La diplomatie du vaccin

vaccin covid-19

Le Vatican, combien de divisions ? On prête cette boutade à Staline, qui se serait ainsi moqué de la faiblesse de l’Etat papal comparée à la force soviétique. La puissance militaire reste une donnée majeure de la géopolitique contemporaine mais, en cette période de pandémie, une autre arme devient décisive : celle du vaccin.

Alors que le monde entier lutte contre le coronavirus, certaines nations sont mieux loties que d’autres, ont su faire preuve de plus d’agilité et de rapidité. La découverte et le déploiement des vaccins donnent une première image des nouveaux rapports de force internationaux.

Les Etats-Unis en ont massivement financé la recherche et la production. Alors qu’il ne semblait pas prendre l’épidémie au sérieux, Donald Trump a mis plus de dix milliards de dollars sur la table dès le mois de mars 2020. C’est ainsi que le groupe Pfizer, associé à la start-up allemande BioNTech, et Moderna, piloté par un Français, ont pu se déployer en premiers sur le marché.

La Chine, où est née la Covid-19, n’a pas tergiversé non plus. Certes, là-bas, les décisions ne traînent pas en longueur. C’était aussi le moyen pour le président Xi de faire valoir la grandeur de son pays et de défier les Américains et l’Europe. Les vaccins CoronaVac et Sinopharm sont arrivés. Pékin joue indiscutablement une diplomatie du vaccin pour renforcer sa présence en Afrique, notamment.

La Russie s’est également engagée dans la course. Dès le mois d’août 2020, alors que les tests n’étaient encore terminés, Vladimir Poutine annonçait la sortie de Spoutnik V. Tout un symbole que ce nom qui rappelait, bien sûr, le temps de la conquête spatiale en pleine guerre froide. Moscou entendait ainsi prouver sa force en commercialisant sa solution en Europe centrale, notamment, au nez et à la barbe de l’Union européenne.

Affranchi des règles communautaires depuis le Brexit, le Royaume Uni a saisi l’occasion de la crise sanitaire pour se distinguer. Boris Johnson a fait feu de tout bois en consacrant deux milliards de livres à l’achat anticipé de doses. Il a pu compter sur l’alliance d’AstraZeneca avec l’université d’Oxford, et sur Valneva, un petit laboratoire nantais. Londres voulait prouver que l’on n’est jamais plus fort que lorsque l’on est maître de son destin. Jolie leçon dont sauront se servir les eurosceptiques.

Seule la France donc, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, s’est laissé distancer. La crise sanitaire a révélé nombre de lourdeurs de notre organisation nationale : elles doivent impérativement être réglées. Beaucoup d’enseignements seront à tirer de cette crise sanitaire, mais la course aux vaccins éclaire d’un nouveau jour les rapports de force mondiaux

L’équipe de l’ASFE

4 commentaires

  1. L’analyse est intéressante mais les fondamentaux qui existaient avant la crise ne seront pas profondément modifiés en 2022. La Chine apparaît comme la première puissance économique mondiale avec un énorme potentiel de croissance, l’Inde tarde à s’éveiller mais pourrait être la seconde puissance économique et technologique de la seconde moitié du XXIème siècle. L’Europe ingérable avec des institutions inadaptées est un géant de plomb aux pieds d’argiles… La capacité des USA a maintenir un leadership mondial repose désormais sur la capacité d’une poignée de géants économiques à influencer les modes de vie des peuples au delà des pays occidentaux… Les années qui viennent seront riches en enseignement!

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