Revers en série
La rentrée du Premier-ministre britannique est pour le moins délicate. Le premier accroc débute mardi 3 septembre. Boris Johnson a été abandonné par l’opposition et surtout 21 députés conservateurs lors d’une motion à propos de l’agenda parlementaire. Ladite motion votée au désavantage du gouvernement Johnson redonne le contrôle de l’agenda du Brexit au Parlement.
Ces parlementaires se sont alliés afin d’éviter un Brexit sans accord, scénario le plus redouté par les décideurs économiques, lourd de conséquences pratiques pour le Royaume-Uni. Les premières victimes de ce camouflet sont les 21 « mutins » opposés à Boris Johnson – dont notamment le petit-fils de Winston Churchill – exclus du mouvement conservateur dès le lendemain.
Mercredi 4 septembre, le premier-ministre a riposté en proposant des élections anticipées, pour le 15 octobre 2019, mais il n’a pas obtenu la majorité des deux-tiers. Les parlementaires britanniques refusent le no-deal. Une majorité d’entre eux a proposé un texte dont la teneur est de contraindre Boris Johnson à solliciter auprès de Bruxelles un report du Brexit pour le 31 janvier 2020. Le Premier-ministre a réagi en assurant ne pas entraver ce texte dans les étapes de va-et-vient entre les deux chambres.
Une addition encore plus lourde
Il est clair que les britanniques devront manoeuvrer finement. En effet, cet interminable no-deal, fait enfler les coûts, au point que le Trésor doit consacrer 2,2 milliards de livres en plus. Le total des sommes dédiées à la sortie depuis le referendum de juin 2016, s’élèvent à 8,3 milliards de livres. Sans oublier que la livre sterling se déprécie ce qui n’arrange rien pour le consommateur britannique.
Ces prochaines semaines seront décisives pour les citoyens britanniques. Il s’agit en effet de savoir si l’on veut une séparation de bon sens ou bien un divorce brutal qui n’est bon pour aucun européen. Le bras de fer entre Michel Barnier et Boris Johnson n’est pas encore terminé, mais ce sera au détriment – au moins à court terme – du citoyen britannique qui voit une incertitude forte peser sur sa capacité à consommer. Les déconvenues de la première dizaine de septembre portent un coup d’arrêt à l’élan du Premier-ministre britannique Boris Johnson, et souligne encore davantage le casse-tête britannique. Le rapport secret britannique “Operation Yellowhammer”, ne contribue pas à améliorer le climat actuel et évalue les conséquences les plus brutales d’un Brexit sans accord. Tout ceci laisse augurer un scénario de panique du côté de Londres et l’apparition de pénuries d’un certain nombre de biens si un no-deal se réalise. La probabilité d’un Brexit sans accord se rapproche chaque jour davantage. Souhaitons à ceux qui sont aux responsabilités la sagesse, la lucidité et la pondération pour ne pas assister à un scénario dramatique au delà du channel.
Le Figaro (voir ici)
Le Monde (voir ici)
Les Echos (voir ici)