Le 4 août dernier, une double explosion terrible détruisait une partie de la ville de Beyrouth. Les dégâts humains et matériels sont extrêmement considérables. Surtout, l’événement est survenu à une période politique déjà extrêmement instable pour le Liban.
L’équipe de l’ASFE s’est entretenu avec Ghassan Ayoub, conseiller des Français de l’étranger au Liban, sur la situation actuelle au Liban.
Comment avez-vous vécu, en tant que Français et en tant que Libanais, la situation dramatique qu’a éprouvée le Liban ces dernières semaines ?
Détresse et colère, deux mots qui résument le vécu quotidien depuis le 4 août. L’onde de choc a détruit toute lueur d’espoir chez les gens. En l’absence de l’Etat libanais les citoyens se sont organisés avec l’aide des ONG pour venir en aide à tous les quartiers affectés par l’explosion. Après un mois « toujours sous le choc » une phrase que l’on entend tous les jours.
Les cercles de Français au Liban se sont-ils mobilisés à la suite de la double explosion ?
Disons que dès le lendemain de l’explosion, le consulat général de France à Beyrouth a mis en place une cellule de crise pour gérer au quotidien les problèmes de nos compatriotes. Quelques 700 personnes se sont manifestées pour consulter des psychologues, pour recevoir des aides matérielles et avoir un appui moral.
Constatez-vous beaucoup de retours en France ? Pensez-vous qu’il s’agisse de retours à court ou long terme ?
Il y a des retours de familles qui ont des enfants et surtout qui ont les moyens financiers. Sachant qu’au Liban, il y a une crise financière sans précédent. Les gens ne peuvent plus faire des transferts d’argent des banques. Parmi les jeunes, beaucoup veulent continuer leurs études dans des universités françaises. Avec l’octroi des visas Schengen, les Libanais sont nombreux à vouloir quitter le pays. Malheureusement la perte d’espoir, l’avenir incertain poussent les gens à émigrer.
Comment voyez-vous la mobilisation française au Liban, alors que les visites présidentielles et ministérielles se sont succédées ces dernières semaines ?
Les deux visites présidentielles, les visites des ministres et des secrétaires d’Etat ont des répercussions directes sur la vie au Liban. Les militaires français aident l’armée libanaise, les avions et bateaux amènent des aides de tous genres (médicaments, nourritures…). C’est un soutien pour reconstruire la ville. L’action politique se résume dans le soutien de la France pour pouvoir se débarrasser de la classe politique actuelle. Un espoir d’arriver à un nouveau pacte.
Existe-t-il encore des perspectives de développement économique et social pour le Liban ? Y croyez-vous encore ? La double explosion aura-t-elle été le coup de grâce ou le point de départ de nouvelles ambitions pour le peuple libanais ?
Le Liban est un pays dont les valeurs politiques et culturelles sont plus grandes que le pays lui-même. Le Liban renaîtra de ses cendres, c’est le miracle libanais dû à cette diversité et liberté. Malgré toutes les tensions qui montent, il y a toujours le respect de l’autre, le vivre ensemble. Grâce au soutien indéfectible de la France, le Liban pourra tôt ou tard, sortir de cette crise économique qui affecte tous les secteurs du pays.