L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)

À l’occasion de l’inauguration de la Cité de la Francophonie à Villers-Cotterêts, où se déroulera en 2024 le sommet de la Francophonie, l’ASFE revient sur une institution qui incarne la solidarité et la coopération dans l’espace francophone : l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). 

Genèse de l’OIF : de l’unité linguistique à l’organisation institutionnelle 

Le concept d’un espace d’unité linguistique et de rayonnement culturel est impulsé par la France sous la houlette du président Georges Pompidou et de quelques dirigeants africains, dont les présidents Léopold Senghor (Sénégal) et Hamani Diori (Niger). Au moment des indépendances, ces derniers ont activement œuvré pour que les pays de l’Afrique francophone participent à des projets, essentiellement culturels, de coopération. L’idée était alors d’unir les Nations qui ont fait de la langue française une « langue nationale, langue officielle ou langue de culture ». 

Cette initiative a été consacrée lors de la tenue à Niamey de la première conférence intergouvernementale des États francophones, puis d’une seconde l’année suivante. Le 20 mars 1970, elle aboutit à la signature, par 21 pays, d’une charte créant l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT). Un nom qu’elle portera jusqu’en 1998, avant d’être renommée Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIT). L’organisation évolue alors de sommet en sommet, se muant en enceinte politique, avec la nomination d’un Secrétaire Général, l’adoption d’une charte et un élargissement constant à des pays comptant parfois très peu de locuteurs du français. En 2005, l’organisation prend sa forme politique et institutionnelle actuelle et est nommée Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).

La date du 20 mars est depuis devenue un symbole : celui de la Journée internationale de la francophonie. Il s’agit d’un temps fort au cours duquel l’attachement à langue française et à la francophonie est célébré, notamment via des spectacles, des rencontres littéraires, des débats, des projections de films, dans des lieux publics ou privés, ou en format virtuel.  

Source : Organisation Internationale de la Francophonie

Organisation de l’OIF

Le siège de l’OIF est à Paris. Elle dispose – entre autres – de bureaux à Libreville (Gabon), Lomé (Togo), Hanoï (Vietnam) ainsi que des représentations à Bruxelles près l’UE et à Addis-Abeba près l’Union Africaine.

L’OIF compte à ce jour 88 États et gouvernements membres, dont la langue française demeure le socle d’unité et crée les conditions de coopération et de la solidarité :

  • 54 membres de plein droit
  • 7 membres associés
  • 27 observateurs, ayant en partage une langue et la promotion de ses atouts : le français.

En qualité d’observateur l’OIF peut assister aux réunions du Conseil de sécurité de l’ONU. 

Gouvernance et fonctionnement de l’OIF

Pour réaliser ses objectifs, l’OIF est placée sous l’autorité de 3 instances politiques :

  • Le Sommet de la Francophonie : conférence des chefs d’État et de gouvernement , il s’agit de la plus haute instance de gouvernance de l’OIF. Le Sommet se réunit tous les deux ans. Il est présidé par le chef d’État ou de gouvernement du pays hôte du Sommet jusqu’au Sommet suivant. Il statue sur l’admission de nouveaux membres de plein droit, de membres associés et de membres observateurs à l’OIF. Il définit les orientations de la Francophonie et il élit la Secrétaire générale de la Francophonie.
  • Conférence ministérielle (CMF) : composée des ministres des États membres, elle assure la continuité politique du Sommet de la Francophonie.
  • Le Conseil permanent (CPF) : instance chargée de la préparation, il est à la fois animateur, coordonnateur et arbitre de l’action de l’Organisation. Présidé par la Secrétaire générale de la Francophonie, il se prononce sur ses propositions et la soutient dans l’exercice de ses fonctions.

La Francophonie multilatérale est structurée par un fonctionnement placé sous la diligence du secrétaire général de l’institution. 

  • Le secrétaire général : Il est la clé de voûte du dispositif institutionnel. Il conduit l’action politique de la Francophonie, dont il est le porte-parole et le représentant officiel au niveau international. Cette fonction est occupée par Louise Mushikiwabo depuis 2018 et confirmée pour un deuxième mandat en 2022 .
  • L’Administrateur : le Secrétaire général de l’OIF désigne un Administrateur chargé d’exécuter et de gérer la coopération. Caroline St-Hilaire a été nommée à cette fonction le 21 mars 2023.

Par ailleurs, l’OIF met en œuvre la coopération multilatérale francophone aux côtés de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) et de 4 opérateurs :

  • l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) ;
  • TV5MONDE ;
  • l’Association internationale des maires francophones (AIMF) ;
  • l’Université Senghor à Alexandrie.

Valeurs et Missions

Les valeurs de l’OIF

L’OIF encourage les échanges entre les représentants des gouvernements et de la société civile dans les pays francophones, avec pour devise : égalité, complémentarité, solidarité.

Ses valeurs clés sont ancrées dans la Charte de la Francophonie, qui a été adoptée lors du Sommet de la Francophonie de 1997 au Vietnam et complétée en 2005 à Madagascar ; elle défend la solidarité, la paix, la démocratie, l’état de droit dans les États francophones.

Ses missions

L’OIF apporte à ses membres un appui dans l’élaboration ou la consolidation de leurs politiques et mène des actions de politique internationale et de coopération multilatérale, selon quatre grandes missions :

Les défis de l’OIF

La mondialisation a donné un avantage certain au modèle anglo-saxon dans bien de domaines tels que le domaine linguistique , le commerce mondial, etc… Cette prééminence a créé une inégalité structurelle subie par les pays francophones, notamment les plus faibles. Ce qui a un impact sur l’efficience de la coopération multilatérale conduite par l’OIF. 

Par conséquent, la francophonie doit consolider les alliances en son sein tant les opportunités demeurent importantes. Elles n’ont d’ailleurs jamais été aussi grandes : d’un côté des francophones du monde industrialisé au Nord, détenteurs de capitaux, de technologies et qui sont à la recherche de marchés nouveaux, sources de croissance ; de l’autre, un grand nombre de pays francophones, spécifiquement au Sud, à la recherche de nouveaux partenaires pour assurer la transformation industrielle de riches matières premières qu’ils possèdent.

Avenir et perspectives

Forte d’une population de 327 millions de locuteurs dans le monde en 2023, la francophonie se porte bien. Son centre de gravité se déplace désormais vers le Sud et plus précisément vers l’Afrique subsaharienne. L’OIF peut capitaliser sur cet atout considérable pour consolider la coopération entre les pays francophones et faire valoir le soft power de la langue française.

Même si la coopération entre certains États membres est éprouvée par la succession de crises sécuritaires, et conflit politique, l’OIF peut se positionner en catalyseur pour œuvrer à la médiation entre les parties en conflit. Afin de garantir une coopération multilatérale, prospère et apaisée dans un espace de plus en plus compétitif. 

En somme, les enjeux futurs pour l’OIF résultent en sa capacité à :

Accroître la valorisation de la langue française

Contribuer à réduire les disparités entre les pays membres

Œuvrer de manière plus intense pour rapprocher les peuples francophones

Instaurer un partenariat, qui serait mutuellement avantageux pour l’espace francophone.

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