Algérie : l’enseignement du programme français menacé 

Fin août, peu avant la rentrée, les autorités algériennes ont demandé aux responsables d’établissements scolaires privés de ne plus enseigner le programme français aux élèves sous peine de sanctions. L’ASFE fait le point avec Karim Dendène, Conseiller des Français de l’étranger dans la circonscription d’Alger. 

 

Qui est à l’origine de cette interdiction et sur quoi porte-t-elle exactement ?  

Il faut savoir que la réglementation algérienne ne prévoit pas de dispensation de programmes étrangers par des écoles privées. Seules sont autorisées à dispenser des programmes étrangers les écoles étrangères relevant d’Etats ayant passé des accords avec l’Etat algérien ou des établissements gérés par le ministère algérien de l’Education nationale. C’est pourquoi le système d’homologation par l’AEFE n’est pas possible en Algérie, comme il l’est dans d’autres pays. 

Dans la pratique, une certaine tolérance était accordée par les inspecteurs, acceptant que les écoles privées dispensent les programmes français dans la mesure où cette offre d’enseignement venait en complément des programmes algériens officiels. C’est ce qu’on appelle communément « le double programme » qui préparait et aux examens algériens et aux examens français. Depuis peu, ce double programme n’est plus toléré.  

Quels sont les établissements concernés et combien sont-ils ?  

Sont concernés tous les établissements privés qui pratiquaient le double programme ; cela représente il me semble quelques 70 établissements. Il est difficile d’évaluer le nombre d’élèves concernés, mais cela concerne des élèves Français, Algériens et d’autres nationalités. 

Les écoles labellisées AEFE ont été particulièrement visées et ont été sommées de se retirer de ce label. Quelle est votre analyse sur ce point ?  

La question des écoles labélisées n’a pas facilité les choses, certains disent même que ce serait le facteur déclenchant. En tout état de cause, les 22 écoles labélisées ont été invitées à renoncer au label sous peine de retrait d’agrément. 

Comment réagissent et s’organisent les établissements concernés et quel impact sur la scolarisation des élèves ?  

Les établissements concernés sont tenus de renoncer aux programmes français. Les élèves les plus chanceux ont pu rejoindre le lycée français, notamment les boursiers des écoles en dérogation. 

Les autres sont soit déscolarisés, avec organisation des cours en visio par leur établissement, soit restent scolarisés pour le programme algérien et s’organisent pour des cours particuliers relatifs au programme français. 

Le CNED est également une solution, mais le service culturel de l’ambassade n’accorde un avis favorable qu’aux élèves français. Mais il semblerait que le CNED ait malgré tout refusé l’inscription de certains d’entre eux. Par voie de conséquence, certaines familles ont quitté le pays et d’autres ont renoncé à leur projet d’installation en Algérie. 

Quelles sanctions sont prévues en cas de non-respect de ces directives ?  

La sanction est le retrait d’agrément, donc la fermeture de l’école. 

Quelles perspectives pour les élèves qui souhaitent poursuivre le programme français ? 

Il est évident que la meilleure solution serait une extension du réseau encore insuffisant des établissements français en Algérie. Ceci passe, bien entendu, par des accords entre autorités françaises et algériennes afin que ces dernières autorisent l’ouverture de nouveaux établissements pouvant répondre à la demande croissante de familles algériennes, françaises et d’autres nationalités. 

Je saisis cette occasion pour appeler, à nouveau, à relancer l’office universitaire culturel français en Algérie (OUCFA). Cet établissement public français a été l’opérateur historique gestionnaire des établissements scolaires en Algérie depuis l’indépendance et ce, jusqu’en 1994. Mais légalement, il existe toujours. Je pense que la spécificité algérienne appelle à une gestion spécifique de l’enseignement français en Algérie. L’OUCFA qui a été spécifiquement créée pour l’Algérie à la suite des accords d’Evian est tout indiqué. L’AEFE pourrait par exemple homologuer de futures écoles OUCFA, mais d’autres pistes peuvent être envisagées, avec l’OUCFA comme principal acteur. 

Karim Dendène, Conseiller des Français de l’étranger en Algérie


2 commentaires

  1. Il faut tout simplement interdire aux nationaux de fréquenter frequenter ces écoles vocation de les recevoir .ce problème a été créé par des responsables corrompus qui n’ont pas fait appliquer la loi ..

  2. Ils demandent aux Algériens de venir investir en Algérie mais on interdit à leurs enfants de suivre des cours en français , l’Algérie marche sur la tête.

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