L’avenir de la recherche scientifique française

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A l’heure de la mondialisation, l’information court à la vitesse de l’éclair d’un bout à l’autre de la planète. C’est ainsi, qu’en temps réel, la capacité d’adaptation de chaque pays à la crise sanitaire est comparée, avec plus ou moins de pertinence et de justesse. De cet exercice ressortent forcément des bons et des mauvais élèves, des gouvernements plus agiles que d’autres, des systèmes de santé plus ou moins performants. A ce petit jeu, la France est souvent montrée du doigt, avec raison ou excès. Aucun modèle, sur la scène internationale, n’a fait la preuve de son entière efficacité à tous les moments de cette pandémie, qui a débuté il y a plus d’un an maintenant. Or une nouvelle controverse a surgi cette semaine : nos difficultés à mettre au point des vaccins contre le coronavirus.

Sanofi a pris plusieurs mois de retard pour la livraison de son vaccin, qui n’est pas espérée avant la fin de cette année. L’institut Pasteur, quant à lui, vient de jeter l’éponge car ses essais sur une version intra-nasale se révèlent décevants. La question qui se pose est : pourquoi ? Certains y ont vu le symbole de notre déclin scientifique. N’allons pas si vite.

La France est un pays extraordinaire pour la recherche, pratiquement toute discipline confondue. Des centres comme l’Institut Pasteur ou le CNRS sont reconnus dans le monde entier. Nous sommes de ceux qui confient le plus rapidement des responsabilités et la direction de départements de recherche à de jeunes chercheurs. Sont-ils assez rémunérés ? Probablement pas, si l’on compare avec d’autres puissances mondiales, et les Universités – souvent privées – dont les moyens sont bien supérieurs.

Publient-ils assez ? Cela dépend des baromètres, tant les critères de publication sont précis pour pouvoir y entrer. Nous avons un système bien particulier en France : le statut d’enseignant-chercheur, qui mêle pratique et enseignement. Investiguer et transmettre à la fois n’est pas exactement la même chose que de pouvoir se consacrer entièrement à la recherche. Différent ne veut pas forcément dire inférieur, bien au contraire.

Investissons-nous assez ? Il est, sur ce plan, permis d’en douter. Nous consacrons 2,4 % de notre PIB à la recherche scientifique quand l’Allemagne en réserve 2,9% à cet effet, et la Corée du Sud, 4,1%.

L’absence de vaccin français a également fait surgir une autre idée-reçue, qui concerne directement les Français de l’étranger : la France subirait de plein fouet la fuite de ses cerveaux. Les « meilleurs » partiraient, car notre pays ne sait pas les retenir avec les arguments – financiers, de plan de carrière, de confort de travail… – qu’il conviendrait de mettre à leur disposition. La preuve ? Le vaccin Moderna est le fruit de l’inventivité d’un Français, Pascal Bancel, qui s’est exilé outre-Atlantique. Celui d’AstraZeneca doit beaucoup à un autre compatriote, Pascal Soriot, parti outre-Manche présider ce groupe pharmaceutique suédo-britannique. Si les Français partent à l’étranger en grande partie pour des raisons professionnelles, c’est surtout une question d’opportunité qui s’est présentée dans leur vie et qu’ils ont su saisir.

Est-ce forcément un rejet de la recherche française ? Non. Ils sont au contraire souvent fiers de leurs études en France, participent largement à la construction de partenariats entre leur pays d’accueil et leur pays d’origine, et se disent rarement qu’ils « ne reviendront jamais ».

Tentons donc de voir cet « échec » à développer rapidement notre propre vaccin comme un avertissement. Comme dans tous les secteurs, ce sont précisément de nos erreurs que nous apprenons, et cela est plus vrai encore en matière scientifique. La recherche française a de très beaux jours devant elle, si nous y mettons les moyens. Ne soyons pas défaitistes, et trouvons le moyen de nous améliorer, grâce à une critique constructive. En la matière, les Français qui vivent à l’étranger auront un très grand rôle à jouer, tant leurs expériences et leurs compétences sont et seront essentielles au rayonnement de notre pays à l’international.

L’équipe de l’ASFE

3 commentaires

  1. Un article qui fait plaisir à lire. C’ est Serein, Non politisé, Constructif, Positif et avec un Regard sur l’ Avenir.

    Ça fait plaisir  » d’ entendre » parler de la sorte.

    Le Nom du redacteur de l’article devrait figurer.

    Merci et à bientôt.

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