Vent de contestation en Turquie

Les manifestations n’en finissent plus à Istanbul, à Ankara, à Izmir ou encore à Antalya, en Turquie, où des milliers de personnes continuent à déferler dans les rues pour afficher leur soutien à Ekrem İmamoğlu (Parti républicain du peuple, CHP), maire d’Istanbul depuis 2019 et principal opposant à Recep Tayyip Erdoğan (Parti de la justice et du développement).

Il y a un peu plus d’une semaine, le maire d’Istanbul, âgé de 54 ans, était arrêté sur le fondement de six procédures judiciaires. Il est, entre autres, accusé de corruption, de terrorisme et d’aide au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un mouvement armé considéré comme terroriste par la Turquie, les États-Unis et l’Union européenne.

Le diplôme universitaire d’İmamoğlu annulé

La veille de son arrestation, le 18 mars, le diplôme du maire d’Istanbul était même annulé, ce qui donnait un avant-goût de la tourmente politique et judiciaire dans laquelle Ekrem İmamoğlu allait finir par se retrouver aujourd’hui, puisqu’une formation universitaire est requise pour concourir à l’élection présidentielle.

Son arrestation a déclenché un vent de contestation majeur en Turquie, comme on n’en avait plus vu depuis le mouvement protestataire du parc Taksim Gezi en 2013, qui avait subi une répression sévère des autorités turques, avec plus de 7000 blessés et 7 morts.

Des appels quotidiens à manifester

Le CHP, parti d’Ekrem İmamoğlu, a appelé chaque jour à manifester depuis l’arrestation du maire d’Istanbul. Des appels qui n’ont pas manqué d’étonner les observateurs internationaux, car le CHP était particulièrement hésitant jusqu’à présent à inciter tout rassemblement ou manifestation, de peur d’être accusée de troubles à la paix.

De fait, ces appels ont été suivis dans la rue : des dizaines de milliers de personnes, en grande partie des étudiants, se sont rassemblées chaque jour devant l’hôtel de ville d’Istanbul, réclamant la libération du premier magistrat de la plus grande ville de Turquie. Au total, plusieurs milliers de personnes ont été arrêtées par la police turque dans le cadre de ces manifestations.

L’arrestation d’Ekrem İmamoğlu n’a d’ailleurs pas empêché son parti d’organiser un vote, dimanche dernier, pour confirmer son statut de candidat à la présidentielle. Il a été plébiscité par 15 millions de personnes, dont 13 millions d’extérieurs au parti.

La diplomatie française dénonce des « atteintes graves à la démocratie »

Les diplomaties européennes et internationales n’ont évidemment pas manqué de commenter ces nouvelles, évoquant d’ailleurs leur profonde inquiétude. « L’incarcération du maire d’Istanbul, Ekrem İmamoğlu, ainsi que de nombreuses autres personnalités constituent des atteintes graves à la démocratie », a déploré la diplomatie française dimanche dernier. Le Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a également affirmé être très attentif aux consignes de sécurité données à nos compatriotes.

Cette arrestation a aussi suscité des inquiétudes sur les marchés financiers, avec les actions turques qui ont vécu leur pire semaine depuis la crise de 2008. La lire turque a subi une chute de 4 %, après des années d’une inflation incontrôlable.

La Turquie est-elle a un tournant de son histoire politique ? Cela semble, ces derniers jours, de plus en plus probable.

L’équipe de l’ASFE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *