Le 21 avril 1944, le droit de vote était enfin accordé aux femmes en France, grâce à une ordonnance signée par le général de Gaulle. Une victoire tardive, mais essentielle, arrachée de haute lutte dans un monde en guerre. C’est seulement un an plus tard, le 29 avril 1945 – il y a tout juste 80 ans – que les Françaises ont pu déposer leur bulletin dans l’urne pour la première fois. La première femme devenue députée – Marie-Madeleine Dienesh – l’a été en 1945. Les premières femmes sénatrices ont été élues en 1946.
Ce droit de vote et d’éligibilité, aujourd’hui perçu comme fondamental et évident, n’était alors qu’un espoir porté par des générations de militantes oubliées, étouffées par des siècles de silence politique.
Cet anniversaire est l’occasion de rendre hommage à celles qui ont osé défier les normes, à celles qui ont affronté l’hostilité des institutions, des partis, parfois même de leurs proches. Mais c’est aussi un moment pour regarder le monde en face : si les femmes ont gagné la bataille du droit de vote, la guerre pour l’égalité est loin d’être terminée.
Dans de nombreux pays, les femmes ne disposent toujours pas des mêmes droits que les hommes. Pire encore, certaines voient leurs libertés reculer. De l’Afghanistan, où les talibans effacent peu à peu les femmes de la vie publique, à l’Iran, où les manifestations sont réprimées dans le sang, le combat pour les droits fondamentaux est une réalité brûlante.
Même dans les démocraties, les inégalités salariales persistent, la sous-représentation politique est flagrante, et les violences sexistes restent systémiques.
L’histoire nous enseigne que les droits acquis peuvent être remis en cause. Le droit à l’avortement, par exemple, est encore contesté, limité, voire supprimé dans certains pays. Cette régression est un signal d’alarme : l’émancipation n’est jamais définitivement acquise.
Célébrer le droit de vote des femmes, c’est donc bien plus qu’un simple rappel historique. C’est un devoir de vigilance. C’est réaffirmer que la démocratie n’existe pleinement que lorsque toutes et tous y participent à égalité. À l’heure où l’on instrumentalise parfois les droits des femmes à des fins politiques, il est urgent de rappeler que ces droits ne sont ni un luxe, ni une option. Ils sont la condition même de toute société libre et éclairée.
L’Équipe de l’ASFE