La dernière assemblée générale de l’Union-ALFM (Association des Anciens des Lycées Français du Monde) du 12 novembre 2022, qui s’est tenue dans les locaux de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) à Paris, a élu Ahmed Mernissi comme nouveau président de cette association.
Après deux mandats consécutifs de deux ans (2018-2022), Dominique Tchimbakala laisse donc la main à Ahmed Mernissi, membre fondateur de l’Union-ALFM (2010) et président de l’association des anciens élèves du lycée Lyautey (Casablanca). L’équipe de l’ASFE a pu s’entretenir avec M. Mernissi, dorénavant président d’une structure dont l’objectif principal est de fédérer les anciens élèves des lycées français du monde.
Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ? Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a conduit à la présidence de l’Union-ALFM ?
Je suis un pur produit de l’enseignement français à l’étranger. Après avoir quitté le Lycée Lyautey de Casablanca, j’ai poursuivi mes études à Paris à l’école spéciale des travaux public. Je suis rentré au Maroc en 1986. En 1998, j’ai intégré l’association des anciens élèves du lycée toute fraîchement créée. J’ai été pendant longtemps vice-président jusqu’en 2018 où j’ai été élu président.
C’est lors d’un dîner de gala des anciens en 2009 où nous avions invité les associations d’anciens élèves du Maroc, qu’un ami chargé de communication à l’AEFE à l’époque, nous a dit : si on faisait une association d’anciens élèves des lycées français du monde, seriez-vous partant ? Six mois de travail après, est née l’ALFM, association des anciens des lycées français du monde que nous avons créé avec un petit groupe venu des quatre coins du monde en 2010, dont j’ai été membre fondateur.
L’Union-ALFM est l’association de référence pour les anciens des lycées français du monde, elle agit notamment dans le but de constituer un réseau de personnes ayant poursuivi toute ou une partie de leur scolarité au sein d’un lycée français établi à l’étranger. Pouvez-vous nous en dire davantage sur votre association ? Quelle image avez-vous d’elle et que comptez-vous instituer en tant que nouveau président ?
Grâce à ce réseau mondial, notre association est une grande cour de récréation où on se retrouve, avec les grandes valeurs de l’éducation à la française que nos professeurs nous ont appris, pour débattre de tout et de rien. Ces professeurs, à qui je veux rendre hommage aujourd’hui, nous ont nourri de leur savoir depuis notre plus jeune âge jusqu’à notre majorité pour la plupart et ce pendant des décennies. Pour information je voulais remercier toutes les personnes qui ont contribué au fait que nous puissions avoir un siège au conseil d’administration de l’AEFE, ce qui nous permettra d’être beaucoup plus audible auprès des instances de l’enseignement à l’étranger.
Nous formons une communauté soudée grâce à cette culture. C’est cette langue française, qui nous réunis tous malgré nos différentes origines. Les anciens élèves des lycées français sont les garants de la langue française et des valeurs de l’éducation à la française qui malheureusement ne sont plus aussi bien véhiculées, en France.
L’association n’a toujours pas pris son envol et atteint sa vitesse de croisière qui fera de nous un acteur incontournable. Dans la lettre de vœux de fin d’année qui partira bientôt, je demanderai à chaque membre de bien vouloir faire inscrire autour de lui ses camarades de classe. Ceci nous permettra de doubler, voir tripler, le nombre d’inscrits rapidement j’espère.
L’ALFM a mis à disposition des anciens élèves une plateforme totalement gratuite réunissant déjà plus de 8000 inscrits. En regardant de plus près cet annuaire professionnel, comment décririez-vous ses membres, ce réseau ?
Tout d’abord je voulais vous dire que c’est un Réseau unique en son genre et un modèle du savoir vivre ensemble. Nous venons des quatre coins du monde avec nos diverses traditions et coutumes et pourtant quand nous retrouvons il n’y a que du bonheur. Nous incarnons presque cette société idéale, où il n’y a ni religion, ni couleur de peau, ni origine, il y a seulement cet esprit de camaraderie et d’entraide qui nous a bercé tout au long de notre parcours éducatif avec les valeurs de Liberté, Egalité, Fraternité et Laïcité.
Existe-t-il d’autres outils de promotion du modèle éducatif français et des talents des membres de l’Union-ALFM ?
Nous avons plusieurs outils à notre disposition. Evidemment, le réseau de l’UNION-ALFM qui est le réseau des anciens des lycées français du monde.
Il existe aussi le réseau AGORA MONDE : le réseau social lycéens et étudiants, généralement entre Bac -2 à Bac + 2.
Sur Linkedln il existe un groupe privé « Boursiers Excellence-Major » assez actif.
Enfin, il existe aussi le réseau France Alumni qui regroupe les anciens étudiants internationaux en France et le Campus France qui est le moteur de la mobilité estudiantine internationale française. D’ailleurs vous remarquerez que nous sommes les seuls bénévoles contrairement aux autres réseaux qui sont dépendants des différents ministères et administrations.
Lors de mon mandat, mon objectif serait de regrouper tous ces intervenants, afin que nous puissions œuvrer, tous ensemble, pour le bien-être des anciens, surtout des jeunes entre 18 et 30 ans.
Président de l’Union-ALFM depuis seulement quelques semaines, avez-vous déjà certaines attentes/ambitions concernant l’avenir de l’association ?
Oui, mon objectif est évidemment de faciliter la vie à tous ces anciens élèves qui après leurs études dans des lycées français viennent faire leur cycle supérieur en France. Malheureusement parfois il se trouve face a des problèmes de visa étudiant, de carte de séjour. Je ferai le maximum pour qu’ils puissent bénéficier, peu importe leur parcours, au même titre que les grandes écoles et les boursiers d’excellences majors, d’avantages auprès des préfectures et diverses administrations.
La France doit prendre soin de ses enfants adoptifs qui sont forts de leurs double voir triple culture et qui sont aussi bien bénéficiaires que promoteurs de la francophonie et du dialogue entre les civilisations en étant simplement les dignes acteurs engagés de l’éducation et de la culture française.
On ne peut pas prendre un enfant au berceau l’accompagner pendant toute sa scolarité et même ses études supérieures parfois, puis l’abandonner à son propre sort, ce ne sont pas les valeurs de la France nous a inculqué.
La 6e édition de la Semaine des lycées français du monde a eu lieu du 28 novembre au 3 décembre 2022 sur le thème « S’informer dans un monde connecté pour former des citoyennes et citoyens éclairés ». Cette semaine est organisée par l’AEFE. Avez-vous une place au sein du réseau de l’enseignement français à l’étranger comme à l’AEFE ou encore à la Mission Laïque Française (MLF) ? Avez-vous un rôle à jouer lors de l’établissement de la semaine des lycées français du monde ?
Notre rôle primaire et historique est déjà d’aider à l’orientation des élèves. Nous participons partout dans le monde à des forum des métiers. Nous avons signé en juillet dernier une convention avec l’AEFE qui nous donne d’ailleurs des droits et des devoirs au niveau de tous les lycées français dépendant de l’AEFE. Cette convention est publique et nous engage, à la demande des établissements, à des missions de mentora, tutorat. Elle nous permet d’assister à tous les conseils d’établissement afin de jouer notre rôle « d’expert » et donner notre avis sur certaines orientations. Notre association doit soutenir les établissements du réseau afin de contribuer au rayonnement de l’enseignement français dans le monde.
Avez-vous autre chose à ajouter ?
Je voudrais tout d’abord vous remercier pour l’intérêt que vous portez à l’Union-ALFM. Je pense que la France devrait capitaliser beaucoup plus sur ce réseau d’anciens élèves qui pourrait lui servir à terme pour asseoir son influence au niveau mondial.
Ces anciens sont tous des ambassadeurs de la France plurielle ouverte sur le monde et qui a su s’imposer grâce a son système éducatif, son « je ne sais quoi » à la française qui fait toute la différence.
Ces derniers temps, malheureusement, le système éducation français voit sa croissance stagner. Son réseau d’enseignement aujourd’hui est concurrencé par d’autres pays, souvent frontaliers, qui découvrent vite les avantages de former des enfants depuis leur plus jeune âge à qui ils promettent grâce à leur attractivité, une intégration beaucoup plus facile. En quelques mots, en tant que bénévole œuvrant pour le rayonnement de la francophonie, je vous demanderais de bien vouloir nous aider à vous aider.