Après Georgescu, candidat pro-Russe dont l’élection a été invalidée en fin d’année dernière, la Roumanie s’apprête à élire un nouveau président favorable à la politique de Donald Trump : George Simion, arrivé en tête des scrutins au 1er tour.
En Allemagne, c’est le conservateur Friedrich Merz qui a été élu – laborieusement – chancelier avant-hier. Cette victoire difficile – alors qu’elle aurait dû être une simple formalité – a été arrachée au 2e tour devant le Bundestag, une première dans l’histoire de notre voisin d’outre-Rhin. Deux signes qui montrent que l’Europe est dans un moment charnière de son histoire, entre coup d’accélérateur vers les dépenses publiques et réalignement de certains pays.
Un conservateur qui doit lever le frein constitutionnel à l’endettement
Âgé de 69 ans, le conservateur allemand Friedrich Merz succède au social-démocrate Olaf Scholz à la tête de la première économie européenne, dans un monde en plein changement. Pro-européen, il effectuera son premier déplacement en France.
Il est peu dire que les défis sont grands pour le nouveau chancelier. Il devra mettre en œuvre le grand plan de réarmement du pays pour faire face à la menace russe, dans un contexte de désengagement américain du continent européen, mais aussi relancer l’économie, qui était en légère récession en 2024 (-0,2 %), pour la deuxième année consécutive.
Très conservateur d’un point de vue économique, Friedrich Merz a fait campagne sur l’orthodoxie budgétaire. Mais avant d’être élu chancelier, il a dû faire des concessions avec ses alliés sociaux-démocrates et les Verts pour voter la levée du frein constitutionnel à l’endettement afin, d’injecter près de 1000 milliards d’euros destinés notamment à la défense. A quoi s’ajoutent 500 milliards d’euros supplémentaires qui serviront à moderniser les infrastructures du pays et relancer l’économie.
Autant dire que ces décisions ont tout de suite déplu parmi les adhérents et certains cadres du parti CDU/CSU.
Mais la situation géopolitique est ce qu’elle est, et Friedrich Merz devra composer avec la guerre en Ukraine qui n’en finit plus et le retour au pouvoir de Donald Trump, qu’il doit rencontrer à Washington avant l’été.
En Roumanie, un pro-Trump à la présidence ?
En parallèle, en Roumanie, c’est justement un candidat officiellement pro-Trump qui est arrivé en tête des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle.
George Simion, chef du parti de droite souverainiste « Alliance pour l’unité des Roumains (AUR) » devrait, sauf surprise, être élu au deuxième tour qui se tiendra le 18 mai face au candidat centriste et pro-européen Nicusor Dan. « Nous sommes tout à fait d’accord avec l’idéologie MAGA. Nous sommes un parti trumpiste, qui fera de la Roumanie un partenaire fort au sein de l’OTAN et un allié étroit des Etats-Unis », a affirmé George Simion lors d’une conférence de presse. Il est favorable à la présence américaine en Roumanie et ne cache pas ses ambitions irrédentistes vis-à-vis de l’Ukraine et la Moldavie – des positions qui lui ont valu une interdiction d’entrée dans les deux pays !
En clair, l’Europe est en recomposition. Nous devons nous préparer à ce que les règles d’hier – notamment les règles d’or budgétaires – ne soient pas toujours adaptées au monde d’aujourd’hui. Et à ce que de plus en plus de pays basculent dans des positions anti-UE, au détriment de la cohésion et de la construction européenne…
L’équipe de l’ASFE