Parcoursup’ : quelle équité pour les Français scolarisés à l’étranger ?

Le 31 octobre 2024, la sénatrice Sophie Briante Guillemont a interrogé le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche sur le traitement réalisé dans Parcoursup’ des candidatures des élèves de nationalité française ayant suivi leur scolarité dans un système étrangerL’ASFE revient sur la réponse apportée par le ministre le 10 avril 2025.

Une procédure de candidature unique, en théorie…

Les ressortissants français en préparation d’un diplôme de fin d’études secondaires étranger peuvent candidater sur l’ensemble de l’offre de formation présente sur la plateforme Parcoursup, soit près de 24 000 formations en 2024. 

En théorie, leur accès à l’enseignement supérieur français est donc équivalent à celui des lycéens du système français.

Cependant, la sénatrice Sophie Briante Guillemont a fait part de ses préoccupations concernant l’égalité de traitement de ces candidatures. D’après des statistiques du ministère de l’enseignement supérieur, seuls 50 % des élèves scolarisés à l’étranger auraient reçu une proposition d’admission à l’issue de la phase principale de Parcoursup, contre environ 89 % pour les autres lycéens.

Elle estime que la plateforme ne prend pas suffisamment en compte la diversité des systèmes de notation à l’international. Les lettres de recommandation, bien que parfois fournies pour contextualiser les résultats, ne suffiraient pas à convaincre les commissions d’examen de la qualité des dossiers, même lorsque le niveau académique requis semble atteint.

En réponse, le ministère nuance cette lecture des données. Il précise que le taux de 50 % évoqué pourrait provenir « des éléments fournis dans le dossier de presse de la campagne 2021 au sujet des 25 000 candidats lycéens ou étudiants de scolarité étrangère dont plus des trois quarts sont des étudiants qui ne sont pas de nationalité française ».

Pour la sénatrice, ce constat, même s’il doit être affiné, met en lumière un enjeu plus large : celui du traitement équitable des profils dits « atypiques », qu’ils proviennent de pays européens ou non. Elle demande donc au ministère un bilan précis du traitement des dossiers des élèves français scolarisés à l’étranger depuis la mise en place de Parcoursup. Elle souhaite également connaître les actions entreprises pour mieux intégrer ces profils dans le dispositif et limiter les risques d’incompréhension ou d’exclusion liés à la diversité des parcours.

Modalités d’examen des candidatures sur Parcoursup

Le ministère rappelle que la sélection des candidats n’est pas assurée directement par la plateforme Parcoursup, mais par les commissions d’examen des vœux propres à chaque formation. Composées d’enseignants, ces commissions définissent chaque année les critères d’évaluation, leur pondération et leur niveau d’importance, afin d’assurer une transparence sur les attendus et d’orienter les candidats dans la constitution de leur dossier.

Il indique que l’évaluation ne repose pas uniquement sur les résultats scolaires. Elle peut inclure les appréciations des enseignants, l’engagement personnel, la motivation, les compétences acquises ou encore le savoir-être.

Les candidats ayant suivi une scolarité à l’étranger peuvent mettre en avant leur parcours international et leur bilinguisme, notamment dans la rubrique « activités et centres d’intérêt » du dossier ou, selon les cas, dans des lettres de motivation demandées par certaines formations. Cette rubrique permet de valoriser des expériences extra-scolaires ou des engagements personnels, qui peuvent être particulièrement pris en compte dans les formations où les résultats académiques ne sont pas le seul critère d’admission.

Éléments chiffrés et diversité des profils

Le ministère précise que les données de suivi des taux de proposition sur Parcoursup agrègent des profils très variés : candidats français ayant une scolarité étrangère, candidats européens non français, ou encore candidats hors Union européenne.

En 2024, sur les 945 500 candidats inscrits sur la plateforme, 34 500 étaient issus d’un parcours scolaire étranger. Parmi eux, 1 577 étaient de nationalité française, domiciliés à l’étranger, inscrits dans un établissement secondaire étranger et en préparation d’un diplôme équivalent au baccalauréat. Sur ce sous-groupe, 1 387 ont reçu au moins une proposition d’admission, soit un taux de 88 %, légèrement inférieur à celui des lycéens en France (93 %), mais supérieur à celui des étudiants en réorientation (84 %).

Le ministère note également que ces candidats postulent plus fréquemment à des formations hors Parcoursup. Cette tendance s’expliquerait par une stratégie d’ouverture vers d’autres systèmes d’enseignement supérieur, notamment dans leur pays de résidence ou dans d’autres pays étrangers. Cette mise en concurrence des propositions d’admission serait une pratique plus répandue dans ce public.

Prise en compte des systèmes éducatifs étrangers

Enfin, s’agissant de l’évaluation des résultats scolaires obtenus dans un système non français, les candidats doivent indiquer dans leur dossier le système de notation utilisé pour les deux dernières années de leur parcours secondaire. Selon le ministère, cette information permet aux commissions d’analyse de replacer les bulletins dans leur contexte et de les comparer de manière aussi juste que possible avec les dossiers issus du système français.

L’Équipe de l’ASFE

8 commentaires

  1. Pour en avoir fait l’expérience en 2024 : le dossier d’un français de l’étranger (hors lycée Français) est tout simplement ignoré, aussi solide soit-il (y compris avec une documentation complète pour rendre le dossier 1:1 comparable dans sa forme avec un dossier issu du système français). Les établissements n’ont même pas daigné, contrairement à leur obligation légale, répondre à la demande de motivation de leur décision.
    Il faut que la France arrête de regarder avec supériorité les systèmes éducatifs étrangers, cela n’est absolument pas justifié ! A quoi servent les équivalences au niveau européen si elles sont ignorées ? Je pense que la situation est regrettable pour la France elle-même : il y a d’excellentes formations en dehors de la France avec des processus d’admission simples et transparents… Cela ne saurait cependant pas être une raison valable pour exclure de l’accès à une formation en France de facto (voire a priori) des candidats « hors système français » (ma traduction de l’argument « mise en concurrence » évoqué par le ministère)
    Le seul intérêt de Parcoursup est pour moi d’amener les élèves à avoir une réflexion en amont sur ce qu’ils veulent faire après la Baccalauréat. Le côté nébuleux et « entre-soi » du système demande quant à lui à être corrigé.

    1. ​Les données spécifiques concernant la proportion de bacheliers ayant suivi la filière Bachibac (baccalauréat franco-espagnol) et s’étant inscrits sur Parcoursup sont limitées. Cependant, une question parlementaire de 2021 a souligné que, à la fin de la phase principale d’admission, seulement 48 % des élèves titulaires d’un double baccalauréat franco-espagnol avaient obtenu l’un de leurs vœux sur Parcoursup, contre 80 % pour ceux ayant obtenu le baccalauréat en France ou dans un lycée français à l’étranger . Cette différence pourrait être attribuée à des difficultés d’équivalence des notes et à des problèmes d’intégration des dossiers dans le système Parcoursup : https://questions.assemblee-nationale.fr/q15/15-41783QE.htm

  2. Bonjour,
    Je trouve cet article très intéressant car ma fille a postulé cette année soit Parcoursup et nous sommes en attente des résultats. Le principal souci se situe au niveau de l’éligibilité aux bourses. Le système se base sur le revenu brut global mais ne prend pas en compte la situation atypique du profil de l’étudiant ( éloignement familial,…).
    Mon intention n’est pas de changer le système mais il faudrait prendre en considération cette différence.
    Pour information ma fille n’est pas éligible à l’obtention d’une bourse universitaire.
    Cordialement

    1. Monsieur,

      Merci pour votre message.

      Nous comprenons bien la situation que vous soulevez concernant l’éligibilité aux bourses pour les étudiants français scolarisés à l’étranger. Il est en effet important de considérer les particularités liées à l’éloignement familial, qui peuvent rendre le calcul des bourses moins juste dans certains cas.

      Cordialement,
      L’équipe de l’ASFE

  3. Bonjour,
    Même situation pour nous : mon fils a souhaité postulé sur parcoursup pour la prochaine rentrée universitaire. Son profil scolaire est atypique puisqu’il a « navigué »entre plusieurs systèmes scolaires français à l’étranger et étrangers. Je me demande vraiment comment il va être perçu dans leur système d’évaluation des candidatures.
    C’est à sa demande, dans une étape de sa vie où il a besoin d’éprouver « son identité française ».
    Nous nous retrouverons aussi dans ce cas d’éloignement familial, avec tout ce que cela comporte sur le plan financier.
    J’apprécierai que vous fassiez un suivi du taux d’attribution d’admission aux profils scolaires diversifiés issus de l’étranger.
    Cordialement.

  4. J’ai justement eu à me questionner sur parcoursup:
    Je vis au Québec depuis 20 ans et ma plus grande fille finit son secondaire cette année. Nous projetions de nous résinstaller en France en 2027.
    Mais nous avons préféré devancer notre retour dès cet été et faire redoubler une année à notre fille pour qu’elle entre en première et fasse son bac français plutôt que de risquer de ne pas se faire reconnaitre son CEGEP et ses études d’ici dans parcoursup.

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