Rapatriement des ressortissants français en Afghanistan

Apres l’annonce du retrait total des dernières troupes américaines prévu le 31 août par le président Joe Biden, les offensives militaires des Talibans ont conduit à l’effondrement du gouvernement afghan et à la fuite du président Ashraf Ghani. Les Talibans, groupe terroriste qui avait été chassé du pouvoir par l’armée américaine en 2001, a graduellement repris le contrôle du pays vingt ans plus tard. Ce changement de régime entraîne des conséquences désastreuses dans la vie quotidienne des Afghans, notamment pour celle des femmes qui se voient priver des droits durement acquis depuis l’instauration de la République islamique. La chute du gouvernement met également fin au séjour de milliers d’expatriés contraints au rapatriement.

L’aéroport de Kaboul est le théâtre de scènes chaotiques. L’évacuation des ressortissants étrangers, des personnels des ambassades, des journalistes et des civils afghans ayant travaillé pour des pays occidentaux se poursuit tandis que des milliers de personnes se massent autour de l’aéroport de Kaboul dans l’espoir d’embarquer dans un avion pour quitter le pays.

Opération APAGAN 

La diplomatie française avait dès le mois d’avril exhorté les ressortissants français à quitter le territoire soulignant « la dégradation très rapide de la situation sécuritaire dans le pays ». Dès la chute du régime, la France a lancé une opération appelée APAGAN visant à exfiltrer les Français résidant en Afghanistan et les civils afghans menacés. Si à l’heure actuelle, la majorité des Français a déjà quitté le territoire, ce n’est pas le cas de tous les auxiliaires ayant travaillé avec l’armée française, des structures françaises (entreprises, associations ou organisations) ou des membres de la société civiles. Les autorités françaises examinent tous les cas de ces personnes et ont mis en place un système de remise de visas à l’aéroport de Kaboul.

L’armée française a pour cela mobilisé deux avions dans le cadre de l’opération APAGAN : un C130 Hercules et un A400M Atlas, des appareils de transport de troupes et de matériel ayant déjà fait leurs preuves lors de l’opération Barkhane dans le Sahel et l’opération Serval au Mali. Ces avions servent de navette entre l’aéroport de Kaboul et une base militaire près d’Abu-Dhabi aux Emirats qui accueille temporairement les ressortissants français et afghans. Depuis cette base, ces derniers montent à bord de vols direct pour la France, marquant la dernière étape de leur rapatriement. 7 vols ont déjà été effectué depuis l’aéroport de Kaboul et deux autres vols pourraient arriver à Paris dans la journée de lundi. Depuis la mise en place il y a une semaine de l’opération APAGAN, la France a rapatrié via Abou Dhabi, un peu moins d’une centaine de Français et plus de 1.300 Afghans.

L’A400M Atlas, un des deux avions mobilisés par l’Armée française pour rapatrier les ressortissants Français d’Afghanistan. AFP/Erwin Scheriau

Présence de la France en Afghanistan 

La prise du pouvoir par les Talibans a aussi mis fin à une relation diplomatique franco-afghane de presque 100 ans qui a débuté en 1922 avec la création de la délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA).

Depuis la création de cette délégation, la France a multiplié les aides en Afghanistan. Pendant la Guerre d’Afghanistan de 1979 à 1989, les « French Doctors » sont venus en aide à la population afghane subissant l’invasion soviétique.

Par la suite, la France a dès 2001, soutenu l’intervention américaine visant à chasser les talibans du pouvoir. Les forces militaires françaises sont intervenues en Afghanistan au sein de deux opérations internationales dans le cadre de la lutte antiterroriste : la force internationale d’assistance et de sécurité (ISAF) sous commandement de l’OTAN, et l’opération américaine Enduring Freedom, avant de se retirer définitivement en 2014.

En 2012, le président Nicolas Sarkozy a signé un traité d’amitié et de coopération avec le président Afghan Hamed Karzai. Ce traité devait permettre de financer à hauteur de plus de 300 millions d’euros des projets liés à la santé, l’éducation, l’agriculture, le développement des infrastructures et du secteur minier sur une première période de cinq ans. Jusqu’à peu, de nombreuses ONG françaises aidaient le pays à progresser en termes d’accès aux soins et à l’éducation telles que l’association Amitié franco-afghane dite « AFRANE » active en matière d’éducation et en charge de la publication de la revue « Les nouvelles d’Afghanistan » depuis plus de 40 ans ou bien encore l’Institut pour la Mère et l’Enfant, une organisation majoritairement financée par la France qui emploie plus d’un millier de personnes en Afghanistan.

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