Daisy Tarrier, « il faut réduire nos envies démesurées de toujours plus »

Forte de près de 20 ans d’expérience dans la gestion environnementale et le développement rural, Daisy Tarrier est la fondatrice et directrice d’Envol Vert, une ONG basée en Colombie, dédiée à la protection de la forêt et au développement rural en Amérique Latine. Son engagement passionné pour la préservation de la nature en fait une femme d’influence dans le domaine de la conservation environnementale.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Mon goût pour la nature me vient de l’enfance lorsque je passais mes étés en camping dans les montagnes car mon père est entomologiste (ndlr : étude des insectes). Depuis je me suis consacrée à faire ce que j’aime. Non je ne suis pas biologiste, ni ingénieur agro. J’ai fait des études de communication et je les ai mises au service des causes qui me plaisaient : mes premières expériences de jeunesse pour des structures oeuvrant dans le social d’abord, puis mon premier vrai job au WWF, puis la création d’Envol Vert, pour faire vite.

Aujourd’hui, vous êtes responsable d’Envol vert, une ONG dédiée à la sauvegarde de l’environnement, pouvez-vous nous en dire davantage?

J’ai fondé Envol Vert il y a 12 ans. Aujourd’hui, c’est une belle et grande ONG qui a largement démontré ses capacités grâce aux professionnels engagés qui la compose et qui n’a (presque) plus besoin de moi. Envol Vert se concentre sur la protection de la forêt, nous sommes présents en France, Colombie et Pérou sur de beaux projets en lien avec les communautés locales. Nous développons l’agroforesterie, des corridors écologiques, des alternatives économiques aussi pour promouvoir les produits de la forêt, souvent délicieux et méconnus. Ca vous dit quelques chose par exemple le Guaimaro ou l’Orejejo?

Mais rien n’est gagné, il est toujours difficile d’assurer la continuité de notre travail, de trouver comment nous financer, de maintenir vive la motivation des paysans. Et puis nous avons aussi des activités de sensibilisation et de plaidoyer, nous proposons le calcul de votre Empreinte Forêt et oeuvrons pour la mise en place d’une traçabilité bovine dans les produits.

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Après avoir étudié les sciences sociales en France, quels éléments ont suscité votre engagement pour la préservation de l’environnement, et quelles motivations vous ont conduit à vous rendre en Amérique latine ?

Comme je le disais mon engagement pour la nature vient de bien avant mes études, il était donc naturel pour moi de travailler dans l’environnement. Je ne savais pas que le combat serait aussi difficile par contre. Après avoir travaillé au WWF presque 10 ans, j’ai décidé de partir faire du bénévolat au Pérou dans les forêts tropicales et avec les communautés indigènes. Une expérience très riche, surtout la découverte de cette forêt dense, magnifique, je suis tombée amoureuse. C’est lors de cette expérience que j’ai décidé de créer Envol Vert, je voulais conserver la relation avec l’Amérique latine et il y avait tant à faire pour les forêts, et beaucoup de communautés voulant œuvrer mais n’ayant pas les moyens de le faire. Mon expérience, notamment en gestion de projet et récolte de fonds pouvait servir.

Chaque année, le “poumon de la terre”, la forêt Amazonienne perd plus de 10 000 km² d’arbres, dans ce contexte environnemental alarmant, comment voyez-vous l’avenir de la planète et quels sont les enjeux qui se posent pour concilier la protection de la nature et le développement ?  

Si nous ne sommes pas capables urgemment, d’arrêter d’abattre des forêts pour produire des matières premières, l’avenir est très sombre. Il faut que les gens comprennent le lien entre ce qu’ils consomment et la déforestation. C’est souvent indirect donc compliqué. Le soja est produit sur des forêts abattues au Brésil pour faire de la farine pour alimenter les poulets pour notre consommation (ce soja est différent de celui que l’être humain consomme). L’huile de palme se retrouve dans des milliers de produits que nous consommons tous les jours. En Colombie, Pérou, Bolivie, c’est la consommation de bœufs, lait et fromage qui est la cause de la destruction de centaines de milliers d’hectares par an. C’est pourquoi l’Empreinte Forêt peut aider les gens à comprendre où sont leurs impacts. Il faut réduire nos envies démesurées de toujours plus (notamment en viande et en technologie) et il faut réussir à produire moins.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux jeunes femmes françaises qui souhaitent lancer une ONG à l’étranger ?

Allez-y il y a tellement à faire. Mais attention ça ne sera peut-être pas ce à quoi vous vous attendez et surtout ne tombez pas dans le piège du paternalisme et croire que nous sommes les sauveuses du monde. Eux, ont souvent plus à nous apprendre que nous à eux.

Avez-vous autre chose que vous aimeriez nous partager ?

Je voudrais inciter les jeunes et moins jeunes à s’engager, à faire du bénévolat, du volontariat, ce n’est pas toujours facile de trouver la bonne mission, mais cette planète a besoin de gens motivés et qui ont envie de s’engager, de donner des heures de travail et d’expérience, sans forcément attendre quelque chose en retour. De belles énergies, que ça soit pour appuyer des populations ou pour vous battre pour une cause. Ça vaut la peine, c’est peut-être même bien la seule chose qui vaille encore vraiment la peine. Et puis une expérience de bénévolat c’est rare qu’on l’oubli, sa marque souvent une vie.

Daisy Tarrier – fondatrice et directrice d’Envol Vert
Il est tout à fait possible de faire un don à Envol Vert depuis leur site afin de les aider dans le maintien et la pérennité de leurs actions.

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