Sûreté du business des Français de l’étranger : le Liban

ville bord de mer

Situé au Proche-Orient, le Liban partage ses frontières avec trois pays : la Syrie, Israël et Chypre. C’est un régime parlementaire, dans lequel le président est élu directement par le Parlement.

L’économie libanaise s’est profondément affaiblie à cause de la guerre civile syrienne qui a débuté en 2011. La paupérisation de la population libanaise, l’augmentation du coût de la vie et des impôts, la fragilité des infrastructures vitales et le mécontentement social ont provoqué d’importantes manifestations en octobre 2019. Ces dernières ont déclenché une crise politique conduisant le Premier ministre sunnite Saad Hariri à démissionner. En décembre dernier, c’est l’ancien ministre de l’éducation sunnite Hassan Diab qui s’est vu charger, par le président chrétien Michel Aoun, de former un nouveau gouvernement.

Aujourd’hui, la profonde crise politique qui touche le pays ne semble pas s’atténuer. D’autant plus que les conditions économiques locales ne se sont toujours pas améliorées. Crise politique, économique, sociale mais également sécuritaire. En effet, la région du Levant est encore aujourd’hui une zone délétère. Une pléiade de menaces reste perceptible : terrorisme, délinquance, attentats, transports, etc.

Les Français vivant au Liban sont confrontés à une multitude de risques. Quelle est la nature de ces risques ? Quelles zones éviter ? Quelle est la situation économique du pays ? L’ASFE fait le point pour vous.

I. Contexte sécuritaire

  • Une menace terroriste alimentée par le conflit armé syrien

Le risque terroriste demeure prédominant au Liban, notamment du fait que le conflit armé en Syrie ne s’essouffle pas. Il n’est pas rare de voir des affrontements à la frontière libano-syrienne entre jihadistes et l’armée libanaise. A titre d’illustration, en juin 2016, une série d’attentats kamikazes a fait 5 morts dans le village frontalier de Qaa.

Les vagues d’attentats ne se limitent pas qu’aux frontières, de grandes villes libanaises ont également été victimes. Le 10 janvier 2015, un attentat à Tripoli a provoqué la mort de plusieurs personnes. Plus récemment, le 21 janvier 2017, un attentat suicide a été évité in extremis par les forces de sécurité dans la capitale, à Beyrouth.

Outre des affrontements armés qui peuvent survenir dans la région, des enlèvements et séquestrations à caractère terroriste peuvent également se produire. Du fait de ce contexte sécuritaire dégradé et à la suite des événements survenus en Irak début 2020, il est formellement déconseillé de se rendre dans de nombreuses zones libanaises (voir carte du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères ci-dessous).

De fortes tensions communautaires sont visibles dans la région. Le Liban compte plus d’une dizaine de communautés religieuses. Il est fortement conseillé aux ressortissants français d’éviter les grands rassemblements et de s’informer régulièrement de la situation sécuritaire du pays.

  • D’importants risques routiers

Il est fortement recommandé aux touristes ou ressortissants français de s’informer au préalable de la situation routière (embouteillages, routes bloquées, manifestations, etc.). Par ailleurs, sur la route menant à l’aéroport, il est préférable d’emprunter l’autoroute reliant Beyrouth à Saïda plutôt que la route traversant les quartiers sud de Beyrouth.

Les cas d’escroquerie ou d’agression avec les taxis sont fréquents. Il est alors conseillé d’éviter de recourir aux « taxis services » collectifs et de s’adresser plus particulièrement aux taxis portant le nom d’une société sur leur borne lumineuse.

A l’arrivée d’un barrage routier, il convient de ralentir, de conserver son calme et de coopérer avec les forces de sécurité. Le nombre de décès au volant (1000 par an) étant 4 fois plus élevé que la moyenne européenne, il est recommandé de rester très vigilant.

  • Une délinquance en hausse

Indéniablement liée avec la crise économique et sociale, la délinquance est en nette augmentation au Liban (vols, cambriolage, vols de véhicule, etc.) et en particulier dans la région de Beyrouth. La cible favorite des délinquants reste bien évidemment les touristes étrangers. Ces derniers sont souvent victimes de vols à main armée dans des taxis collectifs. Au vu de cette situation, il est alors fortement recommandé de ne pas rester seul dans les rues, notamment la nuit.

II. Contexte économique et social

  • Une économie paralysée

Comme précisé dans l’introduction, la croissance économique libanaise est fortement impactée par la guerre civile syrienne. Cependant, d’autres facteurs de ralentissement peuvent être observés. Depuis le premier semestre 2019, l’économie libanaise stagne an raison du manque d’investissements privés dans de nombreux secteurs.

Une économie également fragilisée en raison de la baisse de la consommation publique et privée. En effet, les ménages ont de moins en moins confiance dans les politiques publiques. Ce manque de confiance provient notamment de la hausse des impôts, des réductions de salaires et du licenciement massif. Le pouvoir d’achat n’est pas favorisé au Liban, ce qui impacte directement la consommation générale du pays et donc la croissance économique.

L’important déficit budgétaire du pays réduit le périmètre d’action gouvernemental. L’investissement public pour la consommation reste donc faible et peu encourageant. La crise économique affecte également la confiance des investisseurs dans la monnaie locale. Les flux d’IDE (Investissement Direct à l’Etranger) se trouvent donc limités.

La pacification du conflit armé syrien favoriserait incontestablement l’économie libanaise et plus particulièrement les exportations. En effet, les relations commerciales seraient davantage sécurisées, les routes régionales n’apparaitraient plus comme des théâtres d’affrontements armés, les chaînes d’approvisionnement se multiplieraient et la confiance des touristes étrangers serait retrouvée.

  • Une dette publique parmi les plus importantes au monde

Malgré quelques points forts comme son important potentiel commercial et sa forte attractivité touristique, le Liban possède l’un des plus importants ratios de dette publique par rapport au PIB au monde. Pour faire face à cela, le Liban a décidé d’adopter, en 2019, un budget d’austérité. Pour le moment, peu de résultats positifs sont perceptibles à cause de la crise. Il est peu probable que la situation s’améliore avec l’épidémie de coronavirus qui frappe sévèrement les économies de tous les continents. Le gouvernement libanais devrait, une nouvelle fois encore, connaître un important déficit budgétaire en 2020.

Un bilan budgétaire négatif qui ne permettra pas non plus au Liban d’alléger sa dépendance à l’aide extérieure. Cette absence de progrès dans la réduction du déficit budgétaire devrait limiter la capacité du Liban à attirer des entrées de capitaux étrangers.

Conclusion

Les temps sont difficiles pour le Liban. L’accroissement des risques sécuritaires, dû principalement au conflit armé syrien, ne favorise pas la situation économique et politique du pays. Bien au contraire. Les investisseurs étrangers ne sont pas les seuls à ne plus avoir confiance dans la politique libanaise, le peuple également.

La politique d’austérité conduite par le gouvernement libanais pour combattre le fort déficit budgétaire créer un mécontentement social général. Les licenciements se multiplient, le pouvoir d’achat diminue, la demande interne se dégrade et la crise économique s’amplifie.

D’importants défis politiques sont alors à venir pour le jeune gouvernement de Hassan Diab :
– Participer activement à la pacification du conflit armé syrien ;
– Réformer structurellement le pays afin d’apaiser la colère sociale et relancer l’économie. Le sentiment d’exaspération et d’injustice des manifestants libanais est encore mûre et loin d’être apaisé. Les contestataires du pouvoir revendiquent principalement la fin d’une élite dirigeante, de la corruption et du clientélisme ;
– Alléger sa dépendance à l’aide extérieure et exploiter son fort potentiel à attirer les IDE.

L’équipe de l’ASFE

Sources :
– COFACE : https://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Liban ;
– Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères : https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/liban/#voyageurs_affaires
– Le MOCI : https://www.lemoci.com/fiche-pays/liban/risques-pays/
– La Banque Mondiale : https://donnees.banquemondiale.org/pays/liban

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