Que se passe-t-il à Hong Kong ?

Hong kong vue aérienne

Le 22 février 2022, dans le cadre de sa politique “zéro covid”, le gouvernement hongkongais a décidé de renforcer les mesures sanitaires à destination de sa population. Face à ces nouvelles règles drastiques, de nombreux Français envisagent de quitter provisoirement ou définitivement Hong Kong.  L’équipe de l’ASFE a eu l’occasion de s’entretenir avec sa représentante sur place Emilie Tran, Conseillère des Français de Hong Kong, sur ce sujet.

Comme énoncé dans notre introduction, le gouvernement hongkongais a décidé fin février de renforcer les règles sanitaires à destination de sa population. Quelle est la situation actuelle à Hong-Kong ? Quelles sont ces mesures mises en place ?

En réalité, les mesures de distanciation sociale se sont durcies dès le 7 janvier, avec notamment la fermeture des restaurants après 6 heures du soir et une limite imposée au nombre de convives par table modulée en fonction du degré de protection des personnels des établissements. Quinze types de lieux publics en intérieur ont été également fermés, dont les bars et les pubs, les centres de remise en forme et les gyms, les musées, les cinémas, etc.

Par ailleurs, les ressortissants en provenance de huit destinations, dont la France, ont été interdits d’entrée sur le territoire. Cela n’a bien sûr pas manqué d’affecter très sérieusement la vie de nos compatriotes. Seul moyen d’y déroger, faire un wash out dans un autre pays pendant 21 jours, et ensuite effectuer une quarantaine d’une période égale.

Fin janvier, la quarantaine a heureusement été raccourci à 14 jours, tout comme la période de wash out, même si elle est dorénavant agrémentée d’une période d’observation à domicile de sept jours. Et puis effectivement, la 5e vague s’aggravant — on en est à 975 000 cas et 4 846 morts ce 16 mars, contre moins de 13 000 cas et 213 morts début janvier — les mesures se sont davantage durcies. D’abord début février, avec notamment des rassemblements en groupe dans les lieux publics limités à 2 personnes au lieu de 4 et, pour la première fois, une restriction visant des rassemblements dans la sphère privée, limités à deux familles sous un même toit. Puis fin février, le port du masque est devenu obligatoire y compris dans les parcs naturels et surtout le gouvernement a annoncé qu’il procéderait à plusieurs dépistages universels et que pour ce faire il devait donc réquisitionner les écoles qui devaient servir de centres de tests.

Au départ, toutes les écoles, y compris internationales, devaient suspendre tous leurs cours du 8 mars au 17 avril – des grandes vacances anticipées – pour ensuite et reprendre et ne s’arrêter que le… 8 août ! Inutile de dire que ça a déclenché un véritable vent de panique dans la communauté expatriée déjà très affectée par les restrictions.

Heureusement, la raison l’a au final emporté et le Bureau de l’Education de Hong Kong, interpelé par les directeurs d’établissements, a finalement décidé d’exempter les écoles internationales de ce réaménagement soudain du calendrier scolaire, même si pour le moment tous les cours se font en ligne. La France fait par contre toujours partie de la liste des (dorénavant) 9 pays de provenance interdits d’entrée du territoire.

De nouvelles mesures sanitaires ont été mises en place le lundi 21/03/2022. Un certain nombre d’allègements des restrictions a été remarqué, les frontières avec la France seront notamment rouvertes à compter du 1er avril, consultez la mise à jour ici.

Face à ces nouvelles annonces, on remarque que de nombreux expatriés français, parfois établis depuis des années à Hong-Kong, décident de rentrer en catastrophe en France. Comment expliquez-vous cet état d’esprit ? Cette vague de départ ne fait-elle que commencer selon vous ?

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que nombre de nos compatriotes décident de quitter Hong Kong, y compris des résidents de longue date. Certaines professions, notamment dans la restauration, l’hôtellerie, la vente de détail, les loisirs, etc., sont particulièrement impactées.

Aussi, il y a une vraie lassitude de l’enseignement en ligne, malgré les gros efforts d’adaptation des établissements scolaires, dont bien sûr le Lycée français international (LFI). Beaucoup de familles décident donc de se relocaliser pour le bien-être des enfants. Toutes et tous ne rentrent pas nécessairement en France d’ailleurs, et on observe beaucoup de départ vers Singapour et Dubaï. Pour le moment, la baisse du nombre d’inscrits au consulat est de l’ordre de 15 à 20% depuis un an, mais on peut s’attendre à beaucoup plus de départs dans les semaines à venir quand il va s’agir de procéder aux préinscriptions au LFI.

Plus globalement, le mois de février a enregistré un nombre record de départs nets de Hong Kong : le territoire a perdu plus de 70 000 personnes, soit 1% de sa population en un seul petit mois…

Selon une étude réalisée auprès de 220 entreprises implantées à Hong Kong, près de huit entreprises sur dix seraient touchées par la vague actuelle d’émigration, rapporte le Qidian Caijing (Singularity Financial), portail hongkongais d’information sur la finance et la technologie. Il y a-t-il une quelconque réaction du gouvernement hongkongais face à cette hausse des départs ?

Oui, les journaux financiers, dont le Financial Times, commencent à parler de véritable brain drain, ce qui bien sûr ne manquera pas d’affecter la reprise. Si le gouvernement hongkongais est inquiet, il ne le montre pas vraiment. Depuis 2020 en réalité, le gouvernement ne cesse de suggérer que toute perte en personnel compétent pourra facilement être compensée par l’arrivée de nouveaux talents venus de Chine continentale.

Le problème, c’est qu’avec la situation assez catastrophique de la pandémie, le territoire est devenu bien moins attractif, y compris pour les Chinois. D’ailleurs, quand il s’est agi de recruter des personnels soignants en urgence venant de l’autre côté de la frontière, les candidats n’ont pas été légions. Par contre, lors de sa conférence de presse du 17 mars, la Cheffe de l’exécutif de Hong Kong, Carrie Lam, a annoncé qu’elle ferait, le 20 ou 21 mars, une annonce de réaménagement assez large et dans le sens du relâchement des mesures de distanciation sociale.

Elle a d’ailleurs confié aux journalistes présents : « je pense que la tolérance des gens à l’égard des mesures actuelles se dissipe et j’ai clairement le sentiment que certaines de nos institutions financières perdent patience en raison de l’isolement de Hong Kong du reste du monde ».

Hong-Kong fait face à une hausse spectaculaire du nombre de cas de Covid-19. Quelle est la situation vaccinale des ressortissants français dans le pays ? A l’instar de la Chine, seuls les vaccins chinois sont reconnus et autorisés ? Hong-Kong est-il en manque de doses de vaccins à ARN messager ?

Côté vaccinal, pour la population expatriée, je dirais que Hong Kong mérite toujours son rang de deuxième système de santé le plus performant au monde – après Singapour. On a le choix entre le CoronaVac (Sinovac) et le Cominarty (BioNTech). La plupart des expatriés se sont faits vaccinés au Cominarty, et le gouvernment de Hong Kong recommande d’ailleurs de faire une troisième dose en Cominarty pour toutes les personnes ayant précédemment reçu deux doses de CoronaVac. Plus de 81% de la population a reçu deux doses et depuis début mars les 3 à 11 ans peuvent également se faire vacciner. Il y a des centres de vaccination sur tout le territoire et il est très facile de prendre rendez-vous. La conversion pour le passe vaccinal en France se fait très facilement, et j’y ai moi-même procédé en ligne via le site demarches-simplifiees.fr. La principale ombre au tableau à Hong Kong concerne en réalité les personnes âgées, puisque 87% des personnes qui sont décédées lors de cette 5e vague avaient plus de 70 ans et 89% n’avaient pas bénéficié d’un schéma vaccinal complet.

Emilie Tran-Sautedé, Conseillère ASFE des Français de Hong Kong

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