EDITO DE LA NEWSLETTER #153

Chères élues, chers élus,

La France est entrée cette semaine dans un conflit social dur dont l’issue sera déterminante pour l’avenir de notre pays. Appuyés par les syndicats, les cheminots de la SNCF ont décidé d’une grève d’une forme inédite – deux jours d’arrêt de travail suivis de trois jours de reprise – et ce, pendant trois mois. Chacun a en mémoire le précédent de décembre 1995, quand le pouvoir de l’époque avait reculé pour mettre fin à un mois de paralysie des transports. Les grévistes avaient alors reçu le soutien des Français dont il avait été dit qu’ils observaient ainsi une « grève par procuration ».

Vingt-trois ans après, la donne a changé. D’abord, cette réforme de la SNCF ne prend personne en traître puisqu’elle avait été annoncée par Emmanuel Macron pendant sa campagne électorale. Ensuite, selon les sondages, les Français semblent y être plus favorables que par le passé. Le service rendu par l’entreprise publique s’est considérablement dégradé ces dernières années : pannes à répétition, retards fréquents sans compter des tarifs élevés. Quant à l’information des voyageurs, elle laisse souvent à désirer. Certains syndicalistes parient sur une convergence des luttes, qui verrait s’agréger tous les mécontentements exprimés dans le pays, non seulement celui des cheminots, mais aussi celui des personnels hospitaliers, des retraités, des fonctionnaires, des étudiants, des éboueurs… Personnellement, j’ai le sentiment que cette coagulation ne se fera pas car les motifs de la grogne ne sont pas les mêmes partout, loin s’en faut.

De mon point de vue, il est essentiel que la réforme de la SNCF soit adoptée et appliquée. L’ouverture à la concurrence obligera l’entreprise publique, pour être compétitive, à se débarrasser des pesanteurs liées au statut de son personnel et à revoir sa politique tarifaire. D’autres secteurs, comme les télécoms, le transport aérien ou l’audiovisuel, ont naguère eu à gérer cette mutation, et les Français ne s’en plaignent pas aujourd’hui.

En dépit de la pression des syndicats, le gouvernement ne doit en aucun cas reculer. Une telle attitude serait un très mauvais signal qui compromettrait sa capacité à conduire les autres réformes nécessaires à la rénovation de notre pays. Une rénovation dont la France a tellement besoin après tant d’années d’immobilisme.

Jean-Pierre Bansard

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