Cette semaine, l’équipe de l’Alliance Solidaire des Français de l’étranger a pu rencontrer Franck Desevedavy, avocat associé à la Cour de Paris, au barreau de Taipei et cofondateur du réseau Asiallians Avocats.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis avocat, cofondateur du réseau ASIALLIANS Avocats qui est spécialisé sur le monde chinois (Chine, Hong Kong, Taiwan) et l’Asie. J’exerce en Asie depuis 1996 où j’ai pu en outre être actif au sein des chambres de commerce de Chine et de Taiwan, des conseillers du commerce extérieur et au soutien parfois de nos amis diplomates. Mon installation en Asie était la suite logique d’études à l’INALCO sur la Chine, en parallèle de mes études de droit à Paris. J’ai pu ainsi devenir avocat au Barreau de Taipei, puis être enregistré devant la Law Society de Hong Kong, et surtout vivre et travailler successivement à Taiwan, Shanghai, Beijing et Hong Kong. Sur le plan familial, je suis marié et entouré de cinq enfants qui, tous élevés en Asie, commencent à prendre leur indépendance.
Pourquoi êtes-vous devenu avocat ? Quelles spécialités avez-vous choisies ?
Il se peut que plusieurs éléments déterminants, au cours de mes études de droit, m’aient poussé vers ce métier. Spontanément, je vous dirais que lorsque vous avez le privilège d’avoir Robert Badinter comme professeur, il est compliqué de ne pas être attiré vers la défense. J’avais donc une attirance pour le pénal, d’autant que mon service national m’avait donné la chance pendant une année d’être interprète français-chinois au sein d’un service de police spécialisé sur la « criminalité chinoise » ; ma pratique en Asie m’a porté vers d’autres spécialités, et notamment le contentieux de la propriété intellectuelle, le droit des affaires, et la gestion des conflits transnationaux. Mais il m’arrive régulièrement de devoir traiter de dossiers relevant du droit pénal, en Chine, à Taiwan ou en France.
Quelle est votre conception du métier d’avocat ?
En deux mots ? Ecouter et rassurer. Un avocat doit avant tout écouter et comprendre la situation qui lui est décrite ; cette écoute est favorisée par le secret professionnel qui s’impose à l’avocat mais qui est au bénéfice du justiciable ; c’est la préservation de ce secret qui permet de comprendre un dossier, les enjeux, les risques, les opportunités. Et puis rassurer, en étant lucide, compréhensif et porteur de solutions.
Vous avez vécu en Chine une grande partie de votre carrière : quelle influence cette expérience a-t-elle eue sur votre pratique ?
Sur un plan strictement professionnel, l’exercice en Chine m’a surtout permis d’être très rapidement au contact de clients et dirigeants expérimentés, qui m’ont permis d’être rapidement en charge de dossiers stratégiques pour eux et leurs entreprises, PME ou multinationales. Par ailleurs la Chine vous apprend à concevoir que les situations conflictuelles sont rarement le fait d’une seule partie, et qu’il convient donc de trouver une solution de conciliation plus efficace pour tous. Enfin, la Chine vous oblige à toujours évoluer dans un environnement qui se transforme en permanence… pour les juristes, je dirais que la Chine est le paradis de l’imprévision !
Qu’est ce qui a motivé votre engagement à défendre des femmes et des familles victimes de violences ?
Notre cabinet est référencé auprès des consulats et ambassades pour son expérience en matière pénale en Chine, à Hong Kong et à Taiwan ; nous intervenons depuis plus de 20 ans dans des dossiers de responsabilité des dirigeants, parfois pour les familles des dirigeants, ou dans des dossiers de droit commun. Nous avons donc été régulièrement approchés par des victimes de violences : coups et blessures, déplacements d’enfants, harcèlements et agressions sexuelles, parfois au sein de la famille ou de l’établissement scolaire. Ces violences, délits ou crimes, existent malheureusement partout, mais leur traitement est souvent plus compliqué encore que si elles advenaient en France : la victime est parfois isolée de sa famille ou de ses amis, elle vit dans un pays dont elle ne connaît pas nécessairement les lois, elle ignore le soutien qu’elle peut recevoir des institutions, est souvent dépendante financièrement de son conjoint et craint le scandale dans une communauté française expatriée qui souvent s’estime obligée à la discrétion… pour ne pas dire à l’omerta.
Vous avez co-créé APPEAL-E, l’Association pour la Promotion de l’Exercice des Avocats à l’Étranger : en quoi consiste-t-elle ? Quelles ont été vos motivations ?
La Bâtonnière du Barreau de Paris Julie Couturier a souhaité initier un dialogue avec les avocats français exerçant à l’étranger, qui représentent une communauté d’un peu plus de 2000 professionnels. Avec une douzaine de consœurs et confrères exerçant sur tous les continents, nous avons fondé cette association pour d’une part répondre à cet appel, d’autre part favoriser la représentation et la défense des intérêts de ces avocats expatriés, et enfin nous mettre au service de l’action internationale des barreaux et des institutions françaises dans le domaine juridique. Nous serons bientôt plus de 300 membres, espérant être plus de 500 fin 2023, représentant ainsi l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Europe et l’Amérique, l’Asie et l’Océanie.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes étudiants, élèves-avocats et collaborateurs qui souhaitent devenir avocat et qui veulent travailler à l’international ?
Le premier conseil : ne pas hésiter à partir à l’étranger. Quel que soit le pays, et quelles que soient les difficultés, l’expérience tirée à l’international sera toujours utile, toujours enrichissante et toujours instructive ; et le plus souvent, ce départ ne fera que souligner les atouts de notre pays d’origine ! Les Français savent souvent critiquer leur propre pays ; s’en éloigner, c’est souvent redécouvrir à quel point il est exceptionnel ! Par ailleurs, initier une carrière à l’international, c’est gagner plus rapidement en responsabilités au sein de son entreprise, ou de son cabinet. Peut-être devrions-nous enfin mieux préparer le retour en France, qui est souvent vécu comme une expérience plus compliquée qu’il n’y parait.
Avez-vous autre chose à rajouter ?
Puisqu’il s’agit de s’adresser notamment aux Français de l’étranger, et à ceux qui s’intéressent à la présence française à l’étranger, je nous inviterai à ne pas nous soumettre au climat et tendances actuelles, qui sont souvent marquées par le repli sur soi, le protectionnisme, et le pessimisme. Nous traversons une époque difficile entre pandémie et conflits, crises et tensions. Mais nous disposons d’une langue parlée par plus de 350 millions de personnes dans le monde, qui est la 4ème usitée sur Internet ; nos entreprises sont présentes sur tous les continents ; nos universités sont réputées dans le monde entier et nos étudiants français évoluent de plus en plus dans des universités étrangères ; et nos talents et qualités surpassent largement nos (éventuels) défauts ou carences !
Maitre j ai besoin d un conseil..
Un Étudiant de Droit devenu Avocat à Manille m a emprunté une belle somme d argent en me donnant des chèques datés en avance qui se sont révélés en bois par la suite
J ai engagé une procédure judiciaire ou l Accusé devenu Avocat a été relâché sous caution monétaire en attendant le jugement le 1 JUIN 2023 . Faisant pèse une menace disciplinaire de l Association du Barreau des Avocats des Philippines l Accusé propose de régler sa dette mais évidemment je veux imposer 6 ans et 3 mois d intérêts à 6% annuel depuis la date de l issuance de ces chèques plus les frais judiciaires .
Pensez vous que je suis dans mon droit ou.dois je même rajouter dommage moral.
Merci de me donner votre avis Maitre
Michel Henri Maudet
Bonjour Michel Henri,
Il faut vous rapprocher d’un avocat spécialisé localement.