Le 14 juin 2021, la chaîne télévisée américaine CNN dévoilait que la filiale française d’EDF Framatome avait alerté le 8 juin 2021 le Département de l’énergie des États-Unis à propos d’une fuite préoccupante dans la centrale nucléaire de Taishan, située dans le sud de la Chine, près de Hong-Kong et Macao.
Nous revenons sur cet incident avec la conseillère des Français de l’étranger de Hong-Kong et Macao, Émilie Tran-Sautedé.
Que savons-nous de l’incident qui s’est produit ?
A la fois beaucoup et peu de choses. Beaucoup, car suite à l’annonce de CNN, les médias locaux et internationaux — en français, anglais et chinois — se sont largement emparés du sujet, mais en répétant les mêmes informations avec plus ou moins d’acuité. En vérité, nous avons assez peu d’informations.
Il semble que le problème résulterait de la dégradation de la gaine des barres de combustible, qui contient l’uranium utilisé pour créer une réaction de fission. EDF a indiqué qu’il y avait eu une “augmentation de la concentration de certains gaz rares dans le circuit primaire” dans le réacteur numéro un de la centrale. Le circuit primaire est la partie de la centrale qui transfère la chaleur du réacteur à l’eau, générant de la vapeur et produisant de l’électricité.
La question, dès lors, est de savoir s’il y a une fuite de radiations. Oui, d’après les experts, mais celle-ci reste confinée et ne s’étend pas à l’extérieur du circuit. Ainsi aucune matière radioactive n’a été détectée autour de l’usine. Si à ce stade, la situation ne présente pas de risque pour la population, elle reste néanmoins inquiétante et doit être suivie de près, d’autant plus que le scoop de CNN laissait entendre que les autorités avaient relevé le seuil acceptable de radiations, ce que dément l’administration de la sécurité nucléaire chinoise.
Ce qui est vrai, en revanche, c’est que cette administration avait approuvé le doublement de la présence de gaz inertes dans le circuit de refroidissement primaire. Ce qui est également vrai, c’est qu’il y a des pénuries d’électricité depuis plusieurs mois en Chine du sud ; en mai, le gouvernement provincial du Guangdong avait demandé à plusieurs centres industriels de tourner au ralenti, voire de stopper leur production plusieurs jours par semaine. Dans ce contexte, toute fermeture de source d’approvisionnement en électricité ne ferait qu’augmenter les coupures de courant.
La centrale est située non loin de Hong-Kong et de Macao, quelle est la réaction des autorités locales face à ce risque de fuite ? La population a-t-elle été avertie ?
EDF a reçu pour la première fois des signalements d’augmentation de la contamination dans le circuit primaire en octobre 2020. Macao n’est situé qu’à 67km de la centrale de Taishan et comme Hong Kong, n’a appris les faits que par voie de presse – étrangère – il y a seulement quelques jours. Or Macao s’approvisionne en nourriture et en eau dans une zone située à moins de 100 km de l’usine.
Scott Chiang, du camp pro-démocrate à Macao, a écrit au gouvernement à propos de la sécurité alimentaire. Le gouvernement de Hong Kong, qui se trouve à 130 kilomètres de la centrale, a, pour sa part, déclaré le 8 avril qu’il y avait eu un « événement opérationnel » à la centrale le 5 avril, qui impliquait le dégagement d’une « très petite quantité de gaz ». Lors de sa conférence de presse hebdomadaire en début de semaine, la cheffe du gouvernement, Carrie Lam, a déclaré être « très préoccupée » (highly concerned) même si la surveillance des niveaux de radiation autour de Hong Kong montre que « tout est normal », faisant écho à EDF qui maintient que le niveau de radioactivité observé dans la centrale est inférieur aux niveaux requis par les autorités chinoises et à Framatome qui a qualifié les problèmes de la centrale de « problème de performance ».
En France, l’usage du nucléaire fait régulièrement l’objet d’une multitude de contestations au sein de l’opinion publique. Est-ce le même contexte en Chine ?
Bien sûr il y a aussi des anti-nucléaires en Chine ! La plupart du temps, ils préfèrent une approche non-confrontationnelle, en raison du caractère autoritaire du régime politique. Cela dit, il faut savoir qu’il y a des dizaines de milliers de manifestations par an en Chine continentale. Les demandes sont davantage d’ordre socio-économique et environnemental. Les manifestations anti-nucléaires constituent un phénomène relativement récent et circonscrit. Il y a eu au moins 5 manifestations anti-nucléaires au cours des 20 dernières années en Chine : en 2006 à Rushan (Shandong), puis Xubadao (Liaoning), Pengze (Jiangxi), Jiangmen (Guangdong) et Lianyuanguang (Jiangsu) en 2016.
A Hong-Kong, l’électricité est en partie fournie par les centrales nucléaires de la province avoisinante du Guangdong et notamment Daya Bay. La population est généralement assez défiante vis-à-vis du nucléaire : d’une part à cause des risques inhérents à un accident — Fukushima, dans le Japon voisin, demeure présent dans tous les esprits ; d’autre part, les centrales sont situées de l’autre côté de la frontière, et les Hongkongais reprochent au gouvernement chinois son manque de transparence et la confiance s’est fortement dégradée depuis le mouvement des Parapluies en 2014.
Cette centrale nucléaire est, semble-t-il un prototype de centrale à fission nucléaire. Pour l’instant, les centrales nucléaires sont fiables et ne polluent pas à court terme. Seuls les problèmes d’élimination des déchets restent non résolus. Cela viendra avec les recherches entreprises en vue d’utilisation de la fusion ! Si l’on rabâche sans cesse l’accident de Fukushima, on doit se rappeler que cette catastrophe est due à un tsunami !!! C’est ce qui a provoqué la surchauffe de 2 réacteurs !
Il y a actuellement 50 centrales nucléaires en construction dans le monde. Les gouvernements qui ont pris les décisions de les construire sont très intelligent, car le nucléaire fait partie de la solution concernant la transition énergétique (abandon du charbon et des hydrocarbures pour diminution de l’empreinte carbone). Le nucléaire permettra de répondre à la demande quantitative du développement mondial dans les 10 à 30 ans à venir.
Le développement de l’éolien se veut sympathique (quoique !) mais ne permettra pas de fournir les quantités d’énergie nécessaire à cours et moyen terme.
Le développement des véhicules électriques est une fausse bonne idée. Sauf s’ils sont rechargés par de l’énergie décarbonée d’où la nécessité du nucléaire. Toutefois ils resterons demandeur d’énorme quantité de métaux et terres rares d’où l’impasse de cette filière à long terme.
La vrai bonne idée ce sont les véhicules à hydrogène. Pas de pollution à condition que l’hydrogène soit produit avec de l’énergie décarbonée.
Conclusion l’énergie nucléaire est inévitable pour les 50 ans à venir qu’on le veuille ou non.
Qu’attende les responsables politiques français pour faire démarrer effectivement les travaux des 6 centrales nucléaires de nouvelle génération demandées par EDF ???