Chères élues, chers élus,
Vous êtes nombreux, parmi vous, à vivre au-delà de la Méditerranée. J’imagine donc que vous avez suivi avec une attention particulière les deux voyages que notre Président de la République vient d’effectuer en Afrique : d’abord au Burkina Faso, puis en Côte d’Ivoire et au Ghana et enfin ces dernières heures, en Algérie.
Emmanuel Macron a annoncé à Ouagadougou, dans un discours fleuve, que la politique africaine de la France n’existait plus. On peut interpréter cette formule de différentes façons. Cependant, selon moi, le chef de l’Etat a voulu ainsi signifier que certaines pratiques du passé, pas toujours très limpides, étaient révolues. L’ensemble de ces déclarations montre effectivement qu’il veut nouer une nouvelle relation avec l’Afrique, fondée sur la confiance et les valeurs du partenariat. Son objectif est de lancer un nouveau pacte impliquant moins les Etats et les institutions que la société civile et les acteurs économiques.
Je ne peux que me réjouir de cette philosophie, marquée du sceau de la sagesse, car nous avons besoin les uns des autres. « C’est en Afrique que se jouera une partie du basculement du monde. Si l’Afrique échoue, l’Europe échouera », a indiqué Emmanuel Macron. Il a cent fois raison. Plus l’Afrique se développera, moins l’Europe et la France seront en butte à des problèmes d’immigration, d’intégration, de communautarisme, etc.
Les deux continents ont destin lié. A nous, Africains et Européens, de jouer. Cela passe par des efforts dans les domaines de l’éducation et de la formation, ce que le président devrait d’ailleurs rappeler à l’occasion de sa visite au Sénégal, en février prochain. Cela passe aussi par un soutien actif aux jeunes Africains qui veulent entreprendre chez eux. J’applaudis des deux mains la création d’un fonds d’un milliard d’euros en faveur des PME africaines. Il devrait être financé par la Banque publique française d’investissement et l’Agence française de développement.
L’histoire reste l’histoire, et l’on ne l’effacera pas de nos mémoires, qu’elle soit sombre ou glorieuse. Mais arrêtons de la ressasser. Place à l’avenir, c’est lui seul qui compte. Tout est à construire pour qu’Européens et Africains marchent d’un même pas, main dans la main, sur les chemins de la mondialisation. Jean d’Ormesson, écrivain et observateur d’immense talent et de grande clairvoyance, vient de nous quitter. Un jour qu’on l’interrogeait sur l’Afrique, il avait eu ces mots : « Nous venons tous de la même source. Nous sortons tous de la même matrice. Nous sommes tous des Africains modifiés par le temps ». Une citation à bien méditer…