Qui sait le passé peut conjecturer l’avenir ?

Qui sait le passé peut conjecturer l’avenir, disait Bossuet. En ces temps difficiles de pandémie planétaire où l’incertitude du présent le dispute à la peur du lendemain, il est utile de retenir quelques leçons que nous a enseigné l’histoire. Deux Français, qui ont fait l’actualité de cette année 2020, nous conduisent à méditer.

Le premier est le Général de Gaulle, dont on a commémoré les 80 ans de l’Appel du 18 Juin 1940 et les 50 ans de la mort, intervenue à Colombey-les-deux-Eglises, le 9 novembre 1970. Il faut se méfier des analogies hâtives et nul ne sait ce que le fondateur de la Vème République aurait fait dans la crise sanitaire que nous traversons. Il est aisé de louer son esprit de résistance, sa volonté farouche de sauver la nation.

La « guerre » que nous menons actuellement, pour reprendre une formule employée par Emmanuel Macron au mois de mars, n’a rien de commun avec celle de 1939-1940. Il n’est pas inutile, en revanche, de penser à l’avenir, quand sonne l’heure de la reconstruction. C’est sur les ruines des combats, après la Libération, que le Général de Gaulle a bâti la société française de la seconde partie du XXème siècle. Le fameux modèle social, dont nous continuons à nous prévaloir, est sorti de sa manche, œuvre qu’il a poursuivie à l’occasion de son retour au pouvoir en 1958.

L’homme qui avait « une certaine idée » de la France a su la transformer dans les faits et la période dite des « Trente glorieuses », symbole d’une croissance économique insolente, lui doit beaucoup. Il nous a laissé des institutions fortes, gage de stabilité politique, qui permettent à nos gouvernants de travailler dans la durée.

A ces derniers donc de préparer, dès maintenant, la sortie de la pandémie quand viendra le moment de réparer notre pays, frappé par le chômage de masse, les faillites d’entreprises et les tensions sociales. Charles de Gaulle s’appuyait sur le Commissariat au Plan, fondé en 1946, qui donnait les grandes priorités à traiter. Son lointain successeur à l’Elysée a décidé de renouer avec cette pratique puisqu’il vient de nommer François Bayrou haut-commissaire au Plan, chargé d’animer et de coordonner les travaux de planification et de réflexion prospective. Souhaitons qu’elle éclaire le bout du tunnel…

La seconde figure qu’il est de notre devoir de saluer vient de nous quitter. Il s’agit, bien sûr, de Daniel Cordier, héros de la Résistance intérieure, secrétaire particulier de Jean Moulin, mort le 20 novembre dernier, à l’âge de 100 ans. La mémoire de cet homme exceptionnel évoque immanquablement une part de la grande geste de la France libre.

Celle-ci est née à Londres, a été sublimée par les détenus du fort Montluc et les fusillés du Mont-Valérien, avant d’être exaltée par le Chant des partisans, l’oraison de Malraux au Panthéon, et « L’Armée des ombres » de Kessel et de Melville. Daniel Cordier était l’avant-dernier survivant des Compagnons de la Libération. Ils étaient 1038 à la création de l’Ordre par le Général de Gaulle. Ne reste plus aujourd’hui qu’Hubert Germain, ancien ministre de Georges Pompidou et, lui aussi, centenaire. L’action historique de ces Compagnons de la Libération doit rester comme une leçon de courage et de fidélité pour les temps présents

L’équipe de l’ASFE

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