MARTINE SCHOEPPNER
Conseiller Consulaire pour la circonscription de Stuttgart et Membre de la commission des affaires sociales de l’Assemblée des Français de l’Etranger
«Tout d’abord quelques explications concernant le système des élections allemandes: l’inscription sur les listes électorales est automatique contrairement à la France donc tous les citoyens en âge de voter y sont inscrits. Les taux de participation sont également beaucoup plus importants (72,4% en Bavière et 67,3% en Hesse) qu’en France et sont donc à rapporter à l’ensemble des personnes en âge de voter. On peut donc dire que les Allemands s’intéressent et participent beaucoup plus à la vie politique de leur pays.
Le système est complexe. En résumé : Chaque électeur vote deux fois, la première pour son représentant et la seconde fois pour le parti qu’il soutient, qui peut être différent de celui dont est issu le député. On applique également une proportionnelle intégrale pour tous les partis dépassant le barre des 5% de voix et il n’ y a qu’un seul tour.
Les mandats directs (première voix) donnent une image différente de celles des Landtag puisqu’en Bavière 85 circonscriptions ont été gagnées par la CSU sauf 6 par les Verts. En Hesse la CDU en gagné 40, a SPD 10 et les verts 5. »
CONTEXTE POLITIQUE DU PARTI DE LA CHANCELIERE ALLEMANDE
« Comme toujours, les médias français donnent une information tronquée ou négative sur l‘Allemagne. Certes, le parti de la chancelière a connu une baisse importante lors des élections en Hesse, mais en Bavière il s’agissait de la CSU et les raisons étaient différentes. Pas un mot sur a débâcle de la SPD qui n’atteint pas les 10% en Bavière, ni les 20% en Hesse.
Les Allemands disposent de deux voix, une pour élire leur député et la seconde pour choisir le parti qu’ils préfèrent. Cette seconde voix est donc l’occasion de marquer son mécontentement. On peut relever qu’en Bavière tous les députes arrivant en tête (sauf dans 4 circonscriptions où ils sont Verts) appartiennent à la CSU.
REACTION ALLEMANDE
« La chancelière a annoncé qu’elle ne se représenterait plus à la tête du parti qu’elle dirige depuis 18 ans et que ce serait son dernier mandat à la chancellerie. Elle aura fait 16 ans en 2021. Par cette décision elle reste fidèle à elle-même.
Elle n’a que faire des carrières, y compris pour elle-même. Comme ce fut le cas pour Kohl, elle est victime de l‘usure du pouvoir. En effet les électeurs ont bien du mal à donner un élément précis et le plus souvent on évoque que les choses ne bougent plus. Mais comment pourrait-il en être autrement ?
Cette décision risque moins de précipiter de nouvelles élections que les résultats de l‘élection européenne. Si elle se maintient jusqu’à la fin de son mandat, peut être que son parti pourrait alors retrouver un vrai leader qui manque actuellement. Merz semble aujourd’hui avoir la préférence des députés mais qu’en sera-t-il des adhérents? La chancelière ne s’est pas prononcée sur sa succession ce qui permet à Merz de ne pas prendre une posture anti Merkel. Cela laisse donc le temps, si elle reste à la chancellerie jusqu’à la fin de son mandat, de prévoir une collaboration apaisée entre les deux. D’autre part le tandem avec la candidate Mme Kramp-Karrenbauer, qui avait jusqu’à présent le soutien de Merkel, serait envisageable. `
PAYSAGE POLITIQUE EN ALLEMAGNE
« L’apparition de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne, eurosceptique) a modifié le paysage avec un parti supplémentaire, comme cela avait été le cas lors de l‘émergence des verts ou de l‘extrême gauche.
Si les partis du gouvernement sont en baisse c’est également en résonance à la longue attente qui ont suivies les élections nationales et à la surenchère des libéraux ainsi qu’à la mauvaise volonté de la SPD (Parti Social Démocrate). De même, en Bavière, le coup de poker du ministre de l’Intérieur a été plutôt négatif pour son parti. La chancelière dépendante de ses partenaires en subit aussi les conséquences.
D’après les derniers sondages, il est encore probable que le parti de la chancelière reste au pouvoir, le tout est de savoir avec quelle coalition.
Le nouveau leader de la CDU (Union Chrétienne Démocratie, parti de la Chancelière) pourra bousculer les sondages. Dans l’hypothèse Merz, le parti pourrait se recentrer sur ses « valeurs » traditionnelles, que Merkel a certes respectées mais à plusieurs reprises fortement bousculées. L‘AfD en perdrait ainsi du poids et la SPD, actuellement en période d’ « hibernation » reprendrait des couleurs dans son rôle d’opposition « anticapitaliste ».
ENJEU DES ELECTIONS EUROPÉENNES
CDU, SPD, Verts et FDP sont pro-européens, Die Linke et l’AfD sont opposées, C’est d’ailleurs de ce point politique que s’est construite l‘AfD. Les listes, nationales ou régionales pour les européennes sont déjà en place ou le seront d’ici décembre et les candidats sont déjà en campagne pour certains.
L’enjeu est désormais nouveau car les résultats de cette élection risquent de provoquer la fin de a coalition avec le retrait de a SPD si on en croit la dernière annonce de Mme Nahles. Elle a déjà changé d’avis sur d’importants sujets. Que fera-t-elle donc ? à moins que ce ne soit la CDU qui prenne a décision. Tout sera une question de stratégie .