La gastronomie, un outil diplomatique

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Tandis que la gastronomie reste un vecteur culturel majeur et que nombre de chefs français s’exportent avec réussite dans le monde, l’American University, à Washington, propose désormais des cours de «gastrodiplomatie».  A l’heure du soft power, la gastronomie se pose comme un outil d’influence et un instrument diplomatique essentiel.

Talleyrand et la diplomatie culinaire

Dès la fin du XVIe siècle, avec le développement de mécanismes de négociation et l’essor de la diplomatie entre Etats, l’art de table devient une priorité pour les ambassadeurs et gouvernants de l’époque, symbolisant un cadre de réunion propice à la négociation.

Lors le Congrès de Vienne de 1814, la gastronomie -au même titre que les salons ou les bals- apparaît comme un argument majeur pour faire bonne figure et convaincre le camp adverse d’accorder des avantages. La France, puissance vaincue a su mettre au profit son savoir faire en termes de gastronomie pour faire bonne figure lors de ce Congrès qui durera près d’un an. Talleyrand, « le Diable boiteux », à la réputation sulfureuse car il survit à tous les changements de régime, joue sa carte de fin diplomate et fait preuve de sens politique aigu. Le représentant du roi Louis XVIII fait ainsi confiance au chef cuisinier Antonin Carême, afin de permettre au souverain de se légitimer sur la scène européenne. Pendant plus de sept mois, Talleyrand et Carême organisent des dîners réunissant les principaux diplomates, épatant les convives avec leurs 48 entrées, des rôtis, homards, entremets, et d’extraordinaires pâtisseries en forme de village ou de château et lançant des concours de meilleur fromage.
Antonin Carême devient ainsi le « Roi des cuisiniers et le cuisiniers des Rois » et Talleyrand le père de la diplomatie culinaire à la Française. La diplomatie voit ainsi l’art culinaire comme un moyen de rendre la négociation agréable, de recréer une ambiance propice à la négociation.

Goût de France

De nos jours encore, les règles de protocole attribuent une importance primordiale aux déjeuners diplomatiques et le menu est peaufiné. Ainsi, en mars dernier, Emmanuel Macron reçoit son homologue chinois Xi Jinping en grande pompe avec un dîner marquant.
Autre illustration de la place de la gastronomie française, l’évènement « Goût de / Good France », annuellement organisé par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et le Ministère de l’Economie, décliné également dans les ambassades françaises dans le monde.

Organisée depuis 2011, cette fête de la gastronomie met en avant le savoir faire français en la matière et rend hommage au repas français, inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO depuis 2010. En 2017, 3500 restaurants et 156 ambassades de France et consulats dans 152 pays ont participé à l’évènement.

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