Le dimanche 17 mai, l’Afrique du Sud a déclaré 1160 nouvelles contaminations au coronavirus. Malheureusement, il s’agit du bilan le plus lourd depuis l’enregistrement du premier cas en mars. Un bilan négatif qui arrive au moment où le pays commençait à assouplir les mesures de confinement mis en place depuis fin mars. Avec plus de 15 500 cas de coronavirus, l’Afrique du Sud est le pays le plus touché du continent[1].
L’équipe de l’ASFE a pu s’entretenir avec Alexandre Barrière Izard, Président de l’association française d’Entraide du Cap, qui vient de lancer un Fonds de Solidarité à la Scolarité destiné aux Français.
Le confinement dure depuis maintenant plus d’un mois et demi en Afrique du Sud. Quelle est la situation actuelle à Cap Town?
Tout d’abord, il faut dire que le gouvernement sud-africain a très bien géré la situation. Il a mis en place le confinement rapidement et a mis en place un système qui peut s’apparenter à “l’assurance chômage”. Par ailleurs, la grande majorité des sud africains a soutenu leur Président. Cela faisait même plaisir de voir cette union nationale dans un pays qui peut se déchirer tellement l’histoire est chargée d’émotion.
La région du Cap est l’une des régions les plus touchées en Afrique du Sud. Mais beaucoup de tests sont pratiqués, ce qui peut entraîner une certaine “fausse idée”. L’armée a été déployée et les contrôles sont fréquents sur les routes, ce qui entraîne un sentiment de sécurité et de responsabilité de la part du gouvernement. Après, comme ailleurs, le confinement devient de plus en plus dur au fil du temps, mais nous prenons notre mal en patience !
Avec plus de 15 500 cas de coronavirus, l’Afrique du Sud est le pays le plus touché du continent[2]. Comment expliquez-vous cela ? Pourquoi l’Afrique du Sud n’arrive pas à endiguer l’épidémie alors que les mesures prises sont très contraignantes ?
Avant d’être le plus touché, je pense que l’Afrique du Sud est avant tout le plus testé ! Les dispositions mises en place sont drastiques et efficaces. A faire même rougir certains pays occidentaux. Les mesures sont contraignantes certes mais malheureusement tout le monde ne peux pas les “respecter” de la même manière. Pas facile pour une famille qui vit dans un township de bien les respecter. Et même dans ces conditions, je peux vous assurer que les sud africains ont fait preuve de courage et dans la grande majorité des cas de responsabilité. Avec le confinement rapide, le gouvernement a pu préparer les hôpitaux afin de se préparer au pic de la pandémie qui est attendu pour août ou septembre.
Comment la communauté française du Cap Town vit cette pandémie?
Avant tout, je voudrais souligner que c’est une communauté française solidaire avec son pays d’accueil. Les initiatives ne manquent pas : fabrication de masques avec une partie reversée à un fond de solidarité, soutien aux soupes populaires pour les plus démunis. La communauté reste solidaire et dans l’ensemble assez positive. La pauvreté autour de nous, nous fait réaliser la chance que l’on a.
Quelles sont les conséquences pour le tissu économique local et sur les entrepreneurs français qui vivent à Cap Town (notamment du tourisme) ?
C’est aussi une communauté qui est extrêmement affectée par cette crise. Le secteur du tourisme emploie énormément de Français et comme vous pouvez l’imaginer avec la fermeture des frontières beaucoup ont vu leurs salaires se réduire drastiquement. En conséquence, certains ont décidé de rentrer en France. Pour les autres, pour certains entrepreneurs, chefs d’entreprise, ils se battent pour leurs entreprises. Il y a vraiment une énergie de travail positive, qui permet d’avancer et pour certains même de se réinventer !
Vous êtes président de l’association française d’entraide du Cap mais également le fondateur de la plateforme d’entraide « Français du Cap.com»[3]. Pouvez-vous nous en dire davantage sur cet outil numérique ?
Fondateur le mot est peut-être un peu trop grand car c’est avant tout un travail d’équipe. Travail qui a commencé avec Stéphane Kacedan (ancien président de l’Entraide et maintenant membre du comité) de l’idée d’une plateforme qui réunit tout le tissu associatif français. Puis vint l’aide d’Arnaud Blanchet (entrepreneur au cap et membre de l’entraide) qui a coordonné avec l’aide des différents étudiants-stagiaires la mise en forme et la création de la plateforme. L’expertise d’Arnaud a permis de synchroniser une équipe de développeurs. Le comité de l’Entraide était extrêmement mobiliser derrière ce projet et donnait ses orientations. Un vrai travail d’équipe !
La plateforme est un outil mis à la disposition gratuitement de toutes les autres associations afin d’informer la communauté française. Elle a vocation à accueillir les différents événements, les offres d’emplois, les petites annonces. Une sorte de “bon coin” pour la communauté française au Cap ! L’idée est que la communauté se l’approprie. Les entreprises qui le voudront pourront même mettre leurs annonces, leurs produits !
Vous venez de lancer un Fonds de Solidarité à la Scolarité sur cette plateforme. Comment est né ce fonds ? Quelle est sa vocation et quelles personnes peuvent en être bénéficiaires ?
L’Entraide œuvre depuis 40 ans auprès de la communauté française dans la province du Western Cape. C’est dans ce cadre que l’Entraide décide aujourd’hui de créer un fonds de solidarité. Ce dernier a pour vocation d’accompagner des familles françaises confrontées soudainement à des difficultés engendrées par la crise sanitaire #COVID19. Tout élève français, inscrit dans une école française, sud-africaine ou internationale peut en être bénéficiaire.
Ce soutien peut correspondre à un prêt à taux 0 pour couvrir les frais de scolarité, une aide afin de payer des activités périscolaires, l’achat des fournitures scolaires ou tout moyen qui pourrait être jugé compatible par le comité de l’Entraide. Toutes les données personnelles seront traitées de façon strictement confidentielle.
Avez-vous quelque chose d’autre à ajouter ?
Peut-être remercier le comité de l’Entraide et par extension les autres Francais qui sont investis dans des associations et projets ! Sans eux la communauté française au Cap n’en serait pas là ! Alors MERCI !
[1] http://www.rfi.fr/fr/afrique/20200518-coronavirus-flamb%C3%A9e-nouvelles-contaminations-en-afrique-sud
[2] http://www.rfi.fr/fr/afrique/20200518-coronavirus-flamb%C3%A9e-nouvelles-contaminations-en-afrique-sud