Chères élues, chers élus
Après une période de silence éditorial dû aux élections sénatoriales, je reviens vers vous avec infiniment de plaisir. Comme d’habitude, toutes les semaines, je vous donnerai mon regard sur l’actualité nationale et internationale. Vous pouvez compter sur moi.
Cette semaine, c’est une inquiétude que je voudrais vous faire partager. La fièvre régionaliste, voire indépendantiste, qui saisit l’Europe ici et là doit être prise très au sérieux. L’Union européenne, déjà guère vaillante, en proie à mille tourments, n’avait vraiment pas besoin de ce vent de révolte qui gronde en plusieurs endroits.
Bien sûr, il y a la Catalogne, qui veut larguer les amarres qui la relient à l’Espagne. Le feuilleton qui oppose Barcelone et Madrid n’est pas terminé, mais je redoute sa fin qui sera, de toute manière, brutale. Il y a la Lombardie et la Vénétie, qui viennent, chacune par référendum, d’exprimer le souhait de plus d’autonomie. En décembre, ce seront les Corses qui voteront dans le cadre de l’instauration d’une collectivité unique. Les autonomistes partent grands favoris pour obtenir la majorité…
Demain, les Flamands voudront-ils quitter la Belgique ou les Bavarois, l’Allemagne ? Les Ecossais songent, quant à eux, à organiser une nouvelle consultation après celle perdue par les indépendantistes en 2014 pour divorcer de la Grande Bretagne.
Sans nier les causes historiques qui peuvent expliquer – sans les justifier – ces aspirations régionalistes, je vois tout de même dans cette tentation séparatiste qui traverse l’Europe une forme de dangereuse régression. D’abord, elle manifeste un égoïsme certain. En Catalogne comme en Lombardie, c’est beaucoup un sentiment de supériorité économique qui motive les sécessionnistes, sur le mode : « on en a assez de payer pour les autres ». Ensuite, cette tentation alimente un populisme facile qui peut vite dégénérer et menacer la paix. Enfin, et surtout, cette tentation lézarde l’Union européenne. Or, face aux géants que sont les Etats-Unis, la Chine et l’Inde, le Vieux Continent doit faire bloc si ses propres pays veulent continuer à peser sur la marche du monde. Dans ce but, il faut à tout prix défendre l’Europe des nations pour éviter qu’une Europe en confettis se noie dans le tourbillon de la globalisation.
Cette Europe des nations, c’est à ses responsables de la rendre acceptable, compréhensible et attrayante à tous les peuples qui la composent. Cela n’a malheureusement pas toujours été le cas…