Vingt ans après, le choc des civilisations se poursuit.

Le Etats-Unis viennent de commémorer les attaques terroristes du 11 septembre 2001. Quelle n’a pas été la stupeur du monde entier, il y a vingt ans, à la vue de ce massacre retransmis en direct, ou presque, sur toutes les chaînes de télévision de la planète. Quelque 3000 personnes au total périrent dans ces quatre attentats, dont le plus spectaculaire provoqua l’effondrement des tours jumelles de Manhattan, à New York.

C’était la première fois de son histoire que les Etats-Unis étaient attaqués sur leur territoire. Au-delà de l’émotion et de l’hommage dû aux victimes et à leurs familles, quels sont les enseignements à tirer de cet événement que nul ne pouvait imaginer ? Ce jour-là, nous sommes définitivement entrés dans le XXIème siècle. Si le siècle précédent avait été celui d’un nationalisme virulent et de la tentation communiste puis de la guerre froide, celui-ci voyait se répandre une nouvelle idéologie, l’islamisme militant, intolérant et tueur. Une nouvelle forme de guerre, asymétrique, était engagée en son nom, opposant des groupes terroristes à tous les Etats constitués.

Et si elle fait surtout des victimes dans le monde arabo-musulman aujourd’hui, elle vise d’abord à déstabiliser l’Occident. Très critiqué à l’époque, le politologue américain Samuel Huntington avait pourtant vu juste, dès 1996, en publiant un essai intitulé « Le choc des civilisations ». Nous y sommes toujours, vingt ans après. Depuis le 11 septembre 2001, on ne compte plus le nombre d’attentats islamistes commis dans le monde.

En Europe, la France est particulièrement touchée : plus de 300 personnes sont mortes sur notre sol. Depuis 2012 et les crimes de Mohammed Merah, notre pays n’a pas connu de répit. Les tueries du 13 novembre 2015 sont d’ailleurs actuellement jugées à Paris. La France doit payer, selon ses ennemis, venus de l’intérieur comme de l’extérieur, son passé colonial, son mode de vie et sa vocation universelle à exporter les droits de l’homme.

Le poison islamiste s’est immiscé sur tous les continents, mais n’est pas parvenu à constituer un califat. L’organisation de l’Etat islamique a échoué à en créer un à cheval sur la Syrie et l’Irak. Sa filiale sahélienne ainsi qu’al Qaïda tentent désormais d’en former un ou plusieurs en Afrique, où l’armée française les combat. Les Etats-Unis, quant à eux, ont évidemment perdu de leur superbe avec les attaques du 11 septembre 2001. Ils sont aussitôt partis en guerre en Afghanistan puis, en 2003, en Irak. Deux offensives qui leur ont coûté la vie de plusieurs milliers de soldats et qui se sont soldées par des échecs retentissants et humiliants. Vingt ans après, le choc des civilisations prédit par Samuel Huntington se poursuit. Le monde en est au même point et nul ne sait quand la paix reviendra.

L’équipe de l’ASFE

Un commentaire

  1. Vingt ans après, la théorie du choc des civilisations est toujours autant critiquable et contrairement à ce que vous affirmez ne se poursuit pas.
    Pour autant, les conflits n’ont pas disparu des relations internationales ; bien au contraire, ils émergent sporadiquement dans un monde instable porté par une constellation d’incertitudes. La confrontation civilisationnelle n’est pas le paradigme qui détermine les relations internationales contemporaines, les États ayant des intérêts stratégiques supérieurs qui dépassent souvent les considérations identitaires, ethniques, religieuses ou culturelles.
    Au contraire, à bien observer l’évolution des civilisations, tout porte à croire que l’humanité se dirige vers la civilisation « pan-anthropique », c’est-à-dire une civilisation commune planétaire partagée entre toutes les civilisations après une longue sédimentation des savoirs acquis. Pour Jean-Emmanuel Medina, « La convergence civilisationnelle repose sur la diffusion planétaire des principes suivants : la démocratie, l’économie de marché, le développement technologique et l’écologie responsable. Ces principes sont cumulatifs, toutefois, l’absence de l’un d’eux ou sa réalisation même partielle dans une société n’exclue en rien celle-ci du processus global qui pousse toutes les civilisations vers un stade évolutif supérieur à visée universelle » (Jean-Emmanuel Medina, Après le Choc des civilisations, la convergence Pan-Anthropique – Réflexions sur la formation d’une civilisation universelle, Editions Kapaz, 2022 pp. 118-119).

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