Quelques jours après la prise de parole publique d’Olivier Grandeau, l’équipe de l’ASFE fait le point sur la situation des détenus français en Iran.
Paris réclame le retour de trois otages français
La déclaration publique d’Olivier Grandeau, un détenu français qui a décidé sortir de l’anonymat, a fait grand bruit dans le paysage médiatique français. L’homme de 34 ans se dit victime d’une détention arbitraire, devenue plus qu’insoutenable pour lui. Arrêté en octobre 2022 dans le Sud de l’Iran alors qu’il était en train de vivre un tour du monde avec un visa tourisme et condamné en février 2024, il purge actuellement une peine de 5 ans pour «espionnage et complot contre la République islamique». Il est actuellement incarcéré dans la prison d’Evin dans l’aile des binationaux et des étrangers. Olivier Grandeau espère que sa liberté conditionnelle sera acceptée et que cette injustice cessera rapidement.
À Olivier Grandeau comme détenu français en Iran, s’ajoute également l’enseignante française Cécile Kohler et son compagnon Jacques Paris. Ces derniers sont incarcérés dans les geôles iraniennes depuis 2022.
Le Quai d’Orsay, de son côté, a convoqué l’ambassadeur d’Iran à Paris le vendredi 10 janvier dernier afin d’exiger la libération immédiate de ces trois Français encore détenus qu’il considère comme des «otages d’Etat». « Leur situation est insupportable, avec des conditions de détention indignes, qui, pour certaines, relèvent en droit international de la torture », a souligné le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Une montée de l’inquiétude au sein de la diplomatie française
Dans un contexte de reprise des discussions entre la République islamique, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne concernant le nucléaire, Paris a décidé de taper du poing sur la table face à Téhéran en évoquant désormais « l’avenir des sanctions » comme levier de pression afin de libérer ses trois ressortissants.
Il faut dire que chaque minute compte quand on voit la prix Nobel de la paix Narges Mohammadi s’inquiéter, le 8 janvier sur France inter, du sort de Cécile Kohler, disant que l’effet d’une détention de longue durée et le placement à l’isolement pouvaient « lui être fatale ». Le temps presse également quand on sait que le 9 janvier dernier, un ressortissant suisse s’est suicidé dans la prison iranienne de Semnan dans l’est du pays.
Une « diplomatie des otages » imposée par Téhéran
Les autorités iraniennes s’adonnent à de plus en plus d’arrestations arbitraires d’étrangers ces derniers temps. Utilisés comme monnaie d’échange, les détenus occidentaux peuvent faire pencher la balance des négociations diplomatiques, notamment (et surtout) sur le secteur nucléaire. Cette pratique s’est notamment accélérée après les retraits américains de l’accord sur le nucléaire en 2018 et 2022. Cette « diplomatie des otages » imposée par Téhéran touche directement la France qui reste une cible de choix pour eux.
En tant que membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, Paris fait partie intégrante des négociations sur le nucléaire iranien et sa voix dispose d’un poids non négligeable aux yeux de la communauté internationale. L’Iran se sert alors de l’arrestation de ressortissants français comme levier de pression auprès des autorités diplomatiques occidentales.
C’est dans ce contexte diplomatique délétère que le ministre de l’Europe et des affaires étrangers, Jean-Noël Barrot, a appelé les Français établis en Iran à quitter le pays en raison des risques d’arrestations arbitraires.