« J’ai su me réinventer une vie professionnelle à l’étranger »

La vie de femme d’expatrié ne se limite pas à boire des cafés, emmener les enfants à l’école, ranger sa maison et faire du shopping. L’ASFE s’est entretenue avec Isabelle vivant à l’étranger depuis 17 ans et installée depuis 2 années à Prague. Cette maman de 3 enfants a su se réinventer une vie professionnelle à l’étranger.

Avez-vous pu continuer votre métier en partant vivre à l’étranger ?

Je travaillais à Paris dans une grande société, j’avais un travail stressant. Suivre mon mari a été l’occasion de faire autre chose et de me réinventer au fil des expatriations. 

Brésil, Rio de Janeiro, 2 ans

J’ai toujours été attiré par l’humain et je voulais faire quelque chose qui avait plus de sens. J’ai fait une rencontre et je me suis formée pour être conseillère en image. 

Argentine, Buenos Aires, 3 ans 

Puis je suis partie en Argentine, j’ai rencontré une femme et nous avons décidé de nous associer et de monter notre agence de relooking. Notre but était de montrer à l’extérieur ce qu’il y a à l’intérieur de chaque personne en travaillant sur la colorimétrie, la morphologie et le style. J’ai adoré faire cela. 

Brésil, Rio de Janeiro, 4 ans

En retournant au Brésil, j’avais perdu mon associée, je ne voulais pas me lancer seule. Je suis entrée dans une association qui organisait des marchés du cœur et avec 3 autres femmes nous avons commencé à coudre, à confectionner des petits objets et à monter notre propre marque de vêtement pour femmes et enfants : l’atelier des Anges (en référence à Rio, la « baie des anges »). Nous commandions en France notre tissus « liberty ». Nous avons embauché des couturières et reversions de l’argent à des associations. 

Confection de l’atelier des Anges
Thaïlande, Bangkok, 4 ans

J’ai rejoint l’association « Esprit Karen », qui aide des minorités du Nord-Ouest de la Thaïlande. Ils ont un savoir-faire ancestral dans le tissage. Nous leur achetions donc leurs tissus et créions des modèles. On utilisait l’argent pour construire des ponts, acheter des équipements etc. 

En parallèle, j’ai lancé une activité de conseil en développement de nouveau projet pour aider les conjoins/conjointes suiveurs/suiveuses dans leurs phases de lancement. 

Rue de Bangkok
Philippines, Manille, 3 ans 

Je me suis lancée dans une association « Anak TNK » qui existe depuis 20 ans et vient en aide aux enfants des rues, notamment via la nutrition, la santé, la scolarisation… Avec un groupe de Françaises nous avons travaillé pour lever des fonds et faire connaitre l’association via des galas de charité, des ventes privées, des livres de cuisine…

Manille, Anak TNK au coeur des bidonvilles
République tchèque, Prague, 2 ans 

J’ai eu le luxe de ne pas être dans le besoin et d’avoir mon mari derrière nous mais peut-être que cela me titiller de ne pas gagner ma vie. Je me suis donc formé durant 6 mois pour faire du coaching pour accompagner les femmes et hommes qui suivent leurs conjoints. Beaucoup ne savent pas dans quoi se relancer et se posent plein de questions. J’ai commencé en septembre et j’adore, je me sens épanouie, c’est arrivé au bon moment. 

De plus au sein de Prague accueil, avec 2 femmes nous avons créé le réseau Entreprendre. Il existe déjà dans d’autres pays mais pas encore à Prague. Il accompagne les auto-entrepreneurs dans leurs démarches de lancement. Lors de réunion mensuel, on partage chacun ce que l’on fait, comment on avance. En cas de moment de doute, de questionnement, nous sommes là. Il y a par exemple une professeure de pilate, un guide conférencier, une coiffeuse… 

A côté, on organise des conférences, ouverte à un plus grand nombre avec des intervenants, par exemple sur le statut d’auto-entrepreneur ou encore sur la fiscalité en Tchéquie. 

Dans quel pays avez-vous préféré vivre ? 

Je suis incapable de répondre, dans chaque pays j’ai eu un gros coup de cœur. Rio pour les gens, la musique, l’ambiance, la beauté de la ville. Buenos Aires pour son côté rétro. En Asie, j’ai adoré la bienveillance, la gentillesse et l’excellence de services. Et puis Prague, j’apprécie d’être à nouveau en Europe, les codes sont plus faciles, l’offre culturelle également.  

Comment vous êtes-vous formée à l’étranger ?

Je parle espagnol, portugais et anglais ce qui a fortement facilité les choses. Pour mes formations de conseiller en image et de couturier, je les ai trouvées sur place. 

Pour le coaching, je voulais absolument faire ma formation en français car lorsque l’on parle de choses précises c’est mieux de le faire dans sa langue maternelle. J’ai donc trouvé une école à Paris qui proposait des formations en français.  

Avez-vous des futurs projets ou préférez-vous laisser les rencontres vous guider ?

J’adore le coaching mais c’est une profession très solitaire et le côté créatif/manuel me manque. J’aimerais donc pouvoir retrouver cet aspect-là et également pouvoir refaire du bénévolat. 

Est-ce que vous avez un message à faire passer pour ces Français qui suivent leurs conjoints et souhaite se lancer ? 

Il est important de savoir sortir de sa zone de confort et surtout d’oser, d’essayer et de voir ce que l’on peut faire de beau. Il faut aller à la rencontre des autres, être curieux, saisir les opportunités, savoir écouter son cœur et ses intuitions. Il ne faut pas s’oublier mais je pense que c’est important de rappeler qu’il faut y aller pas à pas.  

Isabelle

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