L’ASFE a eu le plaisir de rencontrer Claude, l’un des deux propriétaires de la pâtisserie « Claude & Julien » située à Munich en Allemagne. Il a 40 ans, est marié à une Allemande et a 2 enfants. Après avoir fait une école de commerce et travaillé dans une grande entreprise, il a décidé de changer complètement de carrière et d’ouvrir son propre commerce.
Pourquoi avoir décidé d’ouvrir une pâtisserie ?
Je travaillais chez BMW et au bout de 10 années à Munich, j’ai voulu ouvrir mon commerce. J’étais tout seul et je voulais ouvrir une épicerie fine française mais en analysant et développant le projet, je me suis rendu compte qu’il allait manquer de passage et donc de chiffre d’affaires, je voulais quelque chose de plus régulier et quoi de mieux que la baguette. Je voulais vendre des produits authentiques mais c’est grâce à Julien que l’idée de pâtisserie a vu le jour. Maintenant, nous faisons aussi café, boulangerie, pâtisserie, on vend également des produits français, les gens choisissent.
Comment avez-vous rencontré Julien, votre associé ?
J’ai rencontré Julien grâce au bouche-à-oreille. Il était déjà sur place et travaillait dans une boulangerie, il voulait se mettre à son compte, on avait besoin l’un de l’autre.
On a ouvert notre pâtisserie en septembre 2017. Julien est responsable de la production des pâtisseries et je me focalise sur la vente et la gestion.
Comment avez-vous démarré votre commerce ?
On a réussi à trouver un local dans quartier français (Haidhausen) et il n’y avait pas de concurrence dans le quartier, nous n’avons pris la place de personne.
De plus, les pâtisseries françaises plaisent à l’étranger et surtout aux Allemands et il y avait très peu d’offre à Munich.
Comment gérez-vous un commerce en Allemand ?
J’apprends à parler allemand depuis l’école et je continue à m’améliorer sur place au contact de germanophones. C’est sûr que sans base c’est compliqué de se lancer dans un commerce de proximité. Julien en arrivant ne parlait pas allemand et donc le fait de parler allemand a vraiment permis au projet de se lancer car j’étais autonome, je pouvais traiter avec les notaires, avocats…
Au début, il a fallu trouver un financement, un local, des équipements.
Je me suis occupé de la partie investissement, marketing commercial, présentation, partie vente, gestion et maintenant gestion de ressources humaines car nous avons 7 employés.
Quels sont vos meilleurs clients ? La communauté française ou les Allemands ?
Au quotidien je dirais plutôt les Allemands surtout ceux résidant autour. Mais lorsqu’il s’agit de grosses commandes pour les mariages ou les anniversaires ce sont les Français qui nous contactent, ils veulent du typique, des pièces montées et il n’y a pas ce genre d’offre ailleurs.
En weekend c’est plus varié, mais il y a notamment des clients français qui viennent de plus loin et donc qui font de plus grosses commandes.
Avez-vous rencontré des difficultés en tant qu’étranger à monter votre commerce ?
Je pense qu’on a une grande chance d’être Français car nous avons une très bonne image. Nous sommes connus pour la gastronomie, pour notre culture. En général, les étrangers ont plutôt un bon a priori sur nous. Nous sommes donc facilement accueillis mais il faut savoir s’intégrer en apprenant la langue locale, en rencontrant des locaux, en restant ouvert.
Mes enfants sont scolarisés à l’école française « Jean Renoir ». Ma grande va entrer au lycée en septembre et nous avons fait le choix de la scolariser dans une école allemande. Ils sont parfaitement bilingues. Les deux systèmes sont très bien mais j’aime beaucoup le système du gymnasium, avoir école le matin et laisser l’après-midi aux activités.
Je pense donc qu’en tant qu’étranger dans un pays, il est très important de s’intégrer au maximum dans la communauté locale sans évidemmentt oublier l’autre.
Avez-vous des futurs projets d’extension ? Souhaitez-vous rester en Allemagne ?
En septembre, nous allons ouvrir un nouveau magasin, proche du premier afin de produire plus et d’avoir un nouveau lieu de vente. Il fera 100 m², actuellement nous en avons 20 c’est donc un grand projet d’agrandissement. Pour l’instant il n’y a pas de raison de repartir avant au moins une dizaine d’années.
Est-ce que vous avez un message à faire passer ?
Souvent, nous sommes envoyés par de grandes boîtes et nous ne prenons pas forcément le parti d’entreprendre et c’est dommage de pas prendre de risques supplémentaires et de chercher son indépendance. J’encouragerais donc les gens à se lancer.
Félicitations ! La diplomatie par la nourriture. C’est inspirant