L’histoire de … deux ennemis jurés

Dans la newsletter mensuelle de l’ASFE Espagne, retrouvez notre chronique “L’Histoire de…” qui vous fera voyager au coeur des liens historiques entre la France et l’Espagne chaque mois. Ce mois-ci, ce sont les relations entre Charles Quint et François 1er que nous aborderons.

Dans notre premier article, nous avions évoqué les racines profondément différentes de nos deux nations : les relations avec le Pape et la naissance des deux royaumes. Le royaume de France débute dès le VIème siècle sous le règne de Clovis, alors que le royaume d’Espagne naît, seulement, au XV ème siècle par l’alliance des rois Catholiques. Cela ne va pas empêcher ce dernier de devenir au XVI ème siècle la première puissance européenne sous le règne de Charles Quint au grand dam du roi François 1er, amoureux des arts et sûr de sa supériorité que lui confère son physique de géant.

Ce deuxième voyage dans le temps, auquel je vous invite, traitera à la fois de géopolitique et de la légendaire rivalité entre ces deux monarques que tout oppose.

Il faut d’abord rappeler que nos deux ennemis jurés héritent des conflits et ambitions de leurs prédécesseurs. La convoitise du sud-est de la France (Languedoc et Provence) et des royaumes d’Italie et de Sicile cause un affrontement entre le royaume d’Aragon, le Pape, et le royaume de France.

En 1266, Charles d’Anjou, frère de Louis IX, entre dans Naples. Ce sera le départ de guerres successives, pour la conquête et la maitrise des royaumes d’Italie. Cette rivalité se poursuivra jusqu’à la mort de René d’Anjou au XVème siècle. Louis XI et Charles VIII poursuivront ce conflit.

Louis XII, successeur de Charles VIII décède sans héritier direct. Face aux nombreux échecs de la Reine Anne de Bretagne à lui donner un fils, il accueille à la cour en 1498 à le futur François, le fait duc de Valois en 1499 et le nomme en 1512 à la tête de ses armées tout en préparant une nouvelle campagne en Italie.

Le 25 janvier 1515, le jeune monarque de 20 ans est sacré à Reims. L’un de ses premiers actes politiques est l’affirmation de ses prétentions sur le Milanais en faisant valoir les droits de sa femme Claude, héritière des Orléans et donc de Louis XII. Afin d’y parvenir il obtient le soutien de Venise. Après un échec de la diplomatie il rassemble une armée de 50000 hommes, achète la neutralité du roi d’Angleterre, Henri VII et, ironie de l’histoire, celle de Charles de Gand le futur Charles Quint !

Au printemps il concentre ses troupes à Grenoble, traverse les Alpes et fait mouvement sur Gênes. Devant l’échec des négociations avec les Suisses, il se dirige vers Milan et établit son camp à Marignan. Le 14 septembre 1515, il remporte cette fameuse bataille devenue une date connue de tous les écoliers de France.


En 1520, Charles déjà souverain des Espagne, duc de Bourgogne, souverain des duchés de Brabant et de Luxembourg, des comtés de Flandre, de Hollande et de Bourgogne remporte la couronne du Saint empire germanique auprès des princes électeurs allemande, face à François Ier en déboursant la modique somme de deux tonnes d’or.

Dès le début de son règne il a parmi ses nombreuses ambitions la volonté d’arrêter les ambitions de François 1er en Italie. L’afftrontement entre les deux ennemis jurés pouvait enfin avoir lieu. Ce dernier dura trente années.

Le mois prochain, nous aborderons la défaite de François 1er à Pavie en 1525, son emprisonnement à Madrid et les conditions de sa libération, qui laisseront un amer souvenir au futur roi Henri II emprisonné à la place de son père.

Gilles Servanton

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