L’eau figure au rang du sixième objectif de développement durable, qui vise un accès universel équitable à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement d’ici 2030, en particulier pour les populations vulnérables. Il appelle à une gestion durable de la ressource et intègre la notion de gestion transfrontalière de la ressource, essentielle à la gestion durable, mais également à la paix et à la coopération.
Derrière cette formulation se retrouvent en réalité tous les sujets et force est de constater que l’eau est surtout un facteur de guerre et beaucoup moins de paix. De nombreux conflits ont en effet pour origine l’accès à l’eau, même si d’autres facteurs peuvent intervenir, comme en Syrie ou au Darfour. L’accès à une eau potable est un sujet à la fois quantitatif et qualitatif. Le moins que l’on puisse dire est que les progrès sont lents, parfois même à rebours. En effet, le réchauffement climatique a évidemment un effet massif sur la disponibilité de l’eau douce et les conflits qui, en France, entourent la construction de méga bassines illustrent ce constat.
L’usage de l’eau doit être sobre, comme celui de l’énergie, et le partage de la ressource entre différents usages (consommateurs d’abord, agriculteurs, industriels ensuite) doit être équitable ; mais il est évident que la perte quantitative impose et imposera de plus en plus des changements de méthode. L’irrigation massive devient impossible et d’autres méthodes comme le goutte-à-goutte, des méthodes agronomiques plus sophistiquées doivent progressivement s’imposer.
Certes certaines cultures ne s’y prêtent pas, ce qui signifiera très probablement des changements dans les choix de semences. Mais la question n’est malheureusement pas seulement quantitative. Même s’il faut rappeler que près de 2 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, 4 milliards et demi n’ont pas accès à l’assainissement. L’eau potable est également un problème dans les pays industrialisés et la sécheresse fait désormais partie des problématiques européennes. La question est donc aussi qualitative.
À la pollution bactériologique liée à l’insuffisance des réseaux d’assainissement et au manque d’hygiène s’ajoute une pollution chimique dont les effets délétères apparaissent de manière croissante. De nombreux produits sont progressivement interdits, notamment des pesticides, mais leur présence dans l’eau peut durer des dizaines d’années après l’interdiction. Il en va ainsi notamment de l’atrazine. De plus, le progrès des connaissances scientifiques conduit à des découvertes alarmantes. Ainsi, la découverte des PIFAS, qualifiés de polluants éternels, dont les effets cancérigènes sont établis, pose de nouveaux problèmes d’élimination. Et que dire des résidus médicamenteux et des micro plastiques qui ont des effets délétères sur la faune piscicole comme sur la santé humaine.
En bref, l’humanité est très loin d’avoir atteint l’objectif de l’ODD 6 sur l’eau. La détérioration de la situation internationale comme de la situation climatique font craindre le pire. En effet, sans eau, pas de vie, pas d’alimentation, pas de biodiversité. Certains qualifient l’eau « d’or bleu du XXIème siècle ». Ils ont probablement raison et il n’est pas certain que les technologies de dessalement de l’eau de mer et/ou de réutilisation des eaux usées comme c’est le cas en Australie, parviennent à compenser les manques d’eau croissants.
D’une part, ce sont des techniques coûteuses inatteignables pour les pays du Sud. Sauf dans le cas où les entreprises acceptent d’investir. Ainsi, certains projets de fabrication d’hydrogène à partir de l’hydrolyse, situés dans des pays du Sud, et contraints d’utiliser l’eau de mer par dessalement, se donnent-t-il comme objectif d’alimenter bien au-delà de leurs propres besoins.
D’autre part, en fonction des effets du dérèglement climatique, des solutions d’économie et peut-être de transfert d’eau devront être analysées. Quoi qu’il en soit, le sujet de l’eau, qui est totalement liée à celui du dérèglement climatique, est un sujet majeur du XXIe siècle.
Merci, Madame Lepage, d’insister sur le fait que l’usage de l’eau doit être sobre.
Dans le contexte que vous décrivez, les « soft drinks » et leur emballage plastique ne sont-ils pas une aberration? Ils consomment énormémént d’eau pour leur production, aggravent les problèmes de santé (carries dentaires, obésité, diabète) et sont une énorme source de pollution. Leur prix pèse aussi sur le budget de ménages modestes où leur consommation est devenue routinière, pour toutes sortes de raisons, dont bien sûr la publicité. Il me semble que limiter la consommation de ces produits (par des taxes ou en communiquant sur les problèmes sanitaires et environnementaux qu’ils causent) serait dans l’intérêt public.
C’est sans doute un tout petit aspect du problème que vous exposez, mais quand je vois les rayons de ces produits en grande surface, je ne peux m’empêcher de penser qu’ils occupent une place excessive et surtout délétère dans nos achats.
Merci de votre attention.
Claudine Gaidoni
Que voulez-vous faire dans un monde ou la corruption et le profit sont maîtres? Sans parler du niveau de conscience général au ras des pâquerettes! L’humanité finira par disparaître de par son impact néfaste et inconscient sur ses divers environnements! Ayant détruit, en une trentaine d’années, près de 70% des espèces qui partageaient notre environnement, croyez-vous que l’humain va changer subitement sa façon de se comporter ? Il ne le fera que contraint et forcé lorsqu’il sera trop tard et devra subir les dégats engendrés par ses parents, grands-parents et lui-même!
Excellent ! Maître LEPAGE vous êtes tpujours en avance sur les questions environnementales.
Vous êtes très respectée en Bretagne depuis votre valeureux combat après la catastrophe écologique de l’A1moco Cadix.
J’aimerais vous interviewer sur ce dossier à Bruxelles ou à Paris pour faire passer votre message et votre combat.
Bien cordialement,
Odile HARVEY MEAR
RAFIO NORD BRETAGNE et RADIO PAYS DE LEIN.
Peu de commentaires sur ce sujet! Les français de l’étranger sont plus préocupés par les nouvelles taxes que veut imposer le Roi Macon et son gouvernement sur les résidences secondaires que sur leur environnement dont ils n’éprouvent, pour la plus grande part, aucun intérêt du moment que les rayons de leurs supermarchés préférés ne désemplissent pas et que leurs médias nationaux les rassurent ou les alarment avec des sujets souvent sans intérêt voire abêtissants!