« Je ne désespère pas de voir la communauté française d’Algérie croître »

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Quatre ans après sa dernière visite, le président de la République, Emmanuel Macron, s’est rendu en Algérie du 25 au 27 août, à l’invitation du président algérien Abdelmadjid Tebboune. L’ASFE a souhaité avoir le retour de Karim Dendène, Conseiller des Français de l’étranger en Algérie (circonscription d’Alger) et Conseiller AFE Afrique du Nord. 

Le président de la République s’est rendu en Algérie pour trois jours. Quel était le sens de sa visite ?

En ces temps de pénuries gazières, il est pertinent de maintenir les meilleures relations avec un partenaire historique qui peut constituer une partie de la solution à cette crise énergétique. L’Italie a d’ailleurs précédé de quelques semaines la France en Algérie. 

La venue du président de la République a eu lieu dans un contexte particulier. D’une part au niveau international, il y la question de la guerre en Ukraine et la problématique de l’accès au gaz. D’autre part, au niveau de l’actualité régionale, il y a la crise sécuritaire au Sahel et la question du Sahara occidental. Il semblerait que ces agendas marquent le retour de l’influence de la diplomatie algérienne. Ce contexte vous semble-t-il favorable à la consolidation de la coopération franco-algérienne ?

En ce qui concerne la crise au Sahel, la diplomatie algérienne sait faire et je pense qu’elle utilisera toutes ses cartes aux fins de parvenir à une amélioration de la situation sécuritaire dans la région. La position géographique de l’Algérie, la rend de toute façon, incontournable.

A propos du Sahara occidental, c’est différent, il me semble que c’est plutôt la diplomatie française qui est sollicitée. L’influence de la France aux Nations Unies d’une part et dans cette partie de l’Afrique d’autre part, lui confère une position lui permettant de contribuer à construire une solution acceptable par toutes les parties et notamment par deux de ses partenaires importants que sont l’Algérie et le Maroc.

Lors de son discours, le président de la République a laissé entendre que la communauté française à une partition importante à jouer dans la consolidation des relations franco-algérienne. Comment peut se décliner se rôle selon vous ? Comment les Français d’Algérie ont-ils accueilli ce discours ?

Effectivement, le Président Macron a évoqué les deux diasporas pour participer à la consolidation des relations entre les deux pays. Il a raison car ces diasporas se situent au premier plan et peuvent constituer des ponts entre les deux rives, de par leurs parfaites connaissances, chacune, de leur pays de résidence. Toutefois, il faut signaler une asymétrie au plan du nombre, entre les deux diasporas.

Je ne désespère pas de voir la communauté française d’Algérie croître, dans l’intérêt des deux pays. Pour cela, un accord entre les  deux Etats doit intervenir afin qu’une parfaite réciprocité en matière de droits, soit appliquée entre les Algériens résidant en France d’une part, et les Français mono-nationaux résidant en Algérie d’autre part,  notamment en ce qui concerne l’achat, la vente, et la  possession de biens, la  création d’associations…etc

La venue du président de la République fut marquée par l’annonce d’une décision inédite des deux Etats sur le sujet de la question mémorielle. Celle de l’ouverture des archives allant de 1830 à 1962 . Les deux Présidents ont mandaté une commission mixte d’historiens, français et algériens. Comment a été accueillie cette annonce ? 

Sur la question mémorielle, je pense qu’il y a essentiellement, deux catégories de personnes en Algérie. Celles qui réclament une demande de pardon de la part de la France, et celles qui sont plutôt tournées vers l’avenir.

Je crois que cette commission d’historiens, ne satisfait aucune de ces 2 catégories, ou tout au moins ne suscite pas plus qu’une certaine indifférence.

A titre personnel, j’estime que c’est une bonne initiative.

En novembre 2021, Paris avait décidé de réduire de 50% le nombre de visas accordés à l’Algérie et au Maroc en raison de leur « refus » de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés par France. Cette décision avait considérablement affecté les relations diplomatiques entre les deux pays. Cette rencontre a-t-elle permis d’apporter une réponse à ce désaccord ?

Le président Macron a annoncé une augmentation de délivrances de visas aux Algériens. J’ignore si un accord est intervenu sur la question des laissez-passer pour les OQTF.

Je sais que cette annonce à propos des visas a été très bien accueillie.

C’est une bonne initiative, car les demandeurs de visas ne sont pas tous des candidats à l’émigration. Beaucoup d’Algériens souhaitent simplement se rendre en France sans désir de s’y installer, ceux- là ne doivent pas être pénalisés.

Karim Dendène, Conseiller des Français de l’étranger en Algérie (circonscription d’Alger) et Conseiller AFE Afrique du Nord. 

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