Il y a une semaine, l’Assemblée nationale votait la censure du Gouvernement. Comme le prévoit la Constitution, Michel Barnier présentait, le lendemain, sa démission et celle de son Gouvernement.
Or dans l’attente d’un nouveau Premier ministre et d’un nouveau Gouvernement, les ministres sortants restent à leur poste, pour gérer « les affaires courantes ». Une notion découverte en juin dernier, juridiquement assez floue, donc à géométrie variable.
L’attente connue cet été – avec la « trêve olympique » – ne devrait cependant pas se prolonger. Le Président de la République s’est engagé, mardi, à nommer un Premier ministre dans les 48 heures. C’est-à-dire aujourd’hui.
Mais l’équation reste largement insoluble. Avec la tripartition issue des dernières élections législatives – celles qu’il a lui-même provoqué en prononçant la dissolution, une décision « mal comprise » a-t-il reconnu sans à aucun moment la remettre en cause – la formation d’une coalition durable se révèle particulièrement complexe. Il faut donc rentrer dans les détails de chaque groupe politique du Parlement pour s’assurer que le compte y est. Or en intégrant un groupe dans un futur gouvernement, le risque est d’en perdre un autre : ce qui se produit actuellement dans la négociation pour la prise en compte aussi bien des LR – Laurent Wauquiez ne voulant pas participer à un gouvernement où la gauche serait présente – que du PS, qui s’est considérablement détaché du Nouveau Front Populaire cette semaine, sans pour autant vouloir une rupture.
L’exercice de la coalition favorise nécessairement des profils plus centristes, capables de rassembler autour d’eux des ministres issus d’horizons politiques différents. Mais la personne désignée doit aussi incarner l’État et être à la hauteur de la situation, en particulier avec les crises qui se multiplient (budgétaire, sociale, agricole…). Or aucun nom ne semble s’imposer avec la force de l’évidence. Surtout, aucun nom ne semble pouvoir réunir de façon suffisamment large pour éviter une nouvelle censure, qui pourrait venir très vite, c’est-à-dire dès l’examen du budget.
Cette situation n’a pas que des conséquences internes. Sur le plan international, notre pays est observé, avec étonnement et inquiétude. Notre poids diplomatique ne cesse de s’amenuiser. Nous n’avons plus de Gouvernement, ni de ministre de l’Europe et des Affaires étrangères fort, alors que le monde n’a pas arrêté de tourner : accord avec le Mercosur, chute du régime syrien, situation plus globale du Proche-Orient, de l’Ukraine, de l’Afrique, conséquences de l’élection de Trump qui prendra ses fonctions dans quelques semaines… sans interlocuteurs fiables, avec des ministres qui ne cessent de valser, nos relations bilatérales et multilatérales en pâtissent forcément.
Avec la composition actuelle du Parlement, les perspectives de stabilisation restent faibles. Il ne faudrait pas que la crise institutionnelle que nous traversons ne se mue en crise de régime…
L’équipe de l’ASFE