COP 28 : un accord en demi-teinte

À Dubaï, la COP 28 accouche d’un texte mentionnant pour la première fois les énergies fossiles. Avec un jour de retard, les négociateurs présents au sommet international sur le climat sont tombés d’accord : le texte adopté appelle à une « transition » vers une sortie des énergies fossiles et entérine la création du Fonds de compensation « pertes et dommages ».

Les négociations internationales pour tenter de limiter le réchauffement climatique étaient censées s’achever mardi 12 décembre, mais l’écriture d’un premier projet d’accord final n’a pas fait l’unanimité. Le texte mis sur la table du sommet climatique mondiale par son président, Sultan Ahmed Al Jaber, a été jugé beaucoup trop faible par de nombreux pays. Et pour cause ! Il n’évoquait pas une seule fois la sortie des « fossiles ». 

Des négociations dans la nuance

Pour avancer et pour peser sur le processus, une coalition internationale d’une dizaine de pays menée par les Pays-Bas a exhorté « toutes les parties à la COP 28 » à s’engager à « supprimer progressivement les subventions inefficaces accordées aux combustibles fossiles et à prendre des mesures pratiques selon un calendrier précis ». La France s’est jointe à cette coalition, aux côtés notamment de la Belgique ou de l’Espagne, contraignant la présidence à revoir sa copie.  

Agnès Pannier-Runacher, Ministre de la Transition énergétique et chef de file de la délégation française, se réjouit d’ « une victoire du multilatéralisme et de la diplomatie climatique ». Si c’est en effet la première fois que les carburants issus des énergies fossiles sont mentionnés dans une décision de COP, l’accord de compromis finalement approuvé invite à la prudence. En effet, le texte ne mentionne pas la sortie progressive (« phase out »), mais la transition hors (« transition away ») des énergies fossiles. Une nuance qui risque d’impacter, notamment, le calendrier des avancées attendues pour d’atteindre la neutralité carbone en 2050.  

Pas de débat sur le fonds de compensation

C’était l’autre enjeu majeur des négociations sur le climat qui se sont ouvertes le 30 novembre. Et pourtant, dès le premier jour, la mise en œuvre d’un fonds destiné à compenser les « pertes et dommages » des pays vulnérables face aux désastres climatiques – alors qu’ils sont historiquement les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre –, a été entérinée par l’ensemble des Etats. Toutefois, si le fonds est dorénavant établi, les pays développés sont invités à y contribuer de manière volontaire. En l’absence d’obligation pour les pays historiquement émetteurs de gaz à effet de serre, l’alimentation de ce fonds demeure optionnelle et non tributaire d’un objectif financier à atteindre.    

Par ailleurs le compromis trouvé octroie l’hébergement du nouveau fonds L&D à la Banque mondiale. L’institution gouvernée par les pays du Nord n’avait pas la préférence des pays du Sud qui s’inquiétaient du rôle important des prêts dans ses instruments de financement et de règles et procédures perçues comme trop lentes pour l’enjeu. Le fonds sera donc hébergé par la Banque mondiale de manière temporaire. Il sera par ailleurs doté d’une gouvernance ad hoc, où la majorité des sièges de direction reviendra aux pays en développement.  

Les autres enjeux 

Enfin, cet accord mentionne également le triplement des capacités mondiales d’énergies renouvelables et le doublement de l’efficacité énergétique d’ici à 2030, la réduction du charbon (déjà actée à la COP26 de Glasgow) ainsi que la fin des subventions aux énergies fossiles. Il fait également la part belle aux technologies permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le texte évoque « entre autres, les renouvelables, le nucléaire, les technologies d’élimination des émissions comme la capture et le stockage du carbone, particulièrement dans les secteurs difficiles à décarboner, ou la production d’hydrogène bas carbone ». 

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