressante, et ensemble, nous choisissons un sujet à explorer. Ainsi, nous partons de l’invité plutôt que du sujet lui-même.

En ce qui concerne le choix des invités, nous sélectionnons des personnes que j’admire et qui je pense intéressent le public, composé à la fois de Français et d’Australiens francophiles passionnés par la culture et la langue française. Il est important de noter que les Australiens apprécient énormément tout ce qui concerne la France. Par exemple, lors du dernier Philo Bistro, la plupart des 90 participants étaient des Australiens intéressés par la culture française ! 

Comment voyez-vous évoluer votre projet ? Quelles sont vos ambitions futures avec Philo Bistro? 

Actuellement, le Philo Bistro est basé à Sydney, et notre objectif est double : sur le plan de la qualité et de la quantité.

En ce qui concerne la qualité, nous visons à inviter des intervenants de premier plan. Nous avons déjà eu le plaisir d’accueillir de belles personnalités, mais notre ambition est de les faire grandir encore davantage. Mon rêve serait d’inviter des figures telles que Michel Houellebecq ou François Beigbeder ! Je m’efforce également d’améliorer constamment notre rôle de modérateur, en veillant à poser des questions nouvelles et émotionnellement riches à chaque entrevue. Pour ce faire, je m’inspire des entretiens passés, qu’ils soient en vidéo, sur papier ou dans la presse, afin d’enrichir nos échanges.

Concernant la quantité, en termes de capacité d’accueil, nous sommes limités à 90 personnes par Philo Bistro en raison de nos contraintes de salle. Idéalement nous aimerions accueillir 100, 150 ou 200 personnes, ce qui nécessiterait un nouvel espace. Nous sommes également en discussion avec les directeurs des Alliances Françaises en Australie, particulièrement ceux de Brisbane et de Canberra, qui sont intéressés par notre concept et envisagent de l’implanter dans leurs villes respectives. Notre vision à long terme est d’étendre ce concept à toutes les Alliances Françaises en Australie, voire à l’international, en créant une franchise mondiale, à l’instar du célèbre film « Fight Club » ! 

En plus de votre activité d’animateur, vous avez écrit de nombreux livres qui ont été primés lors de concours littéraires en France et en Australie, d’où tenez- vous cette passion pour l’écriture ? 

Ma passion pour l’écriture et les histoires remonte à mes 7 ans. Après le divorce de mes parents, j’ai reçu une machine à écrire mécanique pour Noël et c’est là que j’ai commencé à écrire. En grandissant, je m’amusais à écrire des « short stories », des histoires brèves que je mettais en page et imprimais. 

Ce n’est qu’à l’âge adulte, lorsque j’ai commencé à travailler, que l’écriture est devenue essentielle dans ma vie. Dès mes premiers jours de travail, j’ai ressenti ce besoin vital d’écrire mes pensées sur un carnet, pour tenter de donner un sens et comprendre le monde qui m’entourait. 

Au fil de mes expériences de vie, l’écriture m’a été utile à différentes fins. Par exemple, j’ai écrit un livre assez cathartique pour moi, où je raconte comment j’ai vécu la perte d’un enfant in utero. Dans ce livre, appelé « Courir encore », j’ai ainsi donné la parole aux hommes sur ce sujet, offrant ainsi, un point de vue masculin sur ce type de perte. Et donc, je me considère comme un auteur engagé car chacun de mes livres a un objectif qui va au-delà de l’histoire elle-même, visant à transmettre un message.

En quoi l’Alliance Française contribue-t-elle à créer des ponts entre les cultures australienne et française et quelles sont vos recommandations pour établir des partenariats avec l’Alliance Française ?

L’Alliance Française joue un rôle crucial dans la création de liens entre les cultures australienne et française. Elle offre aux personnes intéressées par la langue française la possibilité d’apprendre soit pour obtenir un diplôme ou simplement par passion. Ainsi, des ponts se construisent entre les langues australienne et française.

Cependant, au-delà de la langue, l’Alliance Française promeut également la culture française à travers le cinéma, la musique, l’art, et d’autres aspects. Pour moi, il est essentiel d’apprendre le français et la culture, on ne peut pas dissocier les deux. C’est pourquoi, lorsque j’organise des événements à l’Alliance Française, je m’efforce de créer un pont supplémentaire en proposant des discussions sur la culture, les problèmes sociologiques ou philosophiques.

De plus, je participe régulièrement à des séances de dédicaces et à des discussions autour de mes livres, la plupart étant en français, sauf un livre de nouvelles publié en français et en anglais, intitulé « Sept endroits pour disparaître » ou « Disappear ». Les Australiens apprécient particulièrement ce livre bilingue, ce qui me permet de renforcer davantage les liens entre la France et les non francophones à travers mes écrits et mes échanges.

Quels sont les défis que vous avez rencontrés jusqu’à présent dans votre parcours d’expatrié, et comment les avez-vous surmontés ?

Le premier défi auquel j’ai été confronté était de trouver un emploi en Australie, même après avoir passé 13 ans à Londres. À mon arrivée, j’ai remarqué que de nombreuses entreprises locales étaient réticentes à embaucher des travailleurs étrangers sans visa permanent. Soit on devait être Australien, soit avoir une résidence permanente ou être sponsorisé par une boîte. J’avais qu’un visa de prolongation du fait de mon statut de marié à une Australienne et j’ai donc mis un an à trouver un emploi convenable dans une banque assez progressiste et internationale, qui m’a offert un contrat déterminé.

Le deuxième défi majeur a été de vivre loin de la France, un pays que j’aime tant. Pour maintenir un équilibre sain et heureux, j’ai dû entreprendre un travail psychologique important pour éviter le mal du pays. Pour y parvenir, j’ai trouvé refuge dans les mots, la lecture et l’écriture de mes livres. Depuis mon arrivée en Australie, ma passion pour l’écriture s’est intensifiée, offrant un substitut à une partie de ma patrie que j’ai emmenée avec moi. Cela m’a permis de trouver un équilibre et de devenir un homme heureux, malgré la distance géographique. Je sais que de nombreux Français rencontrent des difficultés similaires liées à l’éloignement familial après quelques années à l’étranger.

Avez-vous d’autres précisions à ajouter ? 

Merci de m’avoir contacté pour ce témoignage. J’ai été ravi de cette opportunité et de votre intérêt pour mon travail. 

Je voudrais profiter de cette occasion pour adresser un message à tous les Français vivant en France. Je tiens à leur dire que la France est un pays extraordinaire, dans lequel je suis toujours très heureux de retourner. Cependant, pour ceux qui ont des regrets ou qui n’ont pas eu l’opportunité de voyager, s’installer à l’étranger ou d’avoir eu des expériences internationales, je veux leur dire qu’il n’est jamais trop tard. J’ai moi-même déménagé en Australie à l’âge de 35 ans, cela a demandé du travail, de la persévérance et de la patience. Si cela a été possible pour moi en Australie, cela peut l’être pour d’autres ! J’encourage donc vivement les Français vivant en France à sauter le pas. C’est une expérience extraordinaire qui nourrit et permet de grandir, tout en offrant une opportunité de faire briller la France à l’étranger !

Enfin, j’encourage vos lecteurs à regarder mes Philo Bistro qui sont rediffusés sur ma chaîne YouTube: https://m.youtube.com/@oliviervojetta ou encore consulter mon site d’auteur : https://www.oliviervojetta.com/

Olivier Vojetta

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