Le 16 mars, le président de la République s’est exprimé sur les grandes orientations du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), à l’occasion de la clôture des États généraux de la diplomatie. Retour, en substance, sur son discours devant les hauts fonctionnaires.
Les Etats généraux de la diplomatie
Annoncés le 1er septembre 2022 par le président Emmanuel Macron, les États généraux de la diplomatie ont donné lieu à un travail de consultation des agents sur la diplomatie française et son évolution. Associant également les parties prenantes de l’action extérieure de la France, le rapport final de ces États généraux dresse un tableau de notre diplomatie et formule des recommandations pour la renforcer et l’adapter aux nouveaux défis mondiaux.
Avenir de la diplomatie
Lors de son intervention, le chef de l’État a témoigné aux personnels diplomatiques et consulaires sa reconnaissance pour leur action en France et à l’étranger, et a également formulé ses attentes pour l’avenir de notre diplomatie dans cette période tendue où les crises s’additionnent.
Emmanuelle Macron a établi les « quatre traits dominants » de la « diplomatie dont notre pays a besoin à l’horizon de la décennie. »
- Le premier étant « un cœur de métier profondément rénové ». Cela passe, premièrement, par une création de cercles de solidarité et des alliances qui permettront à la France d’affronter un monde qui change et une géopolitique qui devient « un système contradictoire, fait de coalitions mouvantes et d’inévitables polarisations. » Pour y parvenir, il propose de se focaliser sur le renforcement de « la capacité d’analyse des directions politiques », la consolidation de « notre culture stratégique » et l’augmentation des capacités d’anticipation à travers des équipes projet ou des « task forces. »
Il souligne aussi l’importance de bâtir des partenariats et « d’aligner l’ensemble des opérateurs » de l’action française à l’étranger en vue de créer une cohérence politique. L’objectif étant de rendre l’action française à l’étranger “plus lisibles pour nos partenaires et alliés, plus lisibles aussi pour les pays auprès desquels nous allons défendre nos intérêts et bâtir des coalitions”. - Le deuxième trait dominant est « une diplomatie qui se structure autour de la capacité d’influence » pour lutter contre les « discours de déconstruction, ou de révision de ce que serait notre propre passé et l’action des autres ». Le chef d’Etat a exprimé son inquiétude vis-à-vis du sentiment anti-français qui se propage dans certains pays d’Afrique.
Pour cela, il propose de « changer radicalement d’échelle pour notre dispositif de communication mais aussi moderniser nos outils » surtout pour la nouvelle bataille diplomatique qui se retrouve sur les réseaux sociaux, « qui sont un lieu de la guerre hybride. » Il faudra aller « chercher aux avant-postes celles et ceux qui font l’action politique, mais aussi les opinions publiques » pour mieux comprendre les pays dans lesquels s’investit la France. - Le troisième trait que le Président a abordé est « une diplomatie qui prend pleinement le tournant des enjeux globaux. » Il voudrait forger une diplomatie française qui sera capable de nouer des accords et des contrats avec d’autres pays notamment sur les sujets de « l’alimentation, l’énergie, le climat, la biodiversité, mais aussi l’éducation, la santé, les grands sujets culturels. » Il espère qu’une action internationale sur ces sujets pourra naître grâce à une organisation et coordination interministérielle.
- Le dernier trait est « une diplomatie plus proche des Français » Le président souligne les interactions importantes et fréquentes des Français avec la diplomatie. Il remercie les efforts des diplomates pendants ces dernières crises mais propose d’en « faire davantage, faire mieux, simplifier, dématérialiser. » Il aimerait poursuivre des efforts engagés pour le doublement de l’enseignement français à l’étranger et pour créer « une réserve diplomatique citoyenne qui permettra de diffuser cette culture. »
Des moyens renforcés
Pour Emmanuel Macron, « tout ceci doit s’appuyer sur une gestion renouvelée » , notamment des agents, toutes catégories confondues. Il voudrait rénover les carrières, professionnaliser la fonction RH, anticiper les nominations et assurer les recrutements.
En vue de remplir ces objectifs, le président de la République a exprimé sa volonté de réarmer notre diplomatie en donnant au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères les moyens de ses ambitions. Il a donc annoncé une augmentation de plus de 20 % des crédits du ministère, pour atteindre près de 8 milliards d’euros en 2027, et la création de 700 nouveaux ETP (équivalent temps plein) sur les 4 prochaines années. Le Président invite les diplomates à « s’adjoindre de qualités venues d’ailleurs » pour « garder une diplomatie indépendante et cohérente. »