La Sénatrice Evelyne Renaud-Garabedian s’est rendue en voyage officiel en Afrique du Sud du 21 au 23 juin 2022. Retour sur ce déplacement et ses rencontres.
Quelle était la raison de votre déplacement en Afrique du Sud ?
Le 21 et 22 juin 2022 se tenait à Johannesburg le Business Forum France Afrique Australe. Ceci était organisé par la chambre de commerce, les CCEF et Business France. Le premier jour fut l’occasion de revenir sur la situation économique dans tous les pays d’Afrique australe et en savoir davantage sur l’environnement des affaires dans la zone.
Les Ambassadeurs du Mozambique, de Namibie, du Botswana, de la Zambie et du Zimbabwe sont revenus sur les fondamentaux de chaque pays devant des entreprises françaises pour la plupart déjà implantées en Afrique du Sud. La DGTrésor et Proparco sont également intervenus pour parler des outils qu’ils proposent sur la zone. Le 22 juin fut une journée de networking entre entreprises. Cela s’est conclue par le très beau Gala de la Chambre de commerce.
Avec les Conseillers des Français de l’étranger Alexandre Barrière Izard et Nathalie Lasserre. En compagnie de l’Ambassadeur de France au Mozambique et Eswatini – M. Izzo – l’Ambassadrice de France au Botswana – Mme Beau – et l’Ambassadeur de France en Namibie M. Minot.
On a l’image de Français qui décident de s’installer durablement en Afrique du Sud comme fréquemment jeunes, dynamiques et entrepreneurs (VIA, VIE, associations humanitaires, etc.). Avez-vous pu vous entretenir avec eux ?
En réalité, ce que j’ai découvert c’est qu’il est de plus en plus difficile de s’installer et de travailler en Afrique du Sud, à cause des visas de travail. De 70 VIE, il n’y en a plus qu’un seul aujourd’hui en poste. Les jeunes ont beaucoup de mal à obtenir un visa de travail. Souvent les entreprises vous demandent d’avoir déjà un visa, alors qu’il faut un travail pour en obtenir un. Cela tient à la politique intérieure de l’Afrique du Sud, qui est très protectionniste.
En effet, il faut savoir que le taux de chômage en Afrique du Sud est, contrairement à ce que l’on croit, colossal : 35%. Les étrangers sont souvent perçus comme prenant les emplois des Sud-africains. Quand une entreprise emploie un étranger, elle doit justifier que celui-ci possède des compétences particulières (les « critical skills »). En réalité, ils ne pratiquent pas d’immigration sélective : que vous soyez zimbabwéen pour occuper un poste de concierge, ou français pour devenir cadre, c’est la même chose. Actuellement tous les visas sont bloqués, délivrés de façon extrêmement lente. C’est la principale préoccupation de la communauté française en Afrique du Sud.
Qui avez-vous pu rencontrer et pour quelles occasions ?
J’ai fait de nombreuses rencontres. Parmi celles qui m’ont le plus marqué, il y a le rendez-vous que nous avions organisé avec les représentants des principales associations françaises de Johannesburg : Jobourg Accueil, Work in the City, Société française de Bienfaisance, Stade Jobourg, Les Frenchies, Sciences Po Alumni.
Rencontre avec des femmes et des hommes exceptionnels : les présidents et bureaux des associations françaises de Johannesburg, en compagnie des trois Conseillers des Français de l’étranger représentant l’Afrique du Sud, le Mozambique, la Namibie, le Botswana et le Malawi.
Nous avons abordé de nombreuses problématiques, propres aux Français de l’étranger. Mais il existe une particularité de cette communauté et de ces associations : les conjoints d’expatriés ne sont pas autorisés à travailler. Elles ou ils ont des « spouse visa » et il est extrêmement difficile de changer de statut. Tous les conjoints n’en sont pas forcément conscients au moment de venir s’installer en Afrique du Sud.
La conséquence directe est que les associations sont dirigées et composées de personnes extrêmement dynamiques, qui ont très envie de construire des choses et de faire bouger les lignes. C’est une chance certaine pour le tissu associatif français en Afrique du Sud d’avoir des bénévoles de ce niveau. Les actions de Jobourg Accueil vont bien au-delà de ce que j’ai vu jusqu’à présent dans les autres Accueil. Nous avons visité la « Crèche Gabrielle », qui est une structure qui sert entre 300 et 600 repas par jour à des bébés et des enfants d’un township de la ville, fortement aidée par des bénévoles français et par des aides financières françaises.
Visite de la Creche Gabrielle – South Africa une association caritative qui sert entre 300 et 600 repas par jour aux bébés et aux enfants du township de Vlakfontein.
Quelle est la place des entreprises françaises dans l’économie sud-africaine ?
Les entreprises françaises sont responsables de 100 000 emplois en Afrique du Sud, ce qui est considérable. Ceci est ce que nous avons eu l’occasion d’étudier pendant le Business Forum.
Mais la problématique qui me tient le plus à cœur, celle dont j’ai parlé pendant le forum, est celle des Entrepreneurs Français à l’étranger (EFE). Ils ne rentrent pas forcément dans les chiffres, ni dans aucune catégorie juridique française, car ce sont des entreprises de droit local. Or ces personnes créent aussi énormément d’emplois. Cela va de la restauratrice du Cap qui a ouvert son restaurant il y a 10 ans. Surtout, aux groupes beaucoup plus importants. Lors de ce déplacement, j’ai ainsi eu l’occasion de me rendre dans les locaux d’African Eagles. Deux Français, Stéphane Kacedan et Henri Bernard, ont créé cette entreprise de tourisme réceptive en 1993 ! Comme toutes les entreprises de tourisme, elle a fortement souffert pendant la crise. Et ses dirigeants ont dû se débrouiller tout seuls, sans aide de l’Afrique du Sud, ni de la France. Pour autant, ils contribuent au rayonnement de l’économie française, créent de nombreux emplois. Leur rôle devrait être reconnu par notre pays.
Avec l’équipe d’African Eagles, Nathalie Lasserre et Alexandre Barrière Izard
Quelles sont les principales préoccupations des Français résidant en Afrique du Sud ?
La question des visas (de travail et les limites pour les conjoints) est celle qui est revenu lors de chacun de nos rendez-vous. C’est aussi la plus complexe à résoudre, car c’est une question de politique intérieure sud-africaine, mais nous allons tenter avec nos moyens d’apporter notre pierre à l’édifice.
Qu’avez-vous retenu de votre déplacement ?
J’ai fait le déplacement à Johannesburg avec ma collaboratrice Sophie Briante Guillemont. Elle a ensuite continué au Cap car je devais rentrer à Paris. Ce que nous avons retenu de ces deux villes est que la communauté française est extrêmement dynamique. Elle est entrepreneuse. Elle a envie de construire et de faire des choses. Mais pour que cette communauté continue à croître, il faut véritablement trouver une solution sur les visas.
Par ailleurs, je n’ai pas forcément le temps de le développer, mais l’Afrique du Sud a un véritable problème en matière d’énergie. Les centrales ne sont visiblement pas assez nombreuses et il y a des coupures de courant tous les jours. Cela a des conséquences économiques importantes pour les entreprises.
Avez-vous quelque-chose à ajouter ?
Je tiens à remercier l’ensemble des personnes que j’ai rencontré. L’Ambassadeur de France, le consul général de Johannesburg, toutes leurs équipes qui m’ont fait découvrir le lycée français Jules Verne, l’Alliance française – dont les activités sont aussi diverses que formidables – l’Institut Français… Toutes ces personnes travaillent en symbiose et c’est véritablement agréable à observer.
Je veux évidement remercier Nathalie Lasserre et Alexandre Barrière Izard, Conseillers des Français de l’étranger, pour leur invitation. J’ai énormément appris et nous avons beaucoup de travail !
pourquoi sur une cinquantaine de participants, il n’y a que 3 personnes africaines noires au forum ?