Être auto-entrepreneur en France et vivre à l’étranger

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Il est possible de concilier le statut d’auto-entrepreneur et vie à l’étranger. Cela peut constituer votre activité principale ou un complément de revenus. Cette chronique fiscale vous détaille les obligations administratives à respecter, l’imposition de vos revenus issus de l’activité d’auto-entrepreneur ainsi que les modalités de facturation de vos transactions

FORMALITES OBLIGATOIRES

Vous êtes déjà auto-entrepreneur et vous quittez la France

Afin de poursuivre votre activité, il est impératif de conserver une adresse de domiciliation en France. Il peut s’agir de l’adresse d’un proche (membre de votre famille, un ami), ou de l’adresse fournie par un service de domiciliation d’entreprise.

Une fois votre nouvelle adresse définie, il faudra informer votre CFE (Centre de formalités des entreprises) de votre nouvelle adresse. Vous devrez alors remplir le formulaire P2-P4 de modification d’activité, à la rubrique dédiée au changement d’adresse.

Vous résidez déjà à l’étranger et souhaitez créer votre auto-entreprise

Comme pour les personnes résidant en France, il faut remplir le formulaire P0 micro-entrepreneur, y joindre les pièces justificatives demandées et transmettre le tout à la CFE dont vous dépendez. Il est nécessaire – comme dans le cas précédent – d’indiquer une adresse de domiciliation en France lors de votre déclaration de début d’activité.

IMPOSITION

Fiscalité française

Votre auto-entreprise étant domiciliée en France, vous restez résident fiscal français – ce même si vous n’y séjournez pas principalement ou n’y avez pas votre foyer – car le centre de vos intérêts économiques demeure sur le territoire national. Le cas échéant, il faudra vérifier si la convention fiscale applicable permet d’éviter cette qualification de résident fiscal français.

Chaque année, vous êtes tenu de faire votre déclaration d’impôt à laquelle vous devez joindre une déclaration complémentaire des revenus des professions non salariées, le formulaire n°2042 C PRO

En tant qu’auto-entrepreneur, vous êtes redevable de l’impôt sur le revenu (IR). Le régime du micro-entrepreneur (ou auto-entrepreneur) permet, lors de la création de votre entreprise, de choisir le type d’imposition que vous souhaitez : l’imposition classique ou le versement forfaitaire libératoire

Si votre activité d’auto-entrepreneur ne constitue pas votre activité principale mais accessoire, vous ne serez imposé que sur les revenus français issus de cette activité.

L’impôt sur le revenu

L’imposition classique

Il s’agit du système appliqué à défaut à tous les auto-entrepreneurs. Ceux-ci bénéficient du régime dit « micro fiscal » permettant de réduire le revenu imposable. Un abattement forfaitaire est en effet automatiquement appliqué au chiffre d’affaires dont le taux dépend de la nature de l’activité :

  • 71 % pour les activités de vente ou de prestations d’hébergement ;
  • 50 % pour les activités de prestations de services relevant des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) ;
  • 34 % pour les activités de prestations de services ou les activités libérales relevant des bénéfices non commerciaux (BNC) 

Après abattement, votre revenu imposable est ajouté aux autres revenus imposables de votre foyer, l’ensemble est ensuite soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu.

Le versement forfaitaire libératoire

Les auto-entrepreneurs peuvent également opter pour le versement forfaitaire libératoire. 

Ce régime leur permet de s’acquitter auprès d’un seul interlocuteur, de l’impôt sur le revenu et de l’ensemble des cotisations sociales. L’imposition est ainsi lissée de façon mensuelle ou trimestrielle. Le prélèvement a pour assiette, le montant du chiffre d’affaires hors taxe. Son taux dépend du secteur dans lequel vous exercez. Il est de :

  • 1 % pour les activités de vente ou de prestations d’hébergement (à l’exclusion de la location de locaux d’habitations meublés dont le taux est de 1,7%) ;
  • 1,7 % pour les activités de prestations de services relevant des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) ;
  • 2,2 % pour les activités de prestations de services ou les activités libérales relevant des bénéfices non commerciaux (BNC).
Remarques

Délai de l’option :

  • Si l’entreprise existe déjà : vous devez exercer l’option au plus tard le 30 septembre de l’année qui précède celle au titre de laquelle vous souhaitez qu’elle s’applique.
  • En cas de création d’entreprise : vous devez exercer l’option au plus tard le dernier jour du troisième mois qui suit celui de la création.

 Modalités de l’option :

L’option doit être adressée à la caisse de Sécurité sociale des indépendants ou à l’URSAFF en cas d’activité libérale (par envoi d’un e-mail).

Les auto-entrepreneur ayant fait le choix du versement libératoire doivent néanmoins remplir une déclaration annuelle des revenus (déclaration complémentaire n° 2042-C PRO) en indiquant leur chiffre d’affaires. Il ne sera pas soumis à l’IR mais sera tout de même pris en compte dans le calcul du taux d’imposition moyen appliqué aux autres revenus de votre foyer ainsi que dans le nouveau calcul du revenu fiscal de référence.

L’option pour le versement libératoire est réservée aux auto entrepreneurs dont le revenu fiscal de référence (RFR) du foyer fiscal de l’année N-2 ne dépasse pas, pour une part de quotient familial, la limite supérieure de la deuxième tranche du barème de l’impôt sur le revenu de l’année N-1.

Ainsi, pour une option exercée en 2021, le revenu fiscal de référence de l’année 2019 (N-2) ne devra pas dépasser la deuxième tranche du barème de l’impôt sur le revenu de l’année 2020* (N-1), soit :

  • 27 794 € pour une personne seule (1 part) ;
  • 55 888 € pour un couple (2 parts) ;
  • 83 382 € pour un couple avec deux enfants (3 parts).

Ce montant est majoré de 50 % par demi-part ou de 25 % par quart de part supplémentaire. 

Dans le cas de personnes établies à l’étranger, le revenu fiscal de référence est déterminé à partir des seuls revenus de source française du foyer fiscal.

Les cotisations sociales

Elles sont à verser chaque mois ou trimestre après déclaration de votre chiffre d’affaires. Le montant des cotisations sociales dépend de votre chiffre d’affaires. Le pourcentage dépend de la nature de l’activité :

  • Achat/vente de produits alimentaires à consommer sur place, prestations d’hébergement : 12,8 %
  • Services et professions libérales non réglementées : 22 %
  • Professions libérales réglementées qui dépendent de la Cipav : 22 %

La Cotisation Foncière des Entreprises (CFE)

Elle est assise sur la valeur locative des biens passibles de la taxe foncière et est due dans chaque commune où l’entreprise dispose de locaux et de terrains. Lorsque la valeur locative est très faible, la CFE est établie sur la base d’une cotisation forfaitaire minimum dont le montant est fixé par la commune en fonction du chiffre d’affaires ou de recettes réalisé en N-2. Le barème de cette cotisation forfaitaire est revalorisé chaque année. 

La CFE n’est pas due l’année de la création d’une entreprise ; elle est seulement due à partir de la deuxième année d’exercice. Les entreprises dont le montant de chiffres d’affaires ou de recettes n’excède pas 5 000 € en sont exonérées.

La contribution à la Formation Professionnelle (CFP)

Elle doit être payée par tous les auto-entrepreneurs qui ont déclaré un chiffre d’affaires positif au cours des 12 derniers mois. Elle prend la forme d’une cotisation à payer au mois ou au trimestre. Le pourcentage dépend du secteur d’activité :

  • Professions libérales réglementées : 0,2 %
  • Commerçants, professions libérales non réglementées : 0,1 %
  • Artisans : 0,3 %

Fiscalité du pays de résidence

Il n’y a pas de règle commune à tous les pays. 

Pour les pays avec lesquels la France a signé une convention fiscale, il n’y aura pas de double imposition. 

Dans le cas contraire, il est possible que vous soyez soumis à une double imposition sur les revenus tirés de votre activité d’auto entrepreneur. 

FACTURATION

Votre domiciliation étant en France, vous pouvez vendre des produits ou services à des pays étrangers. 

Numéro de TVA intracommunautaire : ce numéro est obligatoire pour les entreprises assujetties à la TVA qui sont domiciliées au sein de l’Union Européenne. Ce numéro vous est automatiquement transmis par le Service des Impôts des Entreprises (SIE) au moment de l’immatriculation de votre micro-entreprise.

Dans le cas où vos clients sont situés dans l’Union Européenne 

Vous devrez faire figurer sur chaque facture que vous délivrerez à vos clients, votre numéro de TVA intracommunautaire. Ce numéro constitue une mention légale européenne indispensable aux échanges entre entreprises originaires de deux pays différents.

Dans le cas où vos clients sont situés hors de l’Union Européenne 

L’application de la TVA française dépend de votre activité et de la qualité du client.

N.B : Il est possible de facturer un client dans un autre devise que l’euro. Toutefois, il faudra indiquer la conversion sur les devis et factures. Il est d’usage d’utiliser pour ce faire le taux de change de la Banque centrale Européenne au jour d’édition de la facture ou du devis. Le total de la prestation apparaîtra en euro, puis dans la devise du client en question avec la mention suivante “Taux de change appliqué : EUR/’devise étrangère’, selon les taux de change de référence de la BCE au ‘date du jour’”. 
Pour votre déclaration mensuelle ou trimestrielle de chiffres d’affaires, vous reporterez les montants encaissés en euro, donc avant la conversion établie pour la facture de son client.

/!\ Les factures et devis doivent impérativement être fournis en français même si vous échangez avec vos clients en langue étrangère. Une version traduite peut bien évidemment leur être fournie mais elle n’aura aucune valeur légale pour l’administration. 


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16 commentaires

  1. Bonjour,

    merci pour ce post.
    Où se trouvent les textes de lois accompagnant vos écris ?

    Par exemple sur la convention officielle entre la France et la Hongrie tout porte à penser que ce que vous écrivez est complètement faux en terme de résidence fiscale et d’exercice en dehors de la France.

    – Article 4 pour la définition de résident.
    – Article 14 pour les professions indépendantes.

    https://www.impots.gouv.fr/portail/files/media/10_conventions/hongrie/hongrie_convention-avec-la-hongrie_fd_1777.pdf

    Bien à vous

    1. Pourtant, d’après le paragraphe 14 que vous citez la convention entre la France et la Hongrie évite justement la double imposition…

  2. article partiellement erroné.

    Un auto entrepreneur peut très bien etre non résident fiscal.. En effet les revenus de cette activité peuvent etre accessoire et ne pas constituer le centre des intérets économique de l’individu.

    A ce titre le service des impots est très explicite https://www.economie.gouv.fr/cedef/resident-etranger-micro-entreprise-france

    L’auto entrepreneur ne payera donc des impots que sur ses revenus issu de son activité Française.

    Merci de corriger

  3. Cet article est-il actualisé? Merci beaucoup.
    Je cherche une source officielle pour confirmer ces informations:
    1. Si votre activité d’auto-entrepreneur ne constitue pas votre activité principale mais accessoire, vous ne serez imposé que sur les revenus français issus de cette activité.
    2. Impôt sur le revenu et prélèvement libératoire: Dans le cas de personnes établies à l’étranger, le revenu fiscal de référence est déterminé à partir des seuls revenus de source française du foyer fiscal.

    1. Bonjour Mathilde,

      Pour ces questions très spécifiques, nous vous invitons à bien vouloir vous orienter auprès d’un expert fiscaliste.

  4. Bonjour, dans le conteste de cet article, résider à l’étranger et avoir sa sté domiciliée en France, est-ce que ce qui vaut pour l’autoentrepreneur, vaut pour une SASU ?
    Merci

  5. Bonjour,

    Je m’interroge sur la situation réelle à déclarer lorsque l’on est auto-entrepreneur français résidant en France. et n’ayant qu’un seul contrat de travail avec une entreprise américaine. Doit-on déclarer l’intégralité du salaire perçu en tant CA auprès de l’URSSAF et impôt ou y a-t-il une autre législation sachant qu’il s’agit d’une prestation artistique virtuelle. Où puis-je trouver l’information pour mon fils . D’avance merci

  6. Bonjour,
    Je cite :
    « Vous êtes déjà auto-entrepreneur et vous quittez la France
    Afin de poursuivre votre activité, il est impératif de conserver une adresse de domiciliation en France. Il peut s’agir de l’adresse d’un proche (membre de votre famille, un ami) »
    Je comprends qu’il est possible de domicilier son auto-entreprise chez un particulier en France (famille, ami, etc.) si et seulement il s’agit aussi de la résidence principale de l’entrepreneur, donc impossible pour un auto-entrepreneur qui part vivre à l’étranger. S’agit-il d’une erreur ?
    Cordialement

    1. Bonjour,

      Non ce n’est pas une erreur. Vous pouvez domicilier votre auto-entreprise dans votre résidence principale en France (si vous conservez une résidence en France avant votre départ), ou vous pouvez la domicilier chez un proche (famille, ami…). C’est au choix !

  7. Bonjour,

    Merci pour ce post.
    Qu’en est-il de la CPAM ? Je reste affilié si je reste micro-entrepreneur mais que je réside à l’étranger ?

    Merci

    1. Bonjour,

      En tant que travailleur expatrié à l’étranger, vous devez effectuer certaines démarches pour pouvoir bénéficier du régime de l’assurance maladie française, accessible sous certaines conditions. Vous trouverez toutes les informations ici : https://www.ameli.fr/assure/droits-demarches/europe-international/protection-sociale-etranger/travailleur-expatriation-etranger#:~:text=Pour%20continuer%20%C3%A0%20b%C3%A9n%C3%A9ficier%20du,expatriation%20et%20%C3%A0%20la%20CFE.

  8. Bonjour,
    cet article comporte quelques erreurs et confusions.
    Les conventions fiscales sont effectivement des conventions bilatérales fondées sur le modèle de la convention OCDE.
    Le pays de résidence fiscale est le pays où se situe le « centre des intérêts vitaux ». Cette expression englobe le centre des intérêts familiaux et le centre des intérêts économiques. Le critère principal est le premier (centre des intérêts familiaux). Par exemple, si les enfants de l’entrepreneur sont scolarisés à l’étranger, il est alors fiscalement résident à l’étranger au regard de l’État français. Une abondante jurisprudence est venue consacrer ce principe. En matière de centre d’intérêts économiques, on doit également distinguer les sources de revenus et le patrimoine détenu. L’article 14 précité parle de « base fixe » et non de résidence. C’est l’équivalent, pour une profession libérale, de « l’établissement stable » : dès lors qu’une personne qui peut engager son entreprise réalise un cycle commercial complet (accord sur la chose et sur le prix de la prestation/du bien) avec un certain degré de permanence sur le sol d’un pays : il est taxable dans ce pays pour son activité.
    Il s’agit de notions différentes en ce qui concerne la résidence et la base fixe.
    Ainsi, il faut payer des impôts dans le pays où l’on travaille pour gagner de l’argent (établissement stable/ base fixe) auprès du centre des non-résidents, puis déclarer ces revenus, à nouveau, dans le pays de résidence où ils entreront en compte dans le calcul de l’impôt sur les revenus. Si les deux pays (lieu de résidence et lieu de travail) ont conclu une convention type OCDE, alors le contribuable bénéficiera d’une déduction fiscale ou d’un crédit d’impôt dans son pays de résidence qui sera calculé sur les sommes perçues à l’étranger.
    Enfin, pour la TVA, en principe (sauf option volontaire), en relevant de la micro-entreprise, on ne facture pas la TVA puisque on bénéficie du dispositif de « franchise en base de TVA ». Attention aux mentions obligatoires à porter sur la facture.
    Il est effectivement possible d’avoir son activité économique en France et de résider à l’étranger : attention toutefois à ne pas avoir une activité « fictive ». Une prestation intellectuelle est facilement réalisable en télétravail et là encore, des règles de territorialité s’appliquent (notamment depuis la Covid pour le télétravail) : si vous télétravaillez moins de 50 % dans un pays étranger, alors vous continuez à dépendre du système français. Dès que vous atteignez 50% du télétravail depuis votre résidence à l’étranger, alors votre travail est considéré comme réalisé sur le territoire étranger.
    Enfin, en cas d’activité « à cheval sur la frontière », il y a des conséquences en matière de cotisations sociales (territoire UE : règlement 883/2004 art. 11 et principe d’unité du lieu de cotisation).
    La matière est dense et quelques précisions s’imposaient.
    Merci

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