Présidentielle américaine, entre incertitudes et divisions

Le suspense aura duré jusqu’au bout. Ces élections américaines auront mis le monde et les Etats-Unis sur les nerfs. Il faut bien reconnaître que la première puissance mondiale a montré à cette occasion un visage pour le moins inquiétant en ce début de XXIème siècle, déjà chargé d’incertitudes.

Nous aurons, bien sûr, l’occasion de revenir sur le vainqueur de ce scrutin on ne peut plus serré, qui a beaucoup mobilisé les Américains. Ils ont été quelque 160 millions à voter sur près de 250 millions d’électeurs inscrits, soit plus de 20 millions à s’être prononcés qu’en 2016. Mais, au-delà, quelques observations s’imposent.

D’abord, voir la plus grande démocratie mondiale, ou supposée telle, se perdre dans un système électoral aussi désuet que compliqué laisse songeur. Les expériences de 2000 entre George W. Bush et Al Gore, quand le vainqueur n’avait été connu qu’un mois après le dépouillement, puis de 2016, lorsque Donald Trump avait battu Hillary Clinton – laquelle avait pourtant remporté deux millions de voix de plus -, auraient pu conduire à un dépoussiérage des règles et techniques de vote. Le suffrage universel indirect à la mode américaine a plus d’inconvénients que d’avantages. Ce pays, si innovant, si prompt à épouser toutes les voies de la modernité, offre une image peu exemplaire de transparence.

A cela s’ajoute la faillite des instituts de sondage et autres cercles de prospection qui donnaient tous, ou presque, une victoire haut la main, voire certaine, de Joe Biden. La politique n’est certes pas une science exacte, mais elle impose à ceux qui la scrutent prudence et distance. Les experts, mus par leur anti trumpisme manifeste tout au long de la campagne, auraient-ils péché par une partialité inavouée ? Ou bien les électeurs du président sortant ont-ils caché leur vote dans les enquêtes d’opinion ; ce vote dit « honteux » lorsque le choix se porte sur un candidat politiquement incorrect ? L’une et l’autre de ces deux hypothèses ne sont pas à exclure.

Enfin, ce scrutin serré prouve que les Etats-Unis restent un pays divisé. A la lumière de cette élection, la fracture entre républicains et démocrates semble transcender les différences ethniques. Tous les « latinos » ne se sont pas exprimés pour Joe Biden, loin s’en faut. Probablement sont-ils attachés à certaines valeurs, comme la famille, mieux mises en avant par Trump. Quant au remuant mouvement « Black lives matter » (la vie des Noirs compte), il a peut-être été électoralement surestimé en faveur du candidat démocrate. Une chose est certaine, la gestion de la pandémie, si contestée et qui a causé une forte mortalité dans les Etats du sud, plutôt favorables aux républicains, a moins pesé que prévu.

L’Amérique restera-t-elle l’Amérique, ce pays dynamique et puissant ? On peut compter sur sa capacité à surmonter les épreuves. On doit aussi le souhaiter pour lui, et le reste du monde…

L’équipe de l’ASFE

2 commentaires

  1. Les Usa sont le pays « étalon » du monde et un melting pot de toutes les nations. Je ne vois pas d’autre pays qui pourrait y prétendre. Laissons les choses s’apaiser.

  2. Sans la pandémie, Trump aurait gagné cette élection haut la main. Mais même avec la pandémie il aurait pu gagner s’il avait été malin et pas fou comme il l’a été. Comme son autorité sur la santé était minime car de la responsabilité des gouverneurs, il suffisait pour lui de la fermer ou d’être tout compatissant avec les Américains. Mais il ne peut pas s’empêcher de l’ouvrir et souvent pas à bon escient. Tant pis pour lui.
    Les (vrais) Républicains lui feront payer cher.
    Quant au gaucho-démocrates ils vont avoir contre eux le Sénat qui a l’autorité sur les nominations que fera Biden, et la Cour Suprême qui redoublera de vigilance.
    Où est mon Amérique bi-partisanne des années 80?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *