Lors de la crise sanitaire, à défaut d’une aide destinée aux entrepreneurs français à l’étranger, ces derniers ont pu bénéficier dans certains pays des dispositifs de Proparco. L’ASFE revient sur cette institution financière de développement et sur les produits financiers qu’elle propose.
Proparco : bras armé de l’Agence français de développement (AFD) dédié au secteur privé
C’est en 1977 que la Caisse centrale de coopération économique (CCCE, devenue l’AFD en 1998) créée sa filiale la Société de promotion et de participation pour la coopération économique (Proparco). Une institution financière entièrement dédiée au financement du secteur privé au sein « des pays du champ ». Chargée d’une mission d’intérêt général, la PROPARCO concentre ses actions sur les secteurs clés du développement afin de renforcer la contribution du secteur privé à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD). À cet égard, elle finance des projets portés par le secteur privé, ayant un impact significatif sur le développement local. Et apporte une expertise française aux acteurs engagés dans une trajectoire d’optimisation de leurs performances sociales et environnementales. Les capitaux investis doivent contribuer aux objectifs généraux pour le développement durable définis dans le cadre des politiques publiques nationales et internationales.
Vers une autonomie de la gouvernance et de l’actionnariat de la Proparco
À sa création l’Agence Française de Développement était l’actionnaire principal, elle en était détentrice à 100%. Elle constituait alors une petite entité de capital-risque dotée d’une mission d’intérêt général. En 1991, Proparco change de statut. Proparco va progressivement acquérir une autonomie vis-à-vis de l’AFD. Elle voit d’une part l’extension progressive de son périmètre d’intervention géographique. Aujourd’hui Proparco participe au financement et à l’accompagnement d’entreprises et d’établissements financiers en Afrique, en Asie, en Amérique latine ou encore au Moyen-Orient.
Elle va alors diversifier ses outils financiers, son périmètre géographique d’intervention, cela lui permet de dégager des marges commerciales croissantes et par conséquent d’abandonner le recours aux ressources concessionnelles à la fin des années 1990.
Proparco diversifie son actionnariat en ouvrant son capital à des acteurs privés. L’AFD perd son monopole. La société est alors transformée en société financière à part entière. Elle est aujourd’hui l’une des principales institutions européennes de financement du développement (IEFD), forte d’un capital social de 984 millions d’euros. Elle est aujourd’hui l’une des principales institutions européennes de financement du développement (IEFD), forte d’un capital social de 984 millions d’euros.
La gouvernance de Proparco est sous la direction de Françoise LOMBARD. La direction générale élabore et propose la stratégie de la société ; elle supervise la réalisation des objectifs assignés. Le Conseil d’administration, présidé par Rémy RIOUX (Directeur général de l’Agence française de développement), détermine les principales orientations stratégiques de Proparco et veille à leur mise en œuvre.
La gouvernance de la Proparco repose sur un ensemble de structures qui garantissent la transparence de son fonctionnement et de sa bonne gestion.
Initialement conçues comme le bras armé de l’AFD dans le cadre de la politique de coopération au développement au sein de la zone franc, ces mutations vont permettre à Proparco d’acquérir une autonomie et d’intervenir en fonds propres, en prêts et garanties, ainsi qu’à travers des prestations d’expertises et de conseil dans le cadre des projets qu’elle finance.
Les acteurs ciblés par Proparco
Proparco appuie le développement d’entreprises et d’institutions financières actives sur les secteurs clés du développement, il s’agit aussi bien des acteurs locaux, des entreprises de droit locales que des entreprises françaises implantées dans les pays du Sud ou qui souhaitent y développer des filiales.
L’objectif de Proparco est de pallier les lacunes des systèmes financiers locaux qui ne sont pas toujours en mesure d’offrir des financements adaptés aux besoins de leurs économies.
Toutefois cette action est soumise aux respects des principes qui régissent le système financier ; le principe subsidiarité et d’additionalité.
D’une part en vertu du principe de subsidiarité, Proparco doit être en mesure de répondre à la plupart des besoins de financement qui ne seraient pas couverts par les acteurs privés. À cet égard Proparco doit remplir cet objectif sans provoquer de distorsion de marché ou d’effets d’éviction des acteurs financiers privés, notamment des banques commerciales locales et internationales. En outre elle intervient à des conditions aussi similaires que possible à celles du marché, sans subventions ou élément de concessionnalité. Proparco intervient en ce sens en déployant une gamme complète d’instruments financiers, du prêt senior aux fonds propres en passant par l’obligation convertible ou la garantie.
D’autre part en vertu du principe d’additionnalité les interventions de Proparco sont tenues de contribuer à des avancées concrètes en matière de développement durable dans les pays du Sud.
Moyens employés pour le financement des projets
Proparco propose plusieurs catégories de produits financiers qui couvrent l’essentiel des besoins de financements du secteur privé dans les pays en développement et émergents tels que:
DES PRÊTS À LONG TERME
Proparco propose des prêts (3 à 100 M€), en devise ou en monnaie locale, à des entreprises et des institutions financières sur des durées longues (jusqu’à 20 ans), avec un différé de remboursement du capital lorsqu’il se justifie.
Elle offre des solutions globales de financement, pouvant atteindre des montants importants grâce à des mécanismes de co-financement avec ses partenaires, notamment européens (FMO, DEG).
DES FONDS PROPRES POUR LA CROISSANCE
Proparco peut également mobiliser une large gamme d’instruments de haut de bilan :
- Prises de participation minoritaires directes ou indirectes (via des fonds d’investissement) ;
- Prêts subordonnés ou participatifs ;
- Comptes courants d’actionnaires ;
- Obligations convertibles ou remboursables en actions, etc.
- Obligations vertes en devise étrangère.
Ces fonds offrent aux entreprises des possibilités pour accéder à des fonds propres, indispensables à leur développement, ainsi qu’à un accompagnement rapproché dans la définition de leur stratégie, l’amélioration de leur gouvernance et l’accès à des réseaux professionnels internationaux.
DES GARANTIES POUR DYNAMISER LES MARCHÉS FINANCIERS
Proparco peut apporter une garantie de solvabilité ou de liquidité. Cette garantie peut prendre des formes variées et avoir différents types de sous-jacents : prêt en devise ou en monnaie locale, emprunt obligataire, OPCVM coté sur un marché financier, etc
Ainsi, par sa signature Proparco facilite la mobilisation de ressources auprès de banques ou de souscripteurs institutionnels, et peut agir sur la profondeur et la liquidité des marchés financiers.
DES FINANCEMENTS EN MONNAIE LOCALE
Ce mode de financement est destiné aux entreprises de petites tailles qui ne disposent pas de revenus en euro ou en dollar. Il permet de réduire leur exposition au risque de change susceptible de les fragiliser, Proparco a recours aux marchés financiers qui proposent des instruments de couverture sur les principales devises (peso mexicain, rand sud-africain, roupie indienne…) ou au fonds multi-bailleurs Currency Exchange Fund (TCX). Ce fonds lui donne accès à des produits de couverture de change pour des devises moins courantes.
L’offre d’expertises proposées
- Expertise multi-sectorielle & géographique
- Réseau international de clients et de partenaires
- Capacité à structurer des projets complexes
- Maîtrise des risques (financiers, environnementaux, sociaux)
- Accompagnement vers de meilleures pratiques environnementales et sociales
Les secteurs d’intervention clé du développement ciblé par Proparco
- Agriculture et agro-industrie
- Banques et marchés financiers
- Microfinance
- Entrepreneuriat
- Industrie
- Infrastructures, énergie, télécom, transport, eau et assainissement
- Secteur manufacturier
- Santé
- Éducation
- Tourisme et immobilier
Affirmation d’un tropisme africain
Malgré l’extension de son champ d’intervention géographique au reste des pays du Sud, le continent africain demeure au cœur des priorités. Proparco accompagne ses clients dans 53 pays du continent et est implanté localement via 6 bureaux de représentation en Afrique, organisés en hubs régionaux.
La priorité africaine a été réaffirmée dans la nouvelle stratégie de Proparco. De nombreux projets ont été élaborés depuis 2019. Parmi lesquels, l’initiative Choose Africa, portée par le groupe AFD et pilotée par Proparco, œuvre au soutien de l’entrepreneuriat africain (start-up, TPE, PME).
À la fin de l’année 2021, 3 milliards d’euros ont été engagés en faveur des TPE et PME africaines, dont 780 millions d’euros dans le cadre du volet « Résilience », lancé en réponse à la crise de Covid-19. Au total, 26 000 entreprises bénéficieront de l’initiative Choose Africa, et près de 1,5 million d’emplois (directs et indirects) seront soutenus.
Aujourd’hui, l’action de Proparco en Afrique se concentre sur les secteurs clés du développement : les infrastructures avec un focus sur les énergies renouvelables, l’agro-industrie, les institutions financières, la santé, l’éducation. En outre ses interventions visent à renforcer la contribution des acteurs privés à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), adoptés par la communauté internationale en 2015.
Proparco apporte une garantie importante à ces clients grâce à l’offre ARIZ, qui est un dispositif de partage des risques proposé par l’AFD aux institutions financières pour couvrir 50 % à 75 % d’un prêt individuel ou un portefeuille de prêts aux PME et aux institutions de microfinance (IMF). L’objectif de la garantie ARIZ est de permettre aux institutions de financement d’octroyer des crédits aux TPE/PME en leur donnant accès à des financements garantis.
Car les petites et moyennes entreprises (PME) constituent l’essentiel du tissu économique dans les pays en développement et émergent. Pour créer et développer leur activité, elles ont besoin de ressources financières, à moyen et long terme. Mais elles souvent perçues comme une clientèle risquée, leur accès au financement reste très limité.