La France a accueilli au mois de janvier une conférence sur les océans à Brest. De nombreux chefs d’État avaient été mobilisés pour cette manifestation qui, si elle n’a pas abouti à des mesures extrêmement concrètes, a très certainement contribué à faire prendre conscience de l’importance majeure que revêtent les océans pour l’équilibre du monde, la biodiversité et tout simplement l’avenir du vivant et donc de l’Humanité.
Lorsqu’il aborde le sujet des océans, en règle générale, le grand public pense tout d’abord au sixième continent de plastiques qui a agglutiné des millions de tonnes de plastiques venues de tous les continents mais aussi aux pollutions des micro-plastiques qui se retrouvent dans la faune marine et par voie de conséquence dans la chaîne alimentaire. La lutte contre la pollution des océans par le plastique est désormais un sujet relativement bien ancré dans la conscience des humains ce qui ne signifie évidemment pas qu’il soit bien traité.
Le second sujet est celui de la surpêche ; la disparition de nombreuses espèces liées à l’utilisation de filets de plus en plus puissants et dérivants, voire de la pêche électrique qui vient heureusement d’être interdite en Europe, n’est pas un scoop. Mais, jointe à la pollution des océans qui se retrouve dans la chaîne trophique, cette situation constitue une menace croissante non seulement pour la biodiversité mais également pour l’alimentation d’une part importante de la population mondiale et ce d’autant plus que la pêche côtière des pays en développement est mise en péril par la pêche industrielle.
Ces deux thématiques sont anciennes ; en revanche, celle qui lie les océans au climat sont plus récentes mais encore plus préoccupantes. En effet, les océans constituent les puits de carbone les plus importants de la planète. Si aujourd’hui lorsque 100 t de CO2 sont émises, 51 t sont stockées dans les océans et les forêts essentiellement, le GIEC imagine que dans les années à venir, ce ne seront plus que 35 t ce qui signifie que les efforts de réduction des émissions devront être d’autant plus considérables. Cette situation résulte en particulier de l’acidification des océans qui ne cesse de croître, entretenant le cercle vicieux du dérèglement climatique. La disparition progressive des coraux en est un exemple.
La Conférence de Brest a abouti à un certain nombre d’engagements dont il faut vraiment espérer qu’ils seront tenus. L’objectif porté par 83 pays de protéger 30 % des mers d’ici 2030, l’engagement de l’union européenne et de 14 pays tiers d’obtenir en 2022 un accord opérationnel et mondial sur l’utilisation durable de la haute mer et la protection de la biodiversité et enfin l’engagement (de seulement 14 pays tiers) à renforcer la lutte contre la pêche illégale.
Par ailleurs, un certain nombre de promesses ont été faites par des armateurs dans le cadre d’un nouveau label « green marine Europe » pour fournir de l’électricité, créer une zone à faible émission de soufre dans la Méditerranée et lancer une coalition pour le carbone bleu. 4 milliards de financements sont prévus dans le cadre du Clean océan initiative pour réduire la pollution plastique cependant qu’un certain nombre de pays ont rejoint l’engagement mondial pour une nouvelle économie des plastiques. Enfin, l’Unesco s’est engagée à une cartographie de 80 % des fonds marins d’ici 2030 , et la France et le Costa Rica ont proposé l’organisation d’une conférence des Nations unies sur les océans en 2024.
Les engagements ont succédé aux engagements en ce qui concerne les océans sans progrès réellement constatés. Pourtant, non seulement les océans jouent un rôle majeur dans l’équilibre climatique et dans celui de la biodiversité, mais ils constituent également des enjeux économiques considérables qui expliquent sans doute la réticence des Etats à s’engager dans des politiques de protection réellement efficaces. Outre la question de la pêche, celle de la richesse des fonds marins en particulier dans les zones fragiles de l’Arctique ou de l’Amérique centrale est au cœur de bien des débats du fait de l’incompatibilité entre les forages en particulier pour chercher du pétrole ou du gaz et la protection des milieux. La question également de l’utilisation des énergies marines, chacun pense aux éoliennes en mer mais il n’y a pas que cette source d’énergie, soulève des difficultés au regard de la protection des milieux et du maintien de l’activité de la pêche. Enfin, il ne faut pas oublier le rôle très prometteur des algues à la fois sur le plan médicinal, énergétique et alimentaire.
Certains ont décrit les océans comme étant le garde-manger de l’humanité. C’est infiniment plus que cela et, sauf à accepter de rendre notre situation et celle du vivant encore plus préoccupante, il est grand temps de prendre au sérieux le sujet de l’océan .
En lien avec votre article, plasticienne engagée, j’ai réalisé une série sur la pollution des océans conçue à partir de photographies de particules de plastiques trouvées sur des plages aux quatre coins du monde !
https://1011-art.blogspot.com/p/ordre-du-monde.html
Mais aussi réalisée pour le Muséum d’histoire naturelle de Grenoble « Anthropocène » : https://1011-art.blogspot.com/p/planche-encyclopedie.html
Félicitations pour votre engagement !