Une France fracturée à plusieurs niveaux

Sans surprise, le second tour de l’élection présidentielle a vu la réélection d’Emmanuel Macron. La victoire de Marine Le Pen ne se dessinait dans aucun sondage d’intentions de vote. Néanmoins, le score de celle-ci, par rapport à celui de 2017, marque une progression certaine qui montre que le nombre de voix protestataires ne cesse d’augmenter dans notre pays depuis une vingtaine d’années.

Le succès du « déjà locataire de l’Elysée », quant à lui, représente une première sous la Vème République : jamais un président sortant n’avait réussi à se faire réélire sans avoir connu entre-temps, à l’image de François Mitterrand en 1988 puis de Jacques Chirac en 2002, une période de cohabitation. Ce scrutin ne va pas manquer d’alimenter les débats ces prochaines semaines, lesquelles s’annoncent animées avec la perspective de la formation d’un gouvernement dans les jours à venir et de la tenue des élections législatives, en juin prochain.

L’abstention (plus de 28%) a été, une fois de plus, importante, signe du mélange de désintérêt de défiance qui habite une partie de la population. On dira qu’elle est très supérieure dans d’autres démocraties, comme aux Etats-Unis. Ce n’est pas un motif de consolation car, on le voit, là-bas comme ici, elle explique en partie les mouvements de colère qui agitent les sociétés modernes, hors de tout cadre institutionnel. Cette poussée contestataire est dangereuse pour l’équilibre démocratique. Le vote de dimanche, dans le détail de ses expressions, révèle une France fracturée à plusieurs niveaux.

Fracture géographique, entre les grandes villes et le reste du pays ; fracture générationnelle ; fracture sociale entre entrepreneurs-cadres et ouvriers-employés ; fracture éducative, entre les diplômés et ceux qui n’ont pas poursuivi d’études.

D’un côté, on retrouve le vote Macron vers lequel convergent majoritairement les anciens électorats de la droite gaullo-chiraquienne et de la social-démocratie ; de l’autre, celui de Marine Le Pen attire ceux qui entendent changer le système, le contester, en remettre en question les fondements.

Pour son nouveau mandat, Emmanuel Macron est donc face à un véritable défi. Celui-ci se résume en une question : comment lancer les réformes nécessaires à la modernisation de la France, à son enrichissement intérieur comme à son rayonnement international, tout en préservant l’unité de la nation dont on sait qu’elle est très précaire, plus lézardée que jamais ? Le premier mandat a été émaillé de tellement de crises que le chef de l’Etat n’a pu tenir ses promesses. Cette fois, il est au pied du mur. A lui de trouver la bonne méthode dans cette France si difficile à gouverner.

L’équipe de l’ASFE

3 commentaires

  1. Bonjour,
    J’ai reçu mes bulletins de vote du 2ème tour par courrier hier, 29 avril 2022…
    D’autres que moi ont-ils eu ce même phénomène où était-ce juste par malchance?
    Merci

    1. Non vous n’etes pas seule. Je reside en Nouvelle Zelande et les ai recus une semaine apres le vote. Ils etaient dates d’une semaine avant le vote. Comment se fait-il que le gouvernement ne sait pas que tout courrier pour la Nouvelle Zelande met au moins 2 semaines a arriver ? Il suffit de dema der a l’ambassade ! Pourquoi n’ont-ils pas envoye les papiers par la valise diplomatique en demandant a l’ambassade de les faire suivre par courrier ? Ils auraient aussi pu etre envoyes par mail. J’attends avec interet le vote par internet. Je serai surprise (agreablement) si cela marche !

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