Nous avons beaucoup parlé. Il était temps d’agir.

Comme tous les 25 novembre depuis 22 ans, demain se tiendra la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. L’occasion de rappeler quelques chiffres importants, mais surtout d’expliquer pourquoi ce sujet est absolument crucial pour nos communautés françaises à l’étranger.

La France a beaucoup fait depuis une quinzaine d’années pour l’accompagnement des victimes de violences conjugales. Pour autant, en 2021 dans notre pays, 143 morts violentes au sein du couple ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie. En moyenne, un décès est enregistré tous les deux jours et demi, contre trois jours en 2020. A 85%, les victimes sont des femmes, part qui reste stable depuis 2006.

Quel est le mobile de ces féminicides ? « La dispute et le refus de la séparation demeurent les principaux mobiles du passage à l’acte », nous enseigne l’étude nationale sur les morts violentes au sein du couple. Ce même rapport nous apprend que le profil type de la victime est une femme, âgée de 30 à 49 ans, ou de 70 ans et plus, n’exerçant pas ou plus d’activité professionnelle. Et c’est sur cet aspect que les femmes françaises à l’étranger doivent être l’objet de toute notre attention.

Nous n’avons cessé de le répéter depuis des années : les Françaises et les Français de l’étranger ont changé. Le modèle de l’expatriation classique que nous connaissions, avec des familles entières d’expat’ qui vont de poste en poste à travers le monde, est en chute libre. Les grandes entreprises françaises installées à l’étranger recrutent localement, car les talents sont là, et cela leur coûte considérablement moins cher.

Pour autant, ce type d’expatriation subsiste. Il doit être source de vigilance, de même que l’installation pour suivre son conjoint étranger. Pourquoi ? Car la dépendance économique peut créer les conditions pour le développement de violences conjugales, des violences qui peuvent être physiques, mais aussi psychologiques. Quand une femme quitte tout pour suivre son conjoint, elle quitte sa famille, ses amis, l’ensemble de son tissu social qui lui permet de demander de l’aide ou de se sentir soutenue.

Partir à l’étranger, cela peut signifier une activité professionnelle réduite voire nulle : à cause des restrictions de visa, car on ne parle pas la langue, ou qu’on n’a pas les bons diplômes. Quand on se retrouve cantonnée à des activités centrées sur ses enfants, qu’on est réduite socialement à la personne à laquelle on est mariée, on ne crée pas seulement de la frustration.

Mal entourée, on peut vite se retrouver isolée, dans un pays où l’on ne sait pas vers qui se tourner. S’adresser à ses semblables – les Français – est donc le premier réflexe. Mais nos communautés sont parfois si petites, que tout le monde se connaît, et exprimer ses difficultés et son mal-être vis-à-vis d’un conjoint parfois connu et reconnu peut-être une source de difficulté supplémentaire.

C’est la raison pour laquelle il nous faut absolument être attentifs sur cette problématique et les représentants des Français de l’étranger encore plus que les autres. La solidarité et la bienveillance sont au centre de tout ce que l’on pourra construite en la matière. C’est le rôle des associations françaises et francophones à l’étranger. C’est aussi toute la pertinence du dispositif SAVE YOU, dont vous trouverez cette semaine un premier compte-rendu à 5 semaines de son lancement. Nous avons beaucoup parlé. Il était temps d’agir.

L’équipe de l’ASFE

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