Dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24 juin, le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evgueni Prigojine, a défié Vladimir Poutine et l’état-major russe.
Après avoir pris le contrôle de la ville russe de Rostov, il a lancé une marche sur Moscou avant de rappeler ses troupes samedi soir, après un accord conclu avec le Kremlin par la médiation du président biélorusse Alexander Loukachenko.
L’ASFE revient sur la tentative de rébellion de Wagner avec Franck Ferrari conseiller des Français de l’étranger à Moscou.
Comment a été vécue l’annonce de la rébellion d’Evguéni Prigojine ?
L’annonce de la rébellion de Prigojine a été vécue par les Russes que sur les réseaux sociaux. En réalité, dans la ville notamment à Moscou, nous n’avons rien vu. Il n’y avait pas de barrage, pas plus de présence policière qu’habituellement. Je vous dirais presque que c’était une journée comme une autre à la différence que tout le monde était scotché à son téléphone portable sur les réseaux sociaux ou sur les boucles Telegram pour suivre l’avancée de la colonne de Wagner.
C’était une journée assez surréaliste : si vous n’aviez pas de téléphone, vous pouviez ne pas être au courant dans la capitale et cela n’a pas été relayé sur les chaînes nationales.
Quel impact cette crise a-t-elle eu sur Vladimir Poutine ?
Il est tôt pour savoir quelles seront les conséquences sur Vladimir Poutine : officiellement rien ne semble avoir changé, hormis l’annonce que la Russie a bien financé le groupe Wagner et l’arrivée de Prigojine en Biélorussie.
Vladimir Poutine s’est notamment rendu en Biélorussie et il multiplie les interviews à la télévision. Si l’onde de choc sera à mesurer dans les prochains mois, car le Kremlin a d’ores et déjà nié que le président russe sortait affaibli de cette crise. L’impact est cependant difficile à mesurer et à percevoir pour le moment.
Comment les Russes ont-ils vécu ces évènements ?
Comme je l’ai dit, si vous étiez à Moscou, c’était assez surréaliste de suivre la colonne de Wagner approchant Moscou seulement à travers les réseaux sociaux. Pour tous ceux qui vivent à travers le pays, ils ont pu l’apercevoir ou être les témoins de tentatives de travaux publics pour bloquer les routes. La seule chose réelle à Moscou est que le maire a décidé que ce lundi là serait chômé. Cela a fait rire jaune les habitants de Rostov et de Voronej, villes à l’ouest du pays dans lesquelles Wagner était bien présent.
Quelles sont les conséquences de cette rébellion sur le front en Ukraine ?
La rapidité de l’épisode de la rébellion : 36 heures, a empêché de pouvoir mesurer les conséquences rapides et directes sur le front, en tout cas sur les troupes russes. L’écho a été différent pour les ukrainiens qui espèrent y voir un effritement de la force russe.
Selon vous, que va devenir le groupe Wagner et quelles seront leurs missions désormais ?
Prigojine est désormais en Biélorussie : le groupe y sera désormais installé et va continuer d’après les annonces ses activités en Afrique et dans les autres pays. Cela reste à surveiller, notamment pour les Biélorusses qui se retrouvent avec un groupe armé sur leur territoire.
Franck Ferrari conseiller des Français de l’étranger à Moscou