Le défi climatique ne fait que s’accroître

panneaux photovoltaïques

La question énergétique ressurgit sous un angle nouveau avec la guerre en Ukraine. La dépendance aux hydrocarbures, gaz et pétrole russe, apparaît comme insupportable ce qui conduit les dirigeants européens à rechercher d’autres sources d’approvisionnement. À très court terme, cette politique peut se comprendre mais elle n’est pas durable. Tout d’abord, les sources conventionnelles de pétrole se raréfient et il ne faut pas oublier que le GNL que nous achetons aux États-Unis est du gaz de schiste avec toutes les conséquences environnementales qui s’attachent à l’exploitation de ce gaz. Mais surtout, le défi climatique ne fait que s’accroître et le rapport du GIEC de février 2022 annonce une situation catastrophique que les 30° que subit actuellement l’arctique illustrent malheureusement.

Certains souhaitent miser sur le nucléaire mais, force est de constater d’une part que près de 40 % du parc national est actuellement à l’arrêt et que d’autre part, de nouveaux EPR ne pourraient voir le jour que dans une quinzaine d’années minimum. Or, il y a urgence. Que faire ?

Tout d’abord, remettre au goût du jour une véritable politique de sobriété énergétique à côté de la politique d’efficacité énergétique qui est censée être déjà mise en œuvre. Pour les plus âgés, ils se souviennent de l’année 73 et même si les deux crises énergétiques sont de nature différentes, leurs conséquences sont proches : hausse vertigineuse du prix de l’énergie, raréfaction de l’offre de gaz et de pétrole. La baisse de la consommation qu’il s’agisse de l’électricité, du chauffage et même de l’utilisation des carburants chaque fois que c’est possible doit être à l’ordre du jour. C’est d’autant plus facile que nous rentrons dans la période du printemps pour l’hémisphère nord et que donc la baisse de la température dans les logements et les bureaux sera de moins en moins un problème. Les politiques d’efficacité énergétique doivent être décuplées en particulier dans l’isolation du bâtiment.

Le second volet est bien entendu celui du développement massif des énergies renouvelables. Le retard pris par la France dans ce domaine est indéniable et regretté aujourd’hui par tous y compris les tenants de l’énergie nucléaire qui ont parfaitement compris que la situation actuelle n’était pas tenable. Les difficultés particulières que rencontre aujourd’hui la France tiennent précisément à l’extrême faiblesse de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Ce dernier ne permet pas de combler le double vide que constitue la baisse abyssale électricité nucléaire produite et la réduction voulue de l’importation de gaz et pétrole russe ; et plus généralement la hausse massive du prix de l’énergie.

Développer les énergies renouvelables en commençant par le plus simple, l’énergie solaire en nous inspirant des meilleures pratiques des autres pays. A cet égard, le réseau des Français l’étranger pourrait jouer un rôle tout à fait intéressant pour faire connaître les meilleures pratiques de chacun des pays dans lesquels ils vivent, pour développer les différentes formes d’énergies renouvelables. Baisse de la fiscalité en Grande-Bretagne avec un taux de TVA à 0 %, aide massive au développement de l’autoconsommation collective en Allemagne sont quelques-uns des exemples que l’on pourrait donner mais il y en a évidemment bien d’autres.

Cette politique a pour mérite d’assurer l’autonomie énergétique des consommateurs qui ne dépendent plus que de la nature pour assurer leur alimentation électrique avec des coûts de revient très inférieurs et des solutions de stockage qui se développent et pourraient se développer bien davantage si la fiscalité qui les frappe, dans le cadre de l’autoconsommation collective, n’était pas aussi rédhibitoire.

Nous devons apprendre à penser autrement et regarder dans le pare-brise plutôt que dans le rétroviseur. Notre monde change à une vitesse accélérée et les mauvaises surprises auxquelles nous somment confrontées se multiplient. Les capacités d’adaptation deviennent les qualités majeures pour répondre aux défis qui viennent.

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Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement.

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